La croissance infinie

La croissance infinie

Pour que la Terre reste un monde vivable pour les générations futures. #1/8

En contrepoint de nos thématiques de science-fiction, nous proposons une revue de presse qui aborde les enjeux de durabilité à travers huit instantanés des actualités de 2023 et 2024 (du monde réel).


La biosphère et la technosphère incarnent deux dimensions interdépendantes de notre planète : l'une, naturelle et vivante, l'autre, artificielle et façonnée par l'humanité.

La biosphère englobe tous les écosystèmes de la planète et est caractérisée par la présence de la vie. Elle représente l'ensemble des interactions entre tous les organismes vivants et leur environnement sur Terre.

La technosphère est un concept utilisé pour évaluer l'empreinte physique de l'humanité sur la planète. Elle représente l'ensemble des constructions technologiques (systèmes techniques) et des objets fabriqués par l'homme (artefacts), ainsi que leur interaction avec l'environnement. Ces objets reposent sur l'exploitation de métaux, y compris les fameuses "terres rares", qui sont chimiquement des métaux, et sur la chimie organique (isolants, plastiques, huiles, etc.), issue du pétrole et du gaz.

La technosphère est une sphère artificielle qui s'est développée à partir de la biosphère. Elle n'a pas de limites physiques clairement définies et son existence est étroitement liée à celle de l'humanité. Son poids a été mesuré à environ 30 000 milliards de tonnes en 2020, à comparer avec le poids du vivant, estimé à 550 milliards de tonnes.

L'humanité n'a beau représenter que 0,01 % de la masse de tous les organismes vivants, aucune autre espèce n'exerce une influence aussi importante sur notre planète.  Ce sont les zones urbaines qui représentent la plus grande part des modifications physiques de l'environnement : environ le tiers de la masse totale, soit un peu plus de 11 billions de tonnes. Les estimations calculées par les géologues tiennent également compte de l'ampleur des fonds marins chalutés, des terres épuisées et des sols érodés - autant de signes de l'impact considérable des activités humaines sur la planète bleue.

La technosphère tend à se développer sous l'effet de l'innovation technologique, de la croissance démographique, de l'urbanisation, des changements de mode de vie et du développement économique.

C'est la seule "sphère" qui accumule des déchets. Elle n'a d'ailleurs pas le même statut que l'atmosphère, l'hydrosphère ou la lithosphère qui sont des systèmes naturels de la Terre ayant évolué sur des échelles de temps géologiques.

Il y a un immense puits de carbone que nous ne soupçonnions pas, mais il est à manier avec prudence
Pour nous aider à limiter le réchauffement climatique anthropique résultant de nos émissions de gaz à effet de serre, nous allons avoir besoin de compter sur des puits de carbone. Ces systèmes…

Les chercheurs de l'université de Groningue proposent d'allonger la durée de vie des produits, de renforcer le recyclage et de limiter les rejets pour réduire les flux de carbone fossile.


« Aujourd'hui, si la technosphère poursuit son développement, ce n'est pas parce que l'humanité choisit et contrôle cette évolution, mais parce que de nouvelles innovations technologiques utiles font leur apparition. On assiste désormais à une co-évolution des systèmes humains et technologiques. » Jan Zalasiewicz
L’insoutenable poids de la technosphère
En un clignement d’œil géologique, une nouvelle sphère est apparue, qui évolue à vive allure. Elle pèse 30 000 milliards de tonnes. Son nom : la technosphère. Elle comprend aussi la masse de CO2 émise par l’industrie dans l’atmosphère qui équivaut, à elle seule, à quelque 150 000 pyramides d’Égypte…

Par le géologue Jan Zalasiewicz


Les innovations technologiques façonnent les outils et infrastructures qui soutiennent le développement du numérique. Elles transforment les comportements, les capacités cognitives et physiques, ainsi que les structures sociales. Parallèlement, les humains adaptent ces technologies en fonction de leurs besoins en constante évolution. Par exemple, l'intelligence artificielle redéfinit les méthodes de travail, tandis que les outils numériques influencent profondément nos modes de réflexion et d’apprentissage.

