Mars, backup de la Terre ?

Mars, backup de la Terre ?
On devrait surtout prendre soin de la planète sur laquelle nous vivons actuellement. "La Terre est un paradis, comparée aux autres objets stellaires !" Michel Mayor

Mars, notre « planète sœur », mais loin d’être un Eldorado

Dans notre système solaire, Mars suscite un intérêt particulier en raison de ses similitudes avec la Terre. Comme Vénus, elle est souvent appelée la "planète sœur" de la Terre en raison de sa taille et de certaines caractéristiques géologiques comparables. Elle se situe à la limite de la zone habitable du Soleil, là où les conditions pourraient, en théorie, permettre la présence d'eau sous forme liquide, à condition qu'un climat adapté soit présent. Les scientifiques s'intéressent particulièrement à son histoire géologique, car de nombreuses preuves indiquent que la planète aurait possédé des rivières, des lacs et même des océans dans son passé lointain. Cela fait d'elle un candidat idéal pour la recherche de signes de vie passée.

"Mars étant un peu plus éloignée du soleil, on peut imaginer que s'installer sur Mars permettra de sauver la vie telle qu'on la connaît sur Terre, reconnaît Stéphanie Lizy-Destrez. Ce qui me dérange avec ce côté 'planète B', c'est de dire : si on a un backup, on peut faire n'importe quoi sur Terre. Et ce serait vraiment dommage. Donc non, c'est plutôt au contraire aller plus loin pour toujours rester animé par ces questions scientifiques (…) D'essayer de comprendre l'évolution de la Terre, avec Mars qui correspond un peu à notre passé, mais avec Vénus qui correspond plutôt à notre futur, à savoir que Vénus est un enfer. Au niveau des températures, c'est une augmentation de l'effet de serre, on peut donc s'imaginer ce que pourrait devenir la Terre en se réchauffant. Aller explorer ces planètes, c'est aussi mieux comprendre, anticiper ce que pourrait devenir la Terre." (1)

Des efforts d'exploration spatiale sont également entrepris pour identifier les exoplanètes (2) situées dans la "zone habitable" de leur étoile, où les conditions pourraient éventuellement être adaptées à la vie. Mais, en dehors de Mars, se rendre sur une planète habitable reste un défi technologique et scientifique insurmontable. Les distances à franchir sont énormes, et les voyages interstellaires nécessiteraient des avancées technologiques bien au-delà de ce que nous possédons actuellement. Le coût énergétique d'un voyage interstellaire modeste (de quelques années-lumière) dépasse de plusieurs centaines de fois l'énergie dont dispose l'humanité entière (3). De plus, même si une planète potentiellement habitable était découverte dans le futur, transporter suffisamment de ressources et construire des infrastructures pour établir une colonie extrasolaire viable serait extrêmement difficile.

"Pour que des hommes voyagent vers les étoiles, même les plus proches, dans des temps compatibles avec la durée de la vie humaine, il faudrait atteindre des vitesses comprises entre 10 000 et 30 000 km /s. Pour cela, il faudrait inventer un nouveau mode de propulsion mais lequel ? La propulsion assistée par laser pose des problèmes qui semblent insurmontables et celle qui utiliserait la fusion thermonucléaire n'est encore aujourd'hui qu'un lointain projet. Il faut s'y résoudre : il n'y aura très probablement pas de colonisation des planètes et pas de voyages habités vers les étoiles. Il n'y aura ni conquête spatiale du système solaire ni de la Galaxie ! Il n'y a pas de planète B de secours car il n'existe qu'une seule planète sur laquelle nous pouvons vivre". (4)

Kim Stanley Robinson, à travers son roman "Aurora" (2015), prend d'ailleurs le contre-pied de ses œuvres antérieures et de la science-fiction en général, avec le message que seule notre planète actuelle est en mesure de nous accueillir, même si nous la détruisons sous nos pieds. (5)


Sources :

(1) In : Si l'on envisage aujourd’hui un voyage humain vers Mars, peut-on imaginer un équipage un jour vers Jupiter ou Neptune ? Dans quelles conditions ces missions seraient réalisables et quelles questions poseraient ces explorations par des Hommes ? Avec Stéphanie Lizy-Destrez, enseignante-chercheure en conception des systèmes spatiaux à l’Isae-Supaéro.

