Villes, science-fiction et sciences sociales

Villes, science-fiction et sciences sociales
Illustration @ Christopher Foss

Depuis la fameuse Metropolis de Fritz Lang jusqu'à la cité-planète de Coruscant dans Star Wars, en passant par les mégalopoles étouffantes de Soleil vert ou Blade Runner, les villes du futur, réelles ou imaginaires, semblent concentrer les maux : démesure et surpopulation, violence et oppression, pollution et ghettoïsation, surveillance et contrôle…

La science-fiction aurait-elle peur des villes ? N'y aurait-il de salut que dans leur destruction ? Telles sont les interrogations soulevées par Alain Musset, géographe à l'Institut Universitaire de France, qui nous livre un ouvrage référencé et engagé : Station Metropolis direction Coruscant : villes, science-fiction et sciences sociales (2019) - Les éditions du Bélial.

"En s’appuyant sur une culture cinématographique et livresque proprement effrayante, notamment en ce qui concerne l’univers de Star Wars, le chercheur s’intéresse à la représentation des cités dans les œuvres de SF, depuis ses origines jusqu’à nos jours. Armé de sciences sociales, l’amateur éclairé de SF dresse des parallèles judicieux entre l’évolution observée de nos villes actuelles vers des monstres tentaculaires, où les quartiers réservés côtoient les bidonvilles, et les villes imaginaires. Ces dernières peuvent être réinventées, comme le Londres de H.G. Wells ou le Los Angeles de Ridley Scott, ou créées de toutes pièces, comme la Metropolis de Fritz Lang et la Coruscant de George Lucas – les exemples sont nombreux ; toutes trouvent racine dans le présent. La cité est par essence une construction politique, et il est saisissant de constater que le regard que porte la science-fiction sur la ville du futur est résolument dystopique. La ville y est toujours sale, polluée, surpeuplée, ségréguée, violente et contrôlée. En quatre grands thèmes – croissance géographique, fragmentation sociale, violence et surveillance –, le livre d’Alain Musset dresse une cartographie sombre et quelque peu déprimante de la ville, au présent comme au futur. S’il existe en SF des utopies citadines, l’auteur ne les mentionne pas. Mais en existe-t-il ? Quoi qu’il en soit, l’ouvrage décrypte les images de la science-fiction par le langage de la science. L’une et l’autre s’alimentent et projettent un éclairage aussi terrifiant que fascinant sur le monde qui nous attend." FEYDRAUTHA, in Première parution : 1/1/2020 dans Bifrost 97 Mise en ligne le : 21/12/2023
Analyse des grandes villes de science-fiction avec Alain Musset
Dans ce podcast, Alain Musset, géographe et directeur d’études à l’EHESS, analyse les grandes villes de la science-fiction.

Si vous voulez en savoir plus sur ce livre, on vous recommande la lecture de l'article de La Bibliothèque d'Aelinel :
Station Métropolis, Direction Coruscant d’Alain Musset
Quatrième de couverture : Depuis la fameuse Metropolis de Fritz Lang jusqu’à la cité-planète de Coruscant dans Star Wars, en passant par les mégalopoles étouffantes de Soleil vert ou Blade R…

Villes et science-fiction : rencontre avec Alain Musset


Les villes de SF, prochain arrêt Metropolis

L’importance de l’imaginaire et des œuvres de fiction dans la construction de l’image de la ville. Comment sont représentées les villes dans les dystopies ? Sur quel schéma ces villes sont-elles bâties ? D’où vient cette idéologie anti-urbaine ?

Les villes de SF, prochain arrêt Metropolis
L’importance de l’imaginaire et des œuvres de fiction dans la construction de l’image de la ville. Comment sont représentées les villes dans les dystopies ? Sur quel schéma ces villes sont-elles bâties ? D’où vient cette idéologie anti-urbaine ?

Avec Natacha Vas-Deyres Chercheuse associée de l’université Bordeaux Montaigne, spécialiste de la littérature d’anticipation et Alain Musset Géographe, membre de l'Institut Universitaire de France


Les villes de SF sont des villes cyberpunk majoritairement... parfois utopique avec le hopepunk, souvent "from scratch" et reconstruites sur les ruines de la civilisation après la catastrophe.

Un podcast avec François Houste, interviewé par Camille Tabart :


Il existe de nombreux livres de science-fiction qui présentent des villes du futur. Voici quelques chefs-d’œuvre à lire et à relire :