« Ayons l'ambition de nous éduquer au numérique afin de comprendre qu'il se révèle plus complexe qu'on ne le croit lorsqu'on envoie un like entre deux smartphones. Ce dernier requiert des data centers, des réseaux énergétiques, des routes, des câbles et peut être même bientôt des satellites. » 
La face cachée du numérique selon Guillaume Pitron (vidéo) - Natura Sciences
Guillaume Pitron signe une nouvelle enquête extrêmement documentée. Intitulé “L’enfer numérique : voyage au bout d’un like”, l’ouvrage révèle que le digital a un coût écologique important malgré son apparence dématérialisée. Pour Natura Sciences il raconte son livre et ces enjeux.

Sortir d'un modèle qui pollue

A l’image des énergies fossiles, les minerais les plus utilisés au monde sont tous surexploités. Un constat qui remet profondément en cause les perspectives d’une croissance verte fondée sur les nouvelles technologies.

« Il faut garder le numérique uniquement dans les fonctions essentielles », estime Aurore Stéphant
À l’occasion de la journée de l’USI (Unexpected Sources of Inspiration), Aurore Stéphant, spécialiste des risques environnementaux et sanitaires des filières minérales pour le compte de l’association SystExt a tenu un discours poignant sur la catastrophe qui se joue dans […]

Aurore Stéphant, ingénieure géologue minier, nous parle d'extraction minière et de la matérialité du numérique :

Métaux rares : “On ment aux jeunes générations”
Notre croissance repose sur le métal, mais les mines s’épuisent et polluent toujours plus… La spécialiste Aurore Stéphant tire la sonnette d’alarme.

Aurore Stéphant : Ingénieure géologue minier, spécialisée dans les risques environnementaux et sanitaires des filières minérales.

Dé-numérisation, dés-électrification.

« Et pourquoi pas ? Aujourd'hui, on n'ose pas parler de décroissance. Mais si la décroissance nous permettait de mieux vivre que nos grands-parents ? Ce n’est pas un gros mot. Selon moi, la décroissance, c’est simplement regarder en face la façon dont les générations précédentes ont vécu, avec une industrie agroalimentaire qui pollue, une industrie chimique qui pollue, une industrie minière qui pollue, des émissions de gaz à effet de serre, de l’air pollué, de l’eau polluée – et dire : « on veut vivre mieux que ça. ». S’il faut passer par la décroissance pour sortir de ce modèle, très bien ! » Aurore Stéphant

La nécessité d’une gestion durable des métaux

Notre croissance est matériellement fondée sur les métaux, utilisés de manière intensive pour créer les infrastructures, les bâtiments et les objets de notre vie quotidienne. Or les stocks de métal extractible sur terre ne sont pas infinis.

« Le besoin en métaux va être multiplié par cinq d’ici à 2050. On va extraire autant de métaux dans les trente prochaines années que ce que l’humanité a extrait jusqu’à présent. C’est vertigineux. »
«On va extraire autant de métaux dans les trente prochaines années que ce que l’humanité a extrait jusqu’à présent»
La géologue Marieke Van Lichtervelde alerte sur les dégâts environnementaux causés par l’industrie minière nécessaire au monde numérique.

Le taux de recyclage des matériaux de haute technologie reste moins que 1 %.

Le texte qui suit est à télécharger. C'est un résumé du livre « Quel futur pour les métaux ? », écrit par Benoit de Guillebon et Philippe Bihouix (EDP Sciences, 2010).

A l'issue d'une analyse approfondie et documentée, prenant en compte les enjeux techniques, économiques, sociaux et environnementaux de la raréfaction des métaux, les auteurs mettent à mal les mythes de l'abondance, de la croissance verte et d'une technologie forcément salvatrice.

« Il faut être bien conscient que, comme les ressources énergétiques fossiles, les ressources métalliques sont non renouvelables. Or, le développement économique des pays émergents a amené une croissance sans précédent de la demande. Un alignement de la Chine et de l’Inde sur les modes de vie européens conduirait à un nouveau doublement. »
« Face à ces enjeux, les acteurs politiques et économiques doivent prendre conscience de la nécessité d’une gestion durable des métaux. Il leur faudra communiquer sur cette problématique et préparer la société à une évolution vers une économie de ressources à moyen terme différente de notre économie de consommation et de profit court terme. »

Les défaillances de l’économie de marché sont nombreuses.

La très grande majorité des pays a adopté l’économie de marché -même ceux politiquement illibéraux ou dictatoriaux et donc a priori peu enclins à accorder la liberté économique. Le marché stimule l’innovation et la création de valeur et a permis au niveau de vie de l’humanité d’augmenter considérablement ces deux derniers siècles.

