L'actualité des villes du futur
« Nous pourrions essayer de concevoir un modèle de métropoles radicalement autre. » Annalee Newitz
Métropolisation du monde
Le futur est dans la ville. En 2022, 56 % de la population mondiale, soit environ 4,4 milliards d’habitants, vivaient en milieu urbain. Cette tendance, si elle se maintenait, ferait que d’ici 2050, 7 personnes sur 10 seront citadines.
Cette concentration humaine est source de richesse économique et culturelle, mais induit évidemment des risques, des fragilités, des inégalités parfois extrêmes. Elle est aussi génératrice d’effets environnementaux indésirables. La Banque mondiale estime que les villes représentent actuellement près des 2/3 de la consommation mondiale d’énergie et 70 % des émissions planétaires de gaz à effet de serre. Responsable certes, mais aussi victime de l’accélération des changements environnementaux, en particulier climatiques, caractéristiques de l’anthropocène.
Ainsi s’impose la nécessité d’adapter les grands ensembles urbains à ces défis environnementaux. Certaines métropoles sont menacées par la montée des eaux océaniques. D’autres – parfois les mêmes – sont menacées par les accidents climatiques extrêmes, précipitations massives génératrices d’inondations brutales, canicules, voire simplement augmentation soutenue des températures moyennes impactant violemment populations et infrastructures urbaines. À ces défis vient s’ajouter la gestion du risque sanitaire : qualité et disponibilité de l’eau, risque épidémique, maladies liées à la pollution. L’« exposome urbain » reste à appréhender dans sa globalité, sans parler des altérations de la biodiversité microbienne, animale et végétale.
Ces pressions environnementales, devenues globales – à des degrés variables – à l’échelle planétaire, sont aussi de puissants révélateurs et moteurs d’inégalités, que ce soit dans une seule et même ville où elles creusent un fossé entre populations aisées et populations marginalisées ou entre des villes situées sur des continents et dans des contextes socioéconomiques différents. L’urbanisation galopante est ainsi principalement portée par la poursuite du développement en Afrique et en Asie.
Les politiques de la ville devront tenir compte de ces exigences d’adaptation, à l’intersection des impératifs socio-économiques, environnementaux, climatiques et sanitaires, pour bâtir un espace urbain résilient et accueillant pour tous. Elles pourront s’inspirer d’exemples d’adaptabilité de métropoles soumises de longue date aux excès climatiques. L’acceptabilité sociale et économique des adaptations indispensables à la conception de la ville du futur est un autre défi pour les politiques urbaines à venir.
À l’heure actuelle, les aires urbaines n’occupent que 3 % de la surface terrestre, mais elles émettent environ 70 % des gaz à effet de serre.
Rapport d'information fait au nom de la délégation sénatoriale à la prospective sur les villes du futur, Par M. Jean-Pierre Sueur.
Une sélection d'articles pour en savoir plus sur les villes du futur :
À quoi donc ressemblera la ville du futur ?
Et si la ville du futur donnait l'impression de ressembler à celle du Moyen-Âge
Dans la période de grandes turbulences qui nous attend, les villes et les territoires vont devoir aussi s'adapter. Or, beaucoup des chantiers en cours apparaissent comme la perpétuation de politique obsolète (l'exemple du Grand Paris étant le plus marquant en France), fruits d'egos surdimensionnés et d'ambition urbaine du siècle précédent.
La forme géométrique qui minimise les flux physiques locaux s’appelle la ville dense, avec ses lieux d'échange (· de biens : marché, · de connaissances : écoles, · de valeurs : lieu de culte, · de règles de vie en commun : palais, mairie ou préfecture) situé au centre de la ville, et la population "tassée" à distance marchante autour de ces lieux." Jean-Marc Jancovici
Balades dans les villes bioniques
Inspiré par le biomimétisme, Vincent Callebaut conçoit ses projets pour être éco-responsables, s'inspirant des écosystèmes naturels.
L'architecte belge envisage l'avenir en promouvant la mixité des programmes et la réintégration de la nature au cœur des villes. Il aspire à équilibrer le patrimoine historique avec des constructions durables, travaillant avec des technologies émergentes et des partenaires internationaux pour accélérer l'innovation. Il cherche aussi à répondre aux besoins contradictoires des citadins contemporains, alliant connectivité et proximité avec la nature.
L'urbanisme aquatique, comme ces Nymphéas, projet d'une « écopôle flottante multiculturelle dont le métabolisme serait en symbiose parfaite avec les cycles de la nature», anticipe le réchauffement climatique et la montée des eaux. Atlantis et Utopia n'en ont pas fini de se réinventer.
Un projet de cité flottante au large de Busan
Comme nous sommes convaincus que les océans ne sont pas uniquement des lieux à exploiter, mais aussi des "bons lieux" pour vivre, voilà un projet passionnant de cité flottante au large de Busan, ville côtière de Corée du Sud, qui sera « capable de résister aux tempêtes et de s’élever au même niveau que la mer en cas de montée des eaux ».
« Des panneaux photovoltaïques, ainsi que des serres qui peuvent s’étendre et se contracter au fil du temps en fonction des besoins » compléteront le tableau. OCEANIX Busan disposera en outre de « six systèmes » en circuit fermé, à la fois « verts » et résilients : « zéro déchet et systèmes circulaires ; systèmes d’eau en boucle fermée ; alimentation [durable] grâce à une agriculture urbaine innovante ; bilan énergétique nul ; mobilité innovante ; régénération de l’habitat côtier ».
Nous suivrons ce projet innovant avec intérêt. La construction de cette première ville flottante en Corée commencera en 2023 et devrait être prête vers 2035.
« Il est impossible de résoudre les problèmes du présent avec les outils du passé. Nous devons trouver des solutions innovantes aux défis mondiaux », a notamment déclaré la directrice exécutive d'ONU-Habitat, Maimunah Mohd Sharif
Rêve de villes lunaires
Rêve de villes martiennes
Les archéologues du futur ne retrouveront aucune trace de nos bâtiments actuels
Recouverts ou non par les eaux, ensevelis ou non par le sable, il y a de grandes chances que les archéologues du futur ne retrouvent aucune trace de nos bâtiments actuels. En revanche, il leur restera des traces de ceux d'hier, les pyramides, les cathédrales qui étaient alors édifiées pour durer dans le temps, et dans l'absolu pour l'éternité puisqu'il s'agissait d'édifices religieux. Les Romains de l'antiquité construisaient aussi des bâtiments pour durer, l'empire avait une pérennité et des dirigeants prévoyants...
L'obsolescence programmée n'avait pas encore été inventée.
Points de vue :
"L’ambition affichée de pays d’être à la pointe du développement urbain durable à travers des projets pilotes ne doit pas faire oublier que le plus grand enjeu est la ville existante. C’est, comme on le dit habituellement, la reconstruction de la ville sur la ville", comme le souligne Nicolas Samsoen.
Focus : la tendance dominante de l’urbanisation : la ville étalée, et la forme urbaine alternative : la ville compacte.
« Les villes sont l'incarnation concrète de la force de travail humaine. Elles déroulent des expériences sociales jamais parachevées. Dans mille ans, nous continuerons d'expérimenter la ville. » Annalee Newitz