Les limites de la croissance
Parcours des enjeux écologiques #3/5
L'héritage du Rapport Meadows
Les Limites à la croissance (dans un monde fini) (The Limits to Growth) — connu sous le nom de Rapport Meadows, du nom de ses principaux auteurs, les chercheurs Donella Meadows et Dennis Meadows — est un rapport commandé par le club de Rome et publié en 1972. C'est une des références des débats et critiques qui portent sur les liens entre conséquences écologiques de la croissance économique, limitation des ressources et évolution démographique. À sa publication, le livre avait connu un succès retentissant, mais de courte durée, compte tenu du manque d’intérêt de la société de l’époque pour les préoccupations écologiques et environnementales.
Le bilan, 50 ans après le rapport Meadows :
Le texte suivant - à télécharger - pose les enjeux d'un débat public - 50 ANS APRÈS LE RAPPORT MEADOWS, PEUT-ON CHANGER DE PARADIGME ? - Chambres d’agriculture France (APCA) :
Quelques clés extraites du discours de Sandrine Dixson-Declève, présidente du Club de Rome :
- Pour préserver l'humain, se rappeler que la nature fait partie de nous.
- Changer de logiciel : Bonheur / bien être versus PIB. Des indicateurs quantitatifs de bien être à mettre en avant.
- Changer les rapports au pouvoir / la tyrannie du profit à court terme / l'arrogance masculine - une formule : ECO vs EGO
- Antidote au désespoir et feuille de route pour les temps très incertains, "Earth for all" est dans la continuité du célèbre rapport Meadows, "Les limites de la croissance". Cinquante ans après, toujours sous l'égide du Club de Rome, un groupe de scientifiques et d'économistes de premier plan propose deux scénarios et cinq changements de cap radicaux pour parvenir, en une seule génération, à un état de prospérité partagée sur la Terre. Ce livre est paru le 4 octobre 2023 en français chez Actes Sud.
Réactualisées, les projections des courbes à la fin du millénaire dessinent toujours le scénario d'un effondrement
« À 8 milliards, se remettre dans un système compatible avec les limites de la planète ne pourra se faire sans un effort de tous, y compris des classes populaires. Certes, les plus riches devront donner l’exemple et être sur le front, pas à l’arrière, mais tout le monde va devoir faire des efforts. » Entretien donné au Figaro par Jean-Marc Jancovici :
« De manière un peu désabusée, on pourrait dire que toutes les COP qui ont précédé (la COP25) n’ont servi à rien. [...] La puissance publique, la puissance privée, les particuliers ont chacun des possibilités d’agir. L’ONU ne fait qu’entériner ce que ces trois corps ont déjà décidé par ailleurs. » [...] Le mécanisme d'adoption des accords par consensus (règle onusienne) cale par construction les engagements sur le seuil collectif de moindre douleur. Une COP sert essentiellement à entériner des décisions déjà prises par les pays pour des raisons domestiques. Le début de l'histoire se joue au sein des nations, et par exemple chez nous. »
« Un "saut intellectuel" est à faire consistant à se préparer à un monde de demain très différent de celui d'aujourd'hui. Ce concept est crucial, car il implique la nécessité de repenser nos modes de vie et de gouvernance pour anticiper les changements à venir. » Jean-Marc Jancovici
Pourquoi n'avons-nous rien fait ?
Aujourd'hui, en plus des préoccupations écologiques et environnementales, s'ajoute la bataille contre le changement climatique. Mais on parle du changement climatique depuis plus de 30 ans.
« Tout dépend peut-être du patrimoine évolutionnaire de l'espèce et de notre capacité à penser et à agir de manière responsable pour s'adapter à une nouvelle réalité : la nôtre. Avons-nous ce qu'il faut, l'avons-nous fait à temps ? Je l'espère, mais je suppose que nous le verrons bientôt. » Adam Frank, astrophysicien à l'Université de Rochester.
L’évolution humaine contre le réchauffement climatique
Sur la voie qui mène à la résolution de la crise climatique, il pourrait bien se dresser un obstacle inattendu. Des experts suggèrent en effet que des aspects de l’évolution humaine qui nous ont conduits à dominer la Terre pourraient désormais nous empêcher de relever les défis environnementaux mondiaux comme le changement climatique.
Extraits de l’interview de l'auteur de SF Peter Watts dans Bifrost N°93 :
Watts explique que la conscience n’est pas rationnelle, car elle fait intervenir les centres cérébraux de l’émotion. Sa thèse est qu’elle est devenue, sur le plan évolutif, contre-productive depuis que l’homme a cessé de juste survivre à son environnement pour finir par le dominer.
"Au fond de ma tête, il y avait cet espoir que la trilogie Rifteurs puisse être un élément, si petit soit-il, d’un mouvement pour changer effectivement le monde. [...] Depuis, j’en suis venu à penser que l’ignorance est moins à blâmer que la pure stupidité. Tout comme notre tendance instinctive à ignorer superbement les conséquences futures de nos actions et l’incapacité de notre cerveau à passer outre nos tripes. Vous pouvez montrer aux gens ce que l’avenir nous réserve, ils pourront même vous concéder quelques arguments (après des décennies de mépris et de déni) : ils ne feront rien pour changer les choses. Nous savons mais le fait est que nous n’en avons rien à foutre".