Le prix Nobel Jean Tirole, en marge du Sommet du Bien commun organisé avec Challenges, pousse un cri d'alarme sur les "très graves défaillances de l'économie de marché".

https://www.challenges.fr/common-good-summit/jean-tirole-il-faut-sauver-le-bien-commun_766188

Common Good Summit - 13 et 14 juin 2024
Le Common Good Summit, organisé par Challenges, TSE et Les Echos Le Parisien Evénements se tiendra les 13 & 14 juin 2024.

"Les défaillances de l’économie de marché sont nombreuses, notamment de l’inégalité des chances à la destruction de notre environnement, des comportements anti-concurrentiels aux atteintes à notre vie privée, des crises économiques aux faillites bancaires … Bien que la plupart de ces défaillances ne soient pas spécifiques à l’économie de marché (pensons aux régimes communistes du 20e siècle), elles sont très graves et il est essentiel d’y pallier." Jean Tirole


Des perspectives divergentes de croissance économique

La crise écologique a engendré un débat intense opposant les défenseurs de la décroissance à ceux prônant la post-croissance ou la croissance verte. Différents camps s'affrontent sur les priorités à privilégier, les politiques à mettre en œuvre et les transformations nécessaires pour répondre à cette crise globale.

- pour les uns, la baisse du PIB est une condition nécessaire à la préservation de l'environnement, et doit donc être poursuivie comme un but en soi.
- d'autres - bien plus nombreux - considèrent que croissance économique et préservation de l'environnement sont compatibles, et doivent l'être.

Le texte suivant est à télécharger :

« Comme cela est suggéré par le Rapport Pisani-Ferry et Mahfouz, une hausse des prélèvements fiscaux pourrait être décidée, afin de financer les quelque 66 milliards d’€ annuels que requière la transition écologique... Or, seulement 8 milliards d’euros sont pour le moment budgétés. » En France, comme ailleurs, le financement de la transition écologique semble se heurter de plein front à la dure réalité du manque d'investisseurs, de l'inflation et du contexte de guerres.

Sur une Terre marquée par une pression croissante des activités humaines, la croissance a-t-elle un avenir ?

  1. La Décroissance
  2. La Post-Croissance
  3. La Croissance Durable
  4. L'Effondrement
  5. La Croissance Technosolutionnisme

[moins de croissance, - de technologies, - de marchés] : une décroissance volontaire pour réduire la consommation et la production

1 - La Décroissance : La décroissance est un mouvement qui encourage une réduction volontaire de la production et de la consommation pour limiter l'empreinte écologique, réduire les inégalités sociales et promouvoir un mode de vie plus durable. Ses défenseurs considèrent qu'une croissance économique infinie est incompatible avec les limites des ressources de la planète et nuit à son équilibre. Ils proposent une réduction de la consommation de biens matériels, une transition vers des économies locales, et une réduction du temps de travail pour améliorer la qualité de vie.

L'avis de Philippe Bihouix, ingénieur, et de Timothée Parrique, économiste :

« Entre produire plus et polluer moins, il va falloir choisir. Si une voiture fonce à pleine vitesse vers un mur, le premier réflexe est de freiner avant de comprendre ce qui nous a menés au risque d’accident. La situation est similaire : il faut d’abord freiner l’économie (produire et consommer moins) pour avoir un effet réel et rapide sur l’empreinte écologique. Il faudra aussi réformer le PIB et les autres indicateurs de performance économique afin d’éviter d’autres accidents dans le futur. »
Décroissance ou progrès technologiques, d’où viendra le salut ?
Deux camps s’affrontent. Ceux qui prônent la décroissance et le changement radical de mode de vie et de production. Et ceux qui misent tout sur le progrès techn
« Il est plus facile d’envisager la fin du monde que la fin de la croissance. On a du mal à envisager la décroissance, car ce n’est pas un processus naturel dans notre modèle de pensée. » Timothée Parrique est économiste, auteur de Ralentir ou périr, l’économie de la décroissance (Seuil, 2022).

Une transition vers la post-croissance pour reprendre le contrôle de nos systèmes économiques

2 - La Post-Croissance : La post-croissance, parfois qualifiée de croissance décarbonée, propose une transition vers une économie où la croissance économique n’est plus l’objectif principal. Plutôt que de chercher une expansion constante de la production, la société post-croissance privilégie le bien-être, la qualité de vie et la durabilité. Cette approche repose sur une meilleure répartition des ressources, une focalisation sur des priorités non économiques comme la santé, l’éducation et la justice sociale, tout en tenant compte des limites planétaires.