  1. "Le monde inverti", de Christopher Priest. « J'avais atteint l'âge de mille kilomètres. De l'autre côté de la porte, les membres de la guilde des Topographes du Futur s'assemblaient pour la cérémonie qui ferait de moi un apprenti. Au-delà de l'impatience et de l'appréhension de l'instant, en quelques minutes allait se jouer ma vie ». Helward Mann est l'un des habitants de la cité Terre, une mégalopole progressant sur le sol inconnu d'une planète effrayante. Il ne sait rien de l'extérieur et doit maintenant jurer qu'il ne révélera jamais ce qu'il y découvrira. Mais le long des rails qui mènent à l'optimum, Helward découvrira un monde dominé par le chaos et la barbarie, des paysages déformés, éclairés par l'hyperbole du soleil. C'est avec ce roman, où se mêlent sense of wonder et spéculations scientifiques, que Christopher Priest s'imposa en 1974 comme l'un des plus talentueux auteurs de la science-fiction britannique.
  2. "La ville est un échiquier", de John Brunner. Une mégalopole surgie du néant au milieu d'une région primitive de l'Amérique Centrale. Elle est l'orgueil des architectes, des urbanistes et des promoteurs du monde entier. Pourtant, il semble que, toute prestigieuse et toute géniale qu'elle soit, elle pose encore bizarrement quelques problèmes de circulation. D'où la mission confiée à Boyd Hakluyt. Une mission qui, peu à peu, prend une tournure meurtrière et ressemble à un gigantesque piège. Pourquoi ? Pour quel enjeu ? Pour servir quelle fallacieuse politique ?
  3. "La Cité et les Astres", d'Arthur C. Clarke. Selon la légende, d'immenses villes auraient fleuri à la surface de la Terre et les hommes auraient jadis conquis les étoiles. Puis les envahisseurs sont venus, laissant l'Humanité exsangue, confinée sur sa planète natale. Pendant des millénaires, la cité de Diaspar a servi de refuge aux rares rescapés. Une prison dorée, close sur elle-même, sagement gérée par un ordinateur omnipotent. Dix millions d'habitants y naissent et y renaissent artificiellement, sans jamais vraiment mourir... Jusqu'à l'apparition d'un être unique, Alvin.
  4. "L'Homme dans le labyrinthe", de Robert Silverberg. « Muller vivait depuis neuf ans dans le labyrinthe. Maintenant, il le connaissait bien. Il savait ses pièges, ses méandres, ses embranchements trompeurs, ses trappes mortelles. Depuis le temps, il avait fini par se familiariser avec cet édifice de la dimension d'une ville, sinon avec la situation qui l'avait conduit à y chercher refuge ».
    Tous les hommes qui avaient tenté de pénétrer dans le labyrinthe de Lemnos avant Muller étaient morts d'une façon atroce. Tous ceux qui avaient essayé de l'y rejoindre par la suite avaient été massacrés. Aujourd'hui, Ned Rawlins a reçu l'ordre de ramener Muller sur la Terre, sa planète natale. Qui, neuf ans auparavant, l'a impitoyablement chassé...
  5. "Vue en coupe d'une ville malade", Serge Brussolo. Villes malades où des ordinateurs s'affrontent en combats souterrains à coups de munitions humaines. H.L.M. de cauchemar dont les locataires nus et armés de rasoirs semblent condamnés à un curieux bail d'éternité. Géographies mystérieuses aux itinéraires menaçants, qui abandonnent le lecteur à la porte des cités-bûchers sorties tout droit d'un rêve de pyromane, à l'orée de pays où les mutilations scientifiques ouvrent à l'homme d'étranges perspectives sur son propre corps. C'est à un trajet baroque et cruel que vous convie ce recueil, où vous entendrez l'une des voix les plus originales de la S.-F. française.
  6. "La Fille automate", de Paolo Bacigalupi. Ce livre présente un futur où les villes sont alimentées par des technologies biologiques avancées. "Entre récit d'aventure et réflexion sur les techniques OGM, le roman de Bacigalupi dresse le tableau plein de fureur d'un avenir livré au chaos génétique. Révélateur d'une science-fiction qui renonce aux fantaisies maniéristes susceptibles d'atomiser le récit, il s'appuie sur des personnages d'une grande présence dont on garde le souvenir longtemps après lecture. En proposant ainsi la version très réaliste d'un futur proche, le roman de Bacigalupi prouve enfin que la SF n'a pas besoin d'une pseudo créativité délirante et sans frein, comme voudrait nous le faire croire une grande partie de la production actuelle. Bien au contraire, le réalisme demeure assurément le meilleur vecteur pour libérer un Imaginaire d'une grande force." Bernard HENNINGER ( site web )
  7. "The City & the City", de China Miéville. Ce roman se déroule dans deux villes distinctes qui coexistent dans le même espace géographique, mais dont les habitants sont conditionnés à ne pas voir ou interagir avec l'autre ville.
  8. "Perdido Street Station", de China Miéville. Perdido Street Station, c'est avant tout l'histoire de Nouvelle-Crobuzon, invraisemblable métropole industrielle, grouillant d'une population des plus diverses : humains, hommes-oiseaux et femmes-insectes, extraterrestres et monstres hauts en couleurs, et même des intelligences artificielles ! Dans cette ville sordide défiant l'imagination, l'auteur s'intéresse aux destins d'Isaac Dan der Grimnebulin, un exemple typique de savant fou, de sa compagne Lin, femme-scarabée artiste, ou encore Yagharek, homme-oiseau rêvant de voler à nouveau, pour ne citer qu'eux.
  9. "Étoiles mourantes", de Ayerdhal et Jean-Claude Dunyach. Quand les AnimauxVilles ont surgi dans le système solaire pour héberger les humains, ils leur ont aussi permis le voyage instantané. Alors l'humanité s'est scindée en quatre Rameaux : autant de cultures, autant de modes de vie, autant de systèmes politiques qui se méprisent faute de pouvoir se faire la guerre. Aujourd'hui, l'heure des retrouvailles a sonné : les AnimauxVilles ont décidé de convoyer des représentants de chaque Rameau pour assister à l'explosion d'une supernova...
  10. "La Ville dans le ciel", de Chris Brookmyre. En orbite autour de la Terre, Ciudad de Cielo est la première marche permettant à l’humanité d’atteindre les étoiles. Décrite comme un lieu utopique où le crime n’existe pas, la station spatiale est néanmoins contrôlée par des gangs qui se livrent une guerre sans merci : prostitution, contrebande et racket sont omniprésents. Jusqu’ici, les autorités ont toujours fermé les yeux. Mais les choses vont changer : un cadavre vient d’être découvert, flottant en mille morceaux dans la microgravité de cette ville dans le ciel.

« Cruel paradoxe : c’est quand les villes auront disparu qu’on pourra enfin les regretter. »  In : Station Metropolis direction Coruscant. Alain Musset