Sky Dome 2123

Sky Dome 2123
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Sky Dome 2123 (White Plastic Sky) mêle science-fiction et émotion dans une fresque animée qui imagine un monde où l’effondrement écologique a conduit les survivants de Budapest à adopter des techniques de survie fondées sur l’hybridation. Le film post-apocalyptique hongrois et slovaque de Tibor Bánóczki et Sarolta Szabó met en lumière une société confinée sous un immense dôme, où chaque individu, à l’âge de 50 ans (18 262 jours), voit son corps alimenter un écosystème artificiel.

Une ode au vivant et à la fragilité humaine

Sous un dôme protecteur synthétique, Budapest renaît après une catastrophe écologique ayant rendu la Terre stérile. Dans ce microcosme, les habitants mènent une existence qui, à première vue, semble moins austère qu’on pourrait l’imaginer après une fin du monde. De somptueux restaurants dominent la ville, les clubs pulsants de la techno résonnent la nuit, et pour s'échapper dans l'illusion du tourisme, il est désormais possible d'embarquer sur des bateaux en cale sèche pour des croisières virtuelles. Pourtant, cette vie repose sur des règles incontournables, dont la plus troublante est qu'à 50 ans, chaque corps donne naissance à un arbre hybridé, un sacrifice individuel pour assurer la survie collective.

Une fois implantés d’une graine dans la poitrine, les cinquantenaires sont envoyés dans d’immenses entrepôts souterrains, au cœur d’une usine appelée le Générateur. Plongés dans le coma, empaquetés dans des emballages plastiques, ces humains « périmés » deviennent le produit d’une consommation de survie. Alignés sur des îlots, ces arbres en devenir, hybrides entre plante et humain, sont maintenus par des tuteurs machiniques qui contrôleront leur croissance jusqu’à leur mort. Les feuilles comestibles de ces arbres sont régulièrement récoltées.

Alors qu'il lui reste dix-huit années avant d'être sacrifiée pour la communauté, Nóra choisi de se faire implanter la graine qui permettra sa transformation en hybridée. Mais son mari, Stefan, refuse de la perdre si brutalement, et par conséquent de refaire sa vie. Cette décision l'entraîne dans un périple dangereux, où l'extérieur désolé du dôme révèle des paysages frappants : montagnes des Tatras, lac Balaton asséché et terres abandonnées, restes désolés et arides d’une nature révolue.

Sky Dome 2123 évoque avec puissance le recul du vivant, la disparition des écosystèmes. Plus d’animaux ni de végétaux ; seuls les paysages, somptueux et tangibles, rappellent une nature appelée à durer. Ces décors, conçus à partir de photos d’objets naturelles et de matières, donnent l'impression d'être réels.

Amour et sacrifices

Stefan, psychologue chargé d’aider les proches des hybridés à accepter leur départ pour le Générateur, se retrouve contraint de fuir un système qu’il avait longtemps servi. Sa quête pour sauver Nóra devient bien plus qu’un simple acte d’amour : elle s’élève en réflexion sur les sacrifices exigés pour maintenir une société en apparence fonctionnelle. Leur périple, qui prend la forme d’un road trip à la fois sensible et poignant, réinvente leur relation. Entre tendresse et déchirement, ce remariage symbolique agit comme un fil conducteur, amenant le spectateur à s’interroger sur sa propre condition face à la mort, au devoir et aux compromis nécessaires pour préserver un équilibre collectif.

La subtilité émotionnelle de l’histoire, amplifiée par l’animation en rotoscopie, confère une fragilité presque évanescente aux personnages. Ce procédé renforce le contraste entre leur humanité vacillante et les paysages naturels vibrants qui les entourent ; les décors de la ville, rigides et aseptisés, et ceux de l’extérieur accentuent par ailleurs la tension entre la sécurité procurée par le dôme et la liberté de s'en échapper.

Un autre regard sur l’avenir

Entre récit post-apocalyptique et réflexion philosophique, Sky Dome 2123 questionne notre rapport à la technologie et à la nature. Que reste-t-il de l’humain dans un monde où le progrès a détruit la nature et impose des sacrifices extrêmes ?

Les paysages désolés, parsemés de bâtiments en ruines et de navires abandonnés, incarnent une humanité ayant conclu que la vie n’était plus possible au-delà du dôme. L'hybridation est devenue la porte de sortie d'une civilisation qui s'est quasiment auto-détruite, et qui refuse aussi bien sa mort que le désir viscéral des arbres hybridés de bourgeonner. Pour Nóra et Stefan, elle sera le moyen de se reconnecter à la nature.

Ce film d’animation offre une méditation rare sur notre avenir écologique. Il parvient à nous implanter une belle graine de réflexion, à cultiver de toute urgence.


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Récompensé d’un Méliès d’argent à Strasbourg, Sky Dome 2123 projette un monde où l’effondrement climatique oblige l’humanité à adopter des techniques de survie propres à l’hybridation. Premier long-métrage des réalisateurs Tibor Bánóczki et Sarolta Szabó, ce film post-apocalyptique se différencie tant par son message que par son animation singulière. À découvrir en salle ce mercredi 24 avril.

"Sky Dome 2123 est notre réponse à la question : "À quoi ressemblera le futur de l’humanité ?". Le film n’a jamais eu pour vocation de donner une réponse facile et rassurante à cette question. Dès les premières esquisses, nous avons voulu raconter une histoire différente", Tibor Bánóczki et Sarolta Szabó. réalisateurs.