Qui sauvera la planète ?

Qui sauvera la planète ?
@AFP - L’incendie de forêt qui ravage de vastes zones au nord d’Athènes et menace désormais la capitale grecque. 12/08/2024

Pour que la Terre reste un monde vivable pour les générations futures. #7/8


Défis économiques et environnementaux de l'Europe

"C'est une illusion que de penser que les États-Unis, bâti sur l'immensité, l'abondance de ressources, et la prédation brutale, va devenir le leader de la décarbonation dans le monde." *

Pour autant, l'Europe n'a de toute façon pas d'autre choix que de se décarboner. L'Union produit 3% de son pétrole, 10% de son gaz et 50% de son charbon. Pour les 3 combustibles fossiles, nos importations - donc l'approvisionnement - sont déjà contraintes à la baisse depuis 2007 (et ça va continuer). Comme nous n'avons pas le choix, c'est en faisant les choses les plus intelligentes en la matière que, par ailleurs, nous prenons le meilleur pari d'être imités et d'avoir des marchés ailleurs. Nous n'avons pas non plus d'autre choix que nous "adapter" à un climat qui va continuer à changer." *

Depuis 2007, l'Europe produit et transporte de moins en moins de biens physiques, une tendance qui se poursuit. De plus, la population en âge de travailler recule, pratiquement de 0,5% par an, et l’Europe a perdu de la productivité depuis 2017. Les deux explications pertinentes et conformes aux faits du décrochage du niveau de la productivité du travail en Europe sont l’insuffisance de l’investissement en nouvelles technologies (ordinateurs, intelligence artificielle, logiciels, etc.) et le faible niveau des dépenses en recherche et développement. Un phénomène qui n’est donc pas lié à la crise du Covid. À ce sombre tableau s’ajoute l’évolution du pouvoir d’achat des Européens : les projections montrent que d’ici 2050, le poids de l’Europe dans l’économie mondiale va s’effondrer.

En Europe, la réduction de l'activité "physique" impactent les revenus et les recettes fiscales. Tandis que certains plaident pour une baisse du PIB, la majorité cherche des moyens de concilier croissance économique et durabilité environnementale, mais il y a d'autres alternatives à l'obsession monolithique de la croissance comme l'économie du Donut (ou comment créer de la valeur économique en respectant un plancher social acceptable et un plafond environnemental soutenable), l'économie du bien-être, etc. Les travaux académiques foisonnent dans le champ de la post-croissance.

Nous attendons encore la formation politique qui aurait proposé aux dernières élections législatives françaises (de 2024) un programme orienté vers la bioéconomie, la décarbonation de l’économie, la justice sociale et le bien-être, sans oublier l’excellence éducative et le progrès. Malheureusement, il est à noter que la productivité, la compétitivité, l’innovation, la réindustrialisation et l’autonomie stratégique n'ont pas été davantage abordés. Ces questions sont pourtant essentielles pour permettre à l'Europe et à la France de demeurer des acteurs majeurs dans un XXIe siècle de tous les dangers.

« Être "ministre écolo des finances" peut-il être autre chose qu'une quadrature du cercle ? Post de Jean-Marc Jancovici *

Le marché ne sauvera pas la planète

Les économistes doivent être formés à ces enjeux environnementaux et être capables d'intégrer les connaissances scientifiques dans leurs analyses. L'approche traditionnelle du marché ne peut résoudre ces défis actuels, car elle ne tient pas compte des limites planétaires et favorise l'exploitation des ressources. Des mesures publiques fortes et coordonnées sont nécessaires pour contraindre les activités économiques et protéger l'environnement.

Le marché ne sauvera pas la planète
En 1972, le rapport Meadows nous alertait déjà sur l’insoutenabilité environnementale de notre régime de croissance du fait des coûts en termes de pollution et d’épuisement accéléré des ressources

Repenser les relations entre sphère publique et intérêts privés, tout en impliquant activement les populations dans les décisions qui les concernent.