“Mars, la nouvelle odyssée : au-delà de la planète rouge” (4/6) : des planètes et des Hommes
Si l’on envisage aujourd’hui un voyage humain vers Mars, peut-on imaginer un équipage un jour vers Jupiter ou Neptune ? Dans quelles conditions ces missions seraient réalisables et quelles questions poseraient ces explorations par des Hommes ? Avec Stéphanie Lizy-Destrez, enseignante-chercheure en conception des systèmes spatiaux à l’Isae-Supaéro.

(2) In : Des entretiens passionnants avec Michel Mayor, découvreur de la première exoplanète et prix Nobel de physique.

Michel Mayor, prix Nobel de physique 2019

(3) In : L’homme va-t-il coloniser Mars et exploiter la Lune ? Trouvera-t-on de la vie ailleurs ?

Invité : Michel Mayor, astrophysicien – Prix Nobel de physique 2019, Présentation : Jean-Philippe Schaller, ...


(4) In : La conquête spatiale : Entre science et science-fiction - Michel Rousselet - Éditeur Ellipses


(5) In : Si vous voulez en savoir plus sur le livre Aurora de Kim Stanley Robinson, on vous recommande la lecture de l'article de L'épaule d'Orion :

Aurora – Kim Stanley Robinson
Kim Stanley Robinson est l’un des auteurs phares de la hard-SF. Contrairement à une grande partie de ses collègues officiant dans ce sous-genre de la science-fiction, il n’est pas de formation scie…

Points de vue :

Des colonies dans l’espace - Éditions Odile Jacob
La colonisation de l’espace : hier pure science-fiction, elle est aujourd’hui présentée comme un avenir possible, peut-être indispensable, pour l’humanité.

Extraits du livre :

« Depuis toujours, nous sommes tenaillés par le désir de retrouver notre paradis perdu. Cette utopie nous a incités à partir en quête d'autres continents. Cela a commencé par les grandes découvertes et la mission des pères fondateurs vers les “nouveaux mondes” : Nouvelle-Angleterre, Nouvelle-Orléans… Des mondes vierges, ou presque, à coloniser. Très vite, le paradis est devenu spatial.
On rêve de mondes extraterrestres qui seraient “la Terre en mieux”. Dans les années 1960, le physicien Gerard O'Neill avait déjà imaginé la planète parfaite : un monde lisse, sans moustiques, sans punaises de lit, sans animaux féroces, où nous filerions le parfait amour avec nos proches et nos animaux domestiques. Le rêve américain ! Les scénaristes d'Interstellar se sont inspirés de sa théorie pour imaginer la station Cooper, dans l'orbite de Saturne, en forme d'immense cylindre. Rêve ou cauchemar  ?
Il y a deux types de nouveaux mondes : soit une nouvelle planète, soit une station orbitale. L'une comme l'autre nécessiteraient des dépenses pharaoniques. Il faudrait créer les conditions de la vie, fabriquer l'oxygène qui nous est nécessaire. L'installation sur Mars n'est pas pour demain. La vie y est hostile et le monde invivable. Et, même si Jeff Bezos et Elon Musk investissent des milliards pour la conquête spatiale, nous n'avançons pas beaucoup. 
L'effondrement climatique donne une autre couleur à cette utopie. Nous aimerions tant nous racheter, rêvons ardemment d'une Terre vierge, qui permettrait de tout recommencer. Hélas, il n'y a pas de planète B. Mais comment ne pas rêver devant ces millions de galaxies, ne pas imaginer que d'autres existences sont possibles .» In : «Des colonies dans l'espace. L'ultime utopie ?», Éditions Odile Jacob (mai 2024). Son auteur, Jacques Arnould est historien des sciences et également expert éthique au CNES.

Pourquoi n’y a-t-il aucun avenir pour l’homme sur Mars ?
La célèbre planète ocre et rocheuse excite toujours autant les passions et les spéculations quant à l’idée que l’homme puisse un jour y vivre. Toutefois, l’astrophysicien Sylvestre Maurice estime que Mars ne sera jamais habitable, il explique ici pourquoi cela relèverait plus de la survie que de la…
"Il n'y a qu'une planète qui est vraiment étonnante, accueillante… C'est la Terre. Elle est notre passé, elle est notre avenir." Sylvestre Maurice, astrophysicien à l'IRAP 

« Je crois que pour l’instant, il vaut mieux que nous n’allions pas sur une autre planète si c’est pour la transformer, elle aussi, en poubelle ». Bernard Werber
« De toute façon, pour le futur, nous n'aurons que ces deux choix : arriver à vivre ensemble en paix sur une planète avec de l’air respirable et de l’eau potable ou devoir la quitter pour vivre ailleurs ». Bernard Werber