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Bienvenue sur notre site « Inventer l'avenir - La SF creuset du futur ? »
Ici, nous abordons des thématiques qui nous passionnent concernant le futur et les scénarios prospectifs :
- Semailles humaines
- Intelligence Artificielle
- Villes du futur
- Avenir résilient
Les Actualités du site se déclinent en trois formats de publication :
- Article : des textes avec des éclairages de livres, films ou séries pour revisiter les classiques de la science-fiction ou des oeuvres plus récentes.
- Article approfondi : des textes plus développés, qui analysent les enjeux soulevés par la science-fiction et les imaginaires qu’elle mobilise.
- Entretien : nos articles nous amènent à interroger des experts : chercheurs, auteurs, enseignants, géographes, urbanistes, entrepreneurs… Tous intéressés par la science-fiction et par les projections qu’elle donne à imaginer pour le futur de nos sociétés, nos villes, nos technologies.
Comme on l’a vu en introduction, la SF influence l’innovation, mais invente-t-elle l’avenir ?
À en juger par les thématiques dominantes de la science-fiction contemporaine, il est difficile de répondre par l'affirmative. Les histoires du futur finissent (ou plutôt commencent) généralement mal : fin du monde, surpopulation, désastres climatiques et environnementaux, guerres, totalitarismes triomphants, effondrement de la civilisation ou pionniers fuyant les ruines de la Terre. En les lisant, nous sommes comme suspendus au moment du Jugement dernier.
Il est vrai aussi que toute narration se nourrit d’adversité et de dangers à surmonter, de héros aux prises avec des forces qui les dépassent. Un futur paradisiaque et radieux, où tous les problèmes seraient résolus, ne donne prise à aucun récit. Il serait de surcroît peu crédible compte tenu des crises et dangers auxquels notre monde est confronté. En définitive, les innombrables risques qui menacent notre survie planétaire constituent des matrices narratives extrêmement intéressantes pour la SF.
Dans le même temps, le tropisme de la SF pour l’aventure interplanétaire, extraterrestre, fondateur du genre, oriente spontanément les auteurs vers des scénarios de fuite : exodes vers des arches spatiales, conquête de systèmes stellaires lointains. Si bien que le genre investit assez peu l’imaginaire de la résilience, l'invention de nouvelles écologies, de solutions scientifiques inouïes, mais qui garderaient les humains sur Terre.
Or, l'humanité n'aura probablement pas les moyens d'habiter à l'air libre une autre planète de type terrestre dans un avenir proche. C’est donc bien de cette fiction de la résilience écologique dont nous avons besoin pour imaginer une Terre vivable pour les prochaines générations. Hormis quelques romans comme "Un psaume pour les recyclés sauvages" de Becky Chambers ou "Ecotopia" d'Ernest Callenbach, force est de constater que la science-fiction contemporaine ne nous offre pas vraiment cette perspective.
Faut-il se contenter des multiples fictions d'adaptation sur les planètes, satellites ou autres corps de notre système solaire ? Certainement pas. Les tribulations d'une poignée d'humains sur la Lune ou sur Mars, dans des cités troglodytiques ou des habitats semi-enterrés, même si ce scénario peut correspondre à un avenir plausible, ne font pas rêver tous les amateurs du genre. Et pour cause : il y a dans le contrat de lecture de la SF une notion particulière : le « sense of wonder », assez difficile à définir. Pour ma part, une analogie me vient à l’esprit : le sense of wonder est à la SF ce que le swing est au jazz, une pulsation captivante, un émerveillement de l’imagination face à un worldbuilding étourdissant.
La force de la science-fiction réside aussi dans sa capacité à saisir quelque chose de l'air du temps : parler de notre réalité à travers l'exagération d'une situation future potentielle, pour nous tendre un miroir et offrir une réflexion sur nos propres représentations du monde. Le futur des années 1950, c'était le nucléaire ; aujourd'hui, c'est le péril climatique et écologique ; demain, avec l'intelligence artificielle, ce sera peut-être la singularité technologique. Si ces récits reflètent nos angoisses et nos peurs, faut-il pour autant bannir les dystopies ? Sûrement pas.
Certains auteurs ne se contentent pas d'alerter : ils proposent des solutions concrètes. Actions monétaires, financières, industrielles ou agricoles, tout est mis en œuvre dans le roman de Kim Stanley Robinson, Le Ministère du Futur, pour actionner les leviers de l'atténuation du réchauffement climatique, mais aussi pour repenser le rapport que l'humain entretient avec le vivant et la nature.
Les promesses technosolutionnistes, souvent déconnectées des réalités politiques et écologiques, sont nombreuses : la fusion nucléaire, qui promet une énergie quasi inépuisable ; la supraconductivité à température ambiante ; le captage massif du CO₂ ; des implants cérébraux capables de remplacer nos smartphones ; ou encore des androïdes conçus pour satisfaire notre paresse ou nos désirs les plus triviaux. Et pourquoi ne pas imaginer, comme dans Ubik de Philip K. Dick, une porte d'entrée insolente qui parle et refuse obstinément de s'ouvrir quand on veut simplement rentrer chez soi ?
Dans un monde où les technologies progressent aussi vite que les crises se multiplient, quel avenir nous attend ? Des lendemains qui chantent, une transition vers la décroissance, ou un effondrement total ?
Nous n’en savons rien.
En revanche, la SF projette de nombreux scénarios du futur, des mondes durables, souhaitables, des dystopies à éviter : à nous de repérer ceux qui donnent envie de les réaliser.
Pour en savoir plus sur la SF :
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