Un récit politique alternatif trace son sillon

Les livres sur la crise climatique et l’anthropocène se multiplient comme des petits pains. À raison : aucun sujet n’est aussi brûlant que celui-là. "Qui sauvera la planète ?" de Nathanaël Wallenhorst réussit à tirer son épingle du jeu en abordant la question sur un plan politique. Quels sont les discours et les stratégies concrètes adoptés par les différents régimes de la planète pour lutter contre cet horizon mortifère ? Matthieu Girou, MARIANNE

Nous avons modifié de façon durable les conditions d'habitabilité de la Terre pour l'ensemble du vivant et ainsi grandement fragilisé la vie en société. L'auteur décrypte les récits politiques du temps présent qui font chacun le lit possible de l'échec démocratique et/ou de l'échec écologique : le récit mensonger, selon lequel nous ne serions pas sûrs que le changement climatique soit d'origine humaine ; le récit bisounours, qui fait reposer un changement global sur la conversion à l'écologie de chaque citoyen ; le récit californien, qui fait miroiter un salut technoscientifique (géo-ingénierie, captation carbone, colonisation de Mars, transhumanisme) ; le récit chinois, selon lequel la fin justifierait les moyens ; en France tout particulièrement, le « récit pervers » d’Emmanuel Macron qui met en place la Convention citoyenne pour mieux sombrer dans l’inaction politique.

Malgré leurs divergences, les récits portés par la Chine, la Californie et les démocraties libérales partagent un point commun : la primauté accordée à l’économie. La préservation de la planète pourrait bien nécessiter de rompre avec ce paradigme.

L’abondance selon Nathanaël Wallenhorst | Fondation d’entreprise Pernod Ricard

Les six grands récits qui s'opposent pour essayer d'analyser la question climatique

Invité du jour - Environnement : “Face à l’urgence climatique, il faut repenser l’expérience démocratique”
“Qui sauvera la planète ?” : c’est la question que pose Nathanaël Wallenhorst dans son dernier livre. Le chercheur, maître de conférences à l’Université catholique de l’ouest, tente de comprendre quels…

Demain ne sera pas dans le prolongement d'aujourd'hui. La clé : repenser l'expérience démocratique.


L'incrémentalité radicale pour faire face aux défis

Une équipe internationale de chercheurs, principalement affiliée à l'Université d'État de l'Oregon, propose une approche novatrice pour répondre aux défis du changement climatique, de la perte de biodiversité et des inégalités sociales. Leur stratégie repose sur le concept d'« incrémentalité radicale », visant à opérer des transformations profondes grâce à des étapes progressives et réalisables. Ils priorisent l'équité sociale et économique ainsi que la durabilité environnementale, en remettant en question les modèles actuels et en préconisant une réduction de la consommation des ressources primaires pour limiter les pressions sur la planète. Les chercheurs imaginent un futur fondé sur l'équité, la résilience et le bien-être social, tout en rejetant le modèle de croissance économique perpétuelle. Ils insistent sur la nécessité d'une transformation globale des systèmes économiques, sociaux et énergétiques pour répondre efficacement au réchauffement climatique.

Des chercheurs présentent une solution audacieuse au changement climatique, à la perte de biodiversité et à l’injustice sociale
Des chercheurs proposent une approche globale pour le climat, alliant justice sociale et durabilité, basée sur 500 ans de données historiques.

La COP28 à Dubaï

Les combustibles fossiles, à savoir le charbon, le pétrole et le gaz, sont responsables de plus de 75% des émissions mondiales de gaz à effet de serre d'après les Nations Unies. Pour la première fois, les pays du monde entier avaient approuvé lors de la COP28 à Dubaï un compromis historique ouvrant la voie à l'abandon progressif des énergies fossiles, malgré de nombreuses concessions aux pays riches en pétrole et en gaz. Le texte adopté par consensus n'appelle cependant pas directement à la sortie des énergies fossiles.

"On ne peut pas s'attendre rationnellement à ce que les investisseurs inversent le phénomène alors qu'ils essaient de maximiser leurs profits", lance Ipek Ozkardeskaya, de chez Swissquote.

