Mars comme notre nouvelle frontière
« Lorsque nous invoquons des mondes tels que Mars comme notre nouvelle frontière, nous effaçons l’histoire complexe de ce que les frontières ont signifié ici sur Terre, ainsi que l’héritage d’iniquité qui perdure aujourd’hui. Nous devons reconnaître que la transformation radicale de la terre – que ce soit sur cette planète ou au-delà – signifie aussi l’effacement de l’histoire, et dans cet effacement, nous pourrions abandonner quelque chose de profond sur Mars, tout comme nous le faisons ici sur Terre ». Lucianne Walkowicz.
Quels sont les freins à l’exploration de Mars par les humains ?
Des éléments de réponse dans ces articles passionnants :
Coloniser Mars ? Retour sur le réel
La planète Mars est inhabitable, et ce, pour plusieurs raisons : température, atmosphère, rayonnement, sol toxique, eau glacée dans les sous-sols...
Y « vivre », pour nos contemporains, ce serait donc être enfermé dans des bunkers pressurisés en permanence. Les humains seraient pour longtemps entièrement dépendants de cargos venus de la Terre. La colonisation de Mars, du moins dans un premier temps, impliquerait une forte dépendance à l'égard de la Terre pour l'approvisionnement en matières premières, en nourriture, en équipements et en ressources énergétiques.
On a tendance à oublier à quel point Mars est un lieu hostile.
Les températures y sont très différentes de celles de la Terre dont la température moyenne est de 15 degrés. Sur Mars, il fait -63 degrés en moyenne. Un climat auquel il faudrait s’adapter.
Il y a plusieurs centaines de millions d’années, l’eau coulait à la surface de Mars, mais son atmosphère était alors bien plus dense et les températures plus élevées qu'aujourd'hui. Considérablement asséchée depuis, la planète renferme toujours de l’eau à ses pôles et dans son sol, mais salée, dans des quantités inconnues et seulement sous forme de glace du fait des températures négatives.
« Transformer l’eau salée en eau potable demandera des infrastructures considérables. Qui plus est, il faudrait creuser dans une terre gelée », souligne Raphaël Chevrier, docteur en physique.
Contrairement à la Terre, Mars n'a ni champ magnétique ni atmosphère suffisante pour bloquer les radiations cosmiques et les rayons ultraviolets, qui atteignent directement sa surface. Cela signifie qu'une exposition prolongée sur Mars va complètement dissocié votre ADN, que c'est cancérigène, bref, que la vie ne survit pas. En revanche, on sait que la planète a eu, par le passé, un champ magnétique actif, qui a magnétisé les roches et s’est « éteint » mystérieusement.
Son atmosphère ne représente que 1% du volume de l’atmosphère terrienne. Autrement dit, il y a 99% moins d’air sur Mars que sur la Terre. Dans le faible volume d’air de la planète Mars, on trouve essentiellement du dioxyde de carbone, à 96%. Selon l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) le CO2 est mortel à partir d’une concentration de 11%, alors imaginez ce que donnerait une seule bouffée d’air martien. La suffocation et la mort seraient immédiates. Dans les faits, ça ne pourrait pas vraiment arriver, car c’est un autre paramètre qui vous tuerait avant même que vous songiez à gonfler vos poumons. Rappelons cette règle de physique : plus la pression atmosphérique est faible, plus le point d’ébullition d’un liquide est bas. Sur Mars, cette pression est quasi inexistante. Une seule sortie hors d’un abri pressurisé et votre sang se mettrait à bouillir instantanément. Si vous avez vu le film Total Recall, le sort des personnages expulsés hors de la base est presque enviable.
Outre cette atmosphère pauvre en oxygène, les colons seraient confrontés à de nombreux défis environnementaux, tels que des températures extrêmes, des radiations élevées, la combinaison de rayons ultraviolets et de perchlorates présents dans le sol (mortelle pour les bactéries), de la poussière abrasive envahissante, une absence de protection naturelle contre les impacts de météorites. « Avec sa faible gravité, Mars est tout simplement incapable de retenir une atmosphère et personne, ni M. Musk ni le pape n’y pourra rien changer, Mars est désormais une planète morte », tranche l'astrophysicien Louis d’Hendecourt. À cela, on peut ajouter que la gravité réduite de Mars pourrait avoir un impact sur la densité osseuse, la masse musculaire (y compris le cœur), le système immunitaire et le bien-être mental des colons, et les faire mourir à petit feu.
Environnement confiné et pressurisé, éloignement de la Terre, dépendances technologiques à la production d'oxygène et d'eau, au bon fonctionnement de cuves alimentaires et de scaphandres de sortie... Est-ce un moyen réaliste d’assurer la survie d’une humanité qui, dans son immense majorité, n’aspire pas à vivre cloîtrée et encore moins à l’imposer à sa descendance ?
Points de vue :
"Nous sommes bloqués sur la Terre, notre planète, et nous devons en prendre soin, juge le professeur de sciences géologiques de l'université du Colorado, Bruce Jakosky. L'exploration de Mars est une idée merveilleuse, et je la soutiens. Mais nous ne devons pas y penser comme un plan de secours ou une planète supplémentaire sur laquelle nous pouvons compter."
Montrer le chemin du futur
Mars une planète fascinante pour beaucoup d’entre nous.
Pendant des siècles, elle a captivé notre imagination, et aujourd'hui, l'humanité est plus proche que jamais de concrétiser des avancées technologiques dans une course effrénée à l'innovation et à l'exploration spatiale. Du point de vue de l'aventure humaine, une mission vers Mars constituerait un événement historique majeur, au moins aussi marquant que les missions Apollo ayant permis aux humains de poser le pied sur la Lune. Elle représenterait un défi scientifique et technique majeur, exigeant des progrès dans des domaines tels que la propulsion spatiale, la survie en environnement hostile, la gestion de la durée des voyages, l'habitation, l'alimentation, la gestion des ressources et la communication interplanétaire. Ces avancées pourraient également engendrer des retombées significatives pour de nombreux secteurs et industries sur Terre.
L'exploration spatiale nous permet également de mieux comprendre le fonctionnement du corps humain dans des environnements extrêmes. Elle offre, par exemple, des connaissances sur des phénomènes comme l'ostéoporose réversible observée chez les astronautes. Selon Michel Tognini, ces adaptations physiologiques sont essentielles pour des missions de longue durée, tout comme les transformations psychologiques que connaissent les voyageurs spatiaux. De plus, des recherches approfondies restent nécessaires sur l'impact des radiations, notamment celles des rayons cosmiques HZE, particulièrement nocifs pour l'organisme humain.
« Mars, c