Pourquoi parle-t-on de post-croissance ? : épisode • 4/4 du podcast Croissance, post-croissance, décroissance
AUDIO • 4/4 : Pourquoi parle-t-on de post-croissance ?. Croissance, post-croissance, décroissance est une série inédite proposée par France Culture. Écoutez gratuitement en ligne ce podcast et parcourez tout notre catalogue.

On écoutera avec intérêt l'avis de l'économiste Éloi Laurent qui nous parle de santé et d'économie du bien-être :


[croissance, technologies, marchés] : le pari de la croissance durable

3 - La Croissance Durable : La croissance durable vise à concilier développement économique, protection de l'environnement et bien-être social à long terme. Elle repose sur des pratiques économiques respectueuses de l'environnement et bénéfiques pour la société, soutenues par des politiques, réglementations et investissements dans des technologies durables. La croissance verte s'inscrit dans cette logique, en contribuant à maintenir un équilibre entre ces trois dimensions fondamentales.

Le livre "L'effondrement du monde n'aura probablement pas lieu" de Antoine Buéno examine les scénarios possibles d'une catastrophe écologique, tels que le réchauffement climatique, la raréfaction des ressources, la crise alimentaire et le stress hydrique. L'auteur se positionne entre les collapsologues, qui prédisent un effondrement inévitable, et les techno-optimistes, qui croient en la capacité de la technologie à résoudre ces problèmes.

Antoine Bueno rejette la décroissance comme solution pérenne, soulignant que la croissance économique a permis d'améliorer le niveau de vie de l'humanité. Nous mesurons aujourd'hui les méfaits d'une croissance simplement ralentie. L'emploi s'étiole, les investissements ralentissent. Selon lui, une décroissance volontaire n'est pas crédible sur le plan économique, car cela entraînerait une fuite des capitaux, l'autarcie et une catastrophe sociale. « Un système en décroissance ne fait plus se rencontrer l'offre et la demande, il n'y a plus de marché. Et donc, il n'y a plus de système prix. Cela aboutit à une économie planifiée. C'est à dire, ce qui a été mis en œuvre après la révolution de 1917 dans le bloc de l'Est. » Au lieu de cela, Antoine Bueno propose de parier sur une croissance durable. Cependant, il souligne que le chemin vers une telle croissance est étroit et que l'humanité ne peut être certaine d'y parvenir, en particulier face à l'urgence climatique.

Climat, natalité... Dix raisons pour lesquelles l’effondrement n’aura (sans doute) pas lieu
Auteur de ”<i>L’effondrement du monde n’aura probablement pas lieu”,</i> le prospectiviste Antoine Buéno donne aux lecteurs de L’Express des raisons pour garder espoir.

Pour L'Express, Antoine Buéno donne dix raisons de garder espoir. [Article complet réservé aux abonnés]

Nous sommes face à une sérieuse crise de croissance de l'humanité. Mais dans quelques décennies, trois révolutions technologiques pourraient nous faire passer à l'étage supérieur : la fusion nucléaire, qui pourrait produire une quantité phénoménale d'énergie à partir d'une ressource première (le deutérium et le tritium) disponible sur Terre en quantité quasi illimitée et sans presque générer de déchet, la géo-ingénierie pour capter le carbone dans l'air, et enfin le space mining. Ces technologies pourraient signifier un nouvel âge d'or de notre espèce, avec une croissance infinie basée sur des ressources elles aussi infinies. En attendant, il va falloir tenir face au réchauffement climatique, c'est-à-dire effectuer la transition le plus rapidement possible." Antoine Bueno
La dictature verte
Climatoscepticisme, collapsologie, survivalisme ou encore éco-anxiété, on ne compte plus les symptômes de la panique écologique. Elle va jusqu’à faire germer l’idée chez certains qu’il faudrait mettre en place une dictature verte dans notre société.

Avec Antoine Bueno, essayiste, conseiller au Sénat auprès de la Commission du développement durable et de la Délégation de la prospective.

« Le chiffon rouge de la dictature est au bout de la course si on ne mène pas la transition ». Antoine Bueno

[croissance, technologies, marchés] : c'est bientôt fini ?

