Phoenix en Arizona, de l'excès à l'adaptation ?

Phoenix, la métropole la plus chaude des États-Unis, est confrontée aux effets du changement climatique. La ville, située dans le désert de Sonora en Arizona, souffre de températures extrêmes et d'une augmentation constante de la chaleur. Le béton et l'asphalte emprisonnent la chaleur, créant un "effet d'îlot de chaleur urbain", et les habitants luttent pour trouver des moyens de faire face à cette réalité et de s'adapter à ces conditions climatiques extrêmes.
Phoenix connaît de nombreuses journées de chaleur intense, avec des températures dépassant fréquemment les 37,8 degrés Celsius. La ville est conçue pour la voiture, avec beaucoup d'asphalte, ce qui aggrave encore la chaleur. Les inégalités face à la chaleur sont évidentes, avec des quartiers plus riches plantant des arbres pour fournir de l'ombre tandis que les quartiers plus pauvres manquent d'infrastructures de protection contre la chaleur. Les communautés vulnérables, comme les sans-abri, sont particulièrement touchées.
Les autorités de Phoenix essaient de faire face à cette situation en expérimentant différentes solutions. Des revêtements de route réfléchissants et des matériaux alternatifs sont testés pour réduire l'effet d'îlot de chaleur urbain. Les chercheurs et les habitants collaborent pour développer des technologies et des stratégies pour atténuer les effets de la chaleur. Par exemple, une chercheuse utilise une station bio-météorologique mobile pour étudier l'efficacité de différentes sources d'ombre pour les piétons. Une nouvelle génération de "vêtements rafraîchissants" est en développement pour aider les gens à rester au frais.
En fin de compte, Phoenix sert de laboratoire pour tester des solutions au défi croissant du changement climatique et de la chaleur extrême.

Phoenix en surchauffe en 4 chiffres clés (1)
37,2 °C de moyenne en août 2020
Record du mois le plus chaud jamais constaté à Phoenix depuis 1895, date des premières mesures enregistrées ! L’année dernière, 53 journées ont même culminé à plus de 43 °C. D’après les projections officielles, ce genre de situation extrême deviendra habituel au cours des prochaines décennies. Une étude parue dans la revue scientifique PLOS One estime ainsi que, d’ici à 2050, les étés à Phoenix ressembleront à ceux de Bagdad actuellement, avec deux douzaines de jours de "chaleur dangereuse" (c’est-à-dire supérieure à 40,5 °C) supplémentaires par an.
3 919 heures d’ensoleillement par an en moyenne à Phoenix
C’est quasiment un record mondial, toutes cités confondues. Les grandes villes de la planète situées à la même latitude, et pourtant réputées pour leur météo attrayante, font beaucoup moins bien : par exemple 3 534 heures pour Beyrouth, et 3 119 pour Casablanca.
5,3 %, l’indice de canopée à Phoenix
Autrement dit, la part du territoire urbain où les couronnes des arbres de plus de trois mètres de hauteur projettent de l’ombre au sol. A titre de comparaison, cet indice est de 24 % à New York et de 29 % à Boston. En 2021, les autorités de Phoenix se sont fixées pour objectif de faire grimper ce taux à 25 % d’ici à 2030.
323 décès...
Liés à la chaleur ont été recensés en 2020 dans le comté de Maricopa, où se trouve Phoenix. Ce chiffre, en constante hausse, est quinze fois supérieur au bilan de 2001 (21 morts).

Une poignée de buildings entourés d’un océan de maisons individuelles, qui s’étend à perte de vue selon un plan en damier. La ville de Phoenix correspond exactement à l’image archétypale d’une grande agglomération américaine.
En plein essor, la métropole située dans une région désertique de l'Arizona, a connu une forte croissance entre 2010 et 2020. Les autorités de cet État de l'ouest américain font face à des restrictions d'eau importantes. En cause, la pénurie chronique d'eau à laquelle fait face la région après plus de vingt ans de sécheresse, une situation qui devrait empirer en raison du réchauffement climatique.
Phoenix continue de croître rapidement entre 2020 et 2025, mais à un rythme légèrement ralenti par rapport aux décennies précédentes, avec une croissance annuelle d'environ 0,75-1,9% selon les sources.

À notre connaissance, il n'y a pas eu de nouveaux quartiers construits à Phoenix spécifiquement pour lutter contre le réchauffement de la ville. Cependant, il y a eu des initiatives et des projets de développement durable visant à intégrer des éléments de conception urbaine plus respectueux de l'environnement et mieux adaptés aux défis de la chaleur et du changement climatique. En 2021, alors que Phoenix connaissait des températures record et des conditions climatiques extrêmes avec une saison des pluies plus sèche que la normale et un ciel enfumé par les feux de forêt, la ville publie son plan d'action pour le climat. Ce dernier guidera le nouveau "Office of Heat Response and Mitigation", dirigé par le professeur David Hondula.
Voici quelques exemples de pratiques et d'idées qui ont été mises en œuvre à Phoenix pour atténuer l'effet d'îlot de chaleur urbain et lutter contre le réchauffement :
- Gestion de l'eau et sécurité hydrique : Phoenix a adopté un Plan de Gestion de la Sécheresse dès 1990 pour se préparer aux pénuries potentielles. La ville a pris des mesures majeures incluant le stockage d'eau dans des réservoirs souterrains, la réduction drastique de l'utilisation par habitant, et le recyclage des eaux usées en anticipation du jour où l'approvisionnement du fleuve Colorado cessera.
- Planter des arbres et créer des espaces verts : Plusieurs quartiers ont entrepris des projets de plantation d'arbres et de création d'espaces verts pour fournir de l'ombre naturelle, réduire la température ambiante et améliorer la qualité de l'air. Phoenix a reçu une subvention fédérale de 10 millions de dollars pour planter des arbres dans les zones vulnérables à la chaleur.
- Programme Cool Corridors : Ce programme consiste à planter des arbres le long des rues les plus utilisées par les piétons, avec un objectif de 9 miles de corridors frais par an. Un exemple concret est le parc Cesar Chavez où des centaines d'arbres ont été plantés pour créer le premier "corridor frais" de Phoenix.
- Certification LEED et construction durable : Phoenix est devenue l'une des premières villes à obtenir la certification LEED Platine sous le programme LEED for Cities. L'Arizona compte 1 046 projets certifiés LEED au total, montrant l'engagement vers la construction durable.
- Programme Cool Pavement : Ce programme utilise des revêtements de sol réfléchissants qui peuvent réduire les températures de surface jusqu'à 12°C pendant la journée comparé au bitume traditionnel. Cependant, des recherches ont montré que bien que le revêtement refroidisse le sol, il peut rendre l'environnement plus chaud pour les piétons qui absorbent la lumière réfléchie.
- Infrastructure de transport durable : Phoenix dispose du Valley Metro Rail, un système de train léger de 38,5 miles (62 km) qui dessert la zone métropolitaine. Valley Metro est l'agence régionale de transport public qui fournit des services de transport coordonnés, incluant bus régionaux, tramway, train léger et services de paratransit.
- Initiatives communautaires : Des groupes locaux et des organisations à but non-lucratif travaillent avec les communautés pour sensibiliser aux défis de la chaleur et du réchauffement. Il existe notamment un programme Community Canopy qui permet aux associations et groupes communautaires de planter des arbres.
- Office of Heat Response and Mitigation : La ville a créé un bureau spécialisé dirigé par le professeur David Hondula pour coordonner les efforts de lutte contre la chaleur extrême.
Toutefois, il est important de noter que l'intégration de ces pratiques peut varier d'un quartier à l'autre en fonction des politiques municipales, des priorités budgétaires et de la planification urbaine.
Ces pratiques innovantes pourraient être particulièrement bien adaptés à Phoenix, surtout celles liées à l'énergie solaire et à la gestion de la chaleur extrême :
1. Énergie photovoltaïque intégrée : Les bâtiments en verre ne disparaîtront pas, mais les surfaces vitrées seront transformées en sources d'énergie grâce à des cellules photovoltaïques intégrées. Cette technologie permet de transformer les gratte-ciels et bureaux en centrales électriques sans obstruer la lumière naturelle.
2. Exploitation des sous-sols : Les espaces souterrains seront réaménagés pour accueillir divers équipements, permettant notamment la régulation thermique et l'expansion des activités. L'utilisation de l'espace souterrain aide les villes à répondre aux demandes accrues tout en restant compactes.
3. Surveillance et services améliorés : Les réseaux de caméras intelligents et l'IA seront utilisés pour prédire les besoins des citoyens et fournir des services adaptés, allant au-delà de la sécurité. Ces systèmes gèrent de manière autonome les ajustements en temps réel du flux de trafic, de la consommation d'énergie et de la sécurité publique.
4. Dépollution par des "arbres" artificiels : Des équipements urbains contenant des microalgues et bioréacteurs capables de capturer le CO2 et les polluants atmosphériques seront utilisés pour purifier l'air. Un seul "arbre artificiel" peut absorber 40 tonnes de CO2 par an et nettoyer l'air que respirent près de 2 800 personnes quotidiennement.
5. Éclairage public innovant : L'éclairage public évoluera vers des technologies innovantes comme les éclairages bioluminescents basés sur des micro-organismes, des bactéries et algues, offrant des solutions durables pour l'architecture et le design urbain.
Sources :
(1) Un article disponible du magazine GEO
(2) Un article réservé aux abonnés du magazine CAPITAL
En 2024, la ville de Phoenix, en Arizona, a connu le 3 septembre son centième jour consécutif avec des températures d’au moins 37,8 °C. Un record selon Reuters.
Une sélection d'articles pour en savoir plus sur la ville de Phoenix :

Cet article se penche sur la gestion de la rareté de l'eau dans deux grandes villes de l'Ouest aride des États-Unis, Phoenix et Tucson, confrontées à des sécheresses croissantes et à un stress hydrique accru.

L'optimisme et le mythe des prouesses technologiques sont des sources américaines qui ne tarissent pas. "Il y a des endroits plus sensés pour mettre des villes que dans le désert".

Phoenix, étude de cas.

Le projet atypique de Culdesac cherche à remettre en question les modèles traditionnels d'urbanisation centrés sur la voiture et à proposer une alternative plus respectueuse de l'environnement, axée sur la vie de quartier et les mobilités douces.

Waymo Driver est une technologie de conduite autonome qui ne devient jamais ivre, fatiguée ou distraite.

Les autorités ont indiqué que les cas de brûlures chez des patients qui ont simplement été en contact avec le sol deviennent de plus en plus fréquents. "La température de l'asphalte, de la chaussée, du béton et des trottoirs en Arizona par une chaude journée ensoleillée ou un après-midi d'été, est parfois de 82°C, c'est juste en dessous de l'ébullition", a souligné Kevin Foster, directeur des services d'urgence à l'Arizona Burn Center de Phoenix auprès de CNN.
Une sélection d'articles pour en savoir plus sur la région de Phoenix :
Dans cet état désertique de 300.000 kilomètres carrés, on compte quasiment autant de golfs que de cactus.
Avec ses 200 terrains de golf, la région de Scottsdale, à la périphérie de Phoenix en Arizona, est un véritable paradis pour les golfeurs qui désirent fuir l'hiver québécois pour aller pratiquer leur sport favori dans un paysage de rêve.


Comme si la conquête du désert se retrouvait confrontée au principe de réalité.