De fait, les majors pétrolières britanniques Shell et BP ont rétro-pédalé ces derniers mois sur certains objectifs climatiques. Pour l'analyste, tant que les "coûts financiers des dommages climatiques ne dépassent pas les bénéfices", la solution ne pourra pas venir de l'économie. "Seuls des changements réglementaires concrets, radicaux et mondiaux ayant des conséquences financières significatives (...) pourraient orienter les capitaux vers les énergies propres et durables", affirme-t-elle.28 à Dubaï un compromis historique ouvrant la voie à l'abandon progressif des énergies fossiles, malgré de nombreuses concessions aux pays riches en pétrole et en gaz. Le texte adopté par consensus n'appelle cependant pas directement à la sortie des énergies fossiles.

"On ne peut pas s'attendre rationnellement à ce que les investisseurs inversent le phénomène alors qu'ils essaient de maximiser leurs profits", lance Ipek Ozkardeskaya, de chez Swissquote.

De fait, les majors pétrolières britanniques Shell et BP ont rétro-pédalé ces derniers mois sur certains objectifs climatiques. Pour l'analyste, tant que les "coûts financiers des dommages climatiques ne dépassent pas les bénéfices", la solution ne pourra pas venir de l'économie. "Seuls des changements réglementaires concrets, radicaux et mondiaux ayant des conséquences financières significatives (...) pourraient orienter les capitaux vers les énergies propres et durables", affirme-t-elle.


Fin du monde et petits fours

Qu’ils continuent à voyager en jets privés sans se soucier de la planète ou se procurent des bunkers de luxe pour se préparer à « l’effondrement », les ultra-riches sont régulièrement pointés du doigt pour leurs comportements. Salvateur ?

Le politiste Edouard Morena publie aux éditions La Découverte "Fin du monde et petits fours", une enquête foisonnante sur les (riches) promoteurs du « capitalisme vert  », qu’il analyse comme un « projet politique taillé sur mesure pour garantir les intérêts de classe [des élites] dans un monde en surchauffe ».
« Les ultra-riches qui s’engagent pour le climat cherchent avant tout à préserver leur pouvoir »
Le politiste Edouard Morena publie aux éditions La Découverte Fin du monde et petits fours, une enquête foisonnante sur les (riches) promoteurs du « capitalisme vert », qu’il analyse comme un « projet politique taillé sur mesure pour garantir les intérêts de classe [des élites] dans un monde en surc…

L'espoir des ultra-riches réside dans le bunker

"Il est de plus en plus apparent que les privilégiés — et ceux disposant des moyens d’agir — ont décrété que la planète était irrécupérable et ils dépensent des fortunes à bâtir des bunkers." Extrait de l’interview de Peter Watts dans Bifrost N°93
Mark Zuckerberg dépense 250 millions d’euros pour se protéger de l’apocalypse, le bunker de luxe fait polémique
Une enquête révèle le projet fou de Mark Zuckerberg : un bunker luxueux coûtant des dizaines de millions de dollars survivre à la fin du monde.

C'est l'élevage qui sauvera la planète !

Le professeur Alan Savory, écologue et pionnier de la gestion moderne du pâturage, souligne l'importance cruciale des animaux dans la survie de l'humanité pour l'alimentation, l'énergie, le travail du sol et la fertilisation des terres. Il préconise une approche intégrée de l'agriculture qui reconnaît le lien étroit entre les animaux et les sols.

La spécialisation de l'agriculture, encouragée depuis les années 60, a conduit à des problèmes environnementaux tels que la pollution par les nitrates dans les cours d'eau. Les détracteurs de l'élevage prônent souvent une solution simpliste consistant à réduire ou éliminer complètement l'élevage pour résoudre ce problème. Cependant, cette approche ignore les conséquences néfastes telles que l'utilisation accrue d'engrais chimiques et de pesticides, ainsi que la dégradation des sols.

L'abandon de l'élevage au profit d'une alimentation exclusivement à base de plantes annuelles, comme les céréales, pourrait entraîner une diminution de la fertilité des sols et des impacts environnementaux désastreux.

La solution proposée par Savory est la polyculture-élevage, qui intègre la culture de céréales avec l'élevage d'animaux, en utilisant les déjections animales comme fertilisant naturel. Cette approche favorise la durabilité environnementale, économique et sociale de l'agriculture, tout en assurant la sécurité alimentaire pour tous.

C’est l’élevage qui sauvera la planète !
Pierrick Berthou, paysan à la ferme de Poulfang, à Quimperlé, dans le Finistère, analyse les bienfaits de l’élevage pour la culture des sols.

THIS IS THE END

Shaka Ponk solde son bilan carbone et s’autodétruit à l’Accor Arena de Paris
Après vingt ans de carrière, le groupe de rock Shaka Ponk tire sa révérence pour rester en accord avec ses convictions environnementales

Le groupe Shaka Ponk s’autodétruit comme prévu à l’Accor Arena de Paris
Après vingt ans de carrière, le groupe de rock Shaka Ponk tire sa révérence pour rester en accord avec ses convictions environnementales

Shaka Ponk, 2004-2024. Ci-gît le groupe d’électro rock déjanté, ce samedi… à l’Accor Arena de Paris. Après une folle tournée baptisée The Final F*cked Up Tour, la formation s’autodétruit. « Extinction de l’espèce », avait-elle annoncé en dévoilant les soixante dates de ses ultimes concerts, après 20 ans d’une carrière électrisante et sept albums. Dont acte.


La bande dessinée écolo essaierait-elle de sauver la planète ?

Enquête, témoignage, anticipation... Auteurs et autrices de bande dessinée s'emparent des questions environnementales et mobilisent le neuvième art pour tenter de toucher tour à tour la raison et le cœur des lecteurs. À Angoulême, pendant le festival, deux prix consacrent ces créations.

« La bande dessinée a la capacité de faire des récits d’enquête accessibles et palpitants, de réduire la distance entre des sujets vertigineux et nous, lecteurs ». Amélie Mougey
Festival de BD d’Angoulême 2024. La bande dessinée écolo essaierait-elle de sauver la planète ?
Enquête, témoignage, anticipation... Auteurs et autrices de bande dessinée s’emparent des questions environnementales et mobilisent le neuvième art pour tenter de toucher tour à tour la raison et le cœur des lecteurs. À Angoulême,…
Renaissance : 6 tomes pour sauver la Terre
Entre catastrophes climatiques, guerres et épidémie, la planète bleue est en phase de devenir un cimetière. Pourtant, alors que le monde s’embrase, des vaisseaux extraterrestres font irruption dans l’atmosphère. Une coalition alien, qui a décidé de placer l’humanité sous tutelle afin d’éviter l’extinction de toute vie sur la planète. Pour Swänn, originaire de la planète Näkän, qui s’est porté volontaire afin de faire partie de l’opération Renaissance, le choc des cultures est rude.
Entretien. La technologie sauvera-t-elle la planète ? CHARLIE HEBDO - Mis en ligne le 13 décembre 2023 · Paru dans l'édition 1638 du 13 décembre 2023Entretien. La technologie sauvera-t-elle la planète ? CHARLIE HEBDO - Mis en ligne le 13 décembre 2023 · Paru dans l'édition 1638 du 13 décembre 2023

"La planète est foutue, quoi qu’on fasse, d’où ce raisonnement (des ultra-riches) : pourquoi réduire notre marge de profit avec la réduction des émissions de carbone si celle-ci ne retarde l’apocalypse que d’une semaine ou deux ?" Extrait de l’interview de Peter Watts dans Bifrost N°93

Un XXIe siècle de tous les dangers
Pour que la Terre reste un monde vivable pour les générations futures. 8/8 « Le réel est méchant. Il entrave le désir. Résiste aux fantasmes. Détruit les chimères. Réfute les idéologies. Son retour brutal réveille les somnambules. » Un désastre que nous avons créé : l’Amazonie est dévastée, l’équivalent de

Pour une autre Terre #8/8