4 - L'Effondrement : L'effondrement désigne l'idée selon laquelle le réchauffement climatique et d'autres pressions environnementales pourraient entraîner la désagrégation de notre société. Certains experts et penseurs craignent que ces enjeux deviennent incontrôlables, provoquant des crises économiques, sociales et politiques de grande ampleur. Ils se basent sur des données du GIEC, de l'IPBES, de l'OMM et sur des études publiées dans des revues scientifiques telles que Nature et Science. Cette hypothèse alimente également des discussions sur les mesures à prendre pour éviter ou limiter un tel scénario.

Biodiversité en déclin, réchauffement climatique, pénurie de ressources : tous les indicateurs sont au rouge. Cela a donné naissance à un courant de pensée : la collapsologie. Pour les collapsologues, et en particulier Yves Cochet, notre civilisation industrielle se dirige droit vers la catastrophe. Les prochaines décennies seront marquées par une succession de crises mondiales sans précédent et une baisse significative de notre niveau de vie. Selon eux, la décroissance sera à la fois involontaire et inévitable. En fin de compte, l'effondrement entraînerait la destruction des structures matérielles de la société, notamment le système industriel productiviste et ses chaînes logistiques.

Ils sont de plus en plus nombreux, souvent alimentés par les nombreuses théories du complot, les collapsologues, ce sont ces personnes qui croient en la théorie de l'effondrement global et systémique de la civilisation industrielle, considéré comme inéluctable.

La collapsologie, la théorie de l’effondrement
Ils sont de plus en plus nombreux, souvent alimentés par les nombreuses théories du complot, les collapsologues, ce sont ces personnes qui croient en la théorie de l’effondrement global et systémique de la civilisation industrielle, considéré comme inéluctable.

[plus de croissance, + de technologies, + de marchés] : non stop !

5 - La Croissance Technosolutionnisme : Le technosolutionnisme est une approche qui favorise la résolution des problèmes par le biais de la technologie et de l'innovation. Les partisans de cette vision estiment que le progrès technique permettra de développer des technologies plus propres et plus efficaces, telles que les énergies renouvelables, le stockage d'énergie avancé, la capture et le stockage du carbone, etc. L'idée sous-jacente est que la croissance économique peut se poursuivre tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre.

D'où ça sort le technosolutionnisme ?

Ce terme vient de L'Université de Stanford, au Sud de San Francisco dans la Silicon Valley, là où on forge les esprits à changer la face du monde. C'est de l'émulation de ces cerveaux qu'est venue l'idée que la technologie pourrait un jour sauver le monde.

La notion de solutionnisme technologique s’est imposée en 2014 dans le débat public, sous la plume du chercheur américain d’origine biélorusse Evgeny Morozov. Dans son ouvrage Pour tout résoudre, cliquez ici (FYP éditions, 2014), l’auteur met en lumière les impensés des projets prométhéens des entrepreneurs californiens du numérique qui ambitionnent de « réparer tous les problèmes de monde », selon les mots de l’ex-dirigeant de Google Eric Schmidt, en 2012. En plaçant l’individu au centre des enjeux, leur optimisme technologique piloté par les lois du marché conduit à occulter les causes sociales et politiques des problèmes, affirme Morozov.

Si l’expression est récente, les travaux d’une nouvelle génération d’historiens des sciences et techniques montrent que la fascination à l’égard de l’innovation technologique est bien antérieure à la création de l’Internet.

« Le technosolutionnisme est ancré dans une vision du monde portée par deux siècles de théorie économique selon laquelle le marché et l’innovation pourraient nous permettre de dépasser les limites environnementales », affirme l’historien François Jarrige, auteur d’On arrête (parfois) le progrès. Histoire et décroissance (L’Echappée, 2022).

Crise climatique : préservez-nous du technosolutionnisme !
Face à la dégradation critique de la situation environnementale, dont nous connaissons les symptômes — dérèglement climatique, effondrement de la biodiversité, pollution des terres et mers — mais aussi les causes — émission de gaz à effets de serre, surexploitation et surconsommation, destruction de…
« Croire que tout est perdu, ou croire que la technologie va nous sauver, ce sont deux solutions également commodes, qui l’une et l’autre nous dispensent d’agir. » Cédric Villani

Les limites de la croissance
Pour que la Terre reste un monde vivable pour les générations futures. #2/8 L’héritage du Rapport Meadows Les Limites à la croissance (dans un monde fini) (The Limits to Growth) — connu sous le nom de Rapport Meadows, du nom de ses principaux auteurs, les chercheurs Donella Meadows et Dennis

Pour une autre Terre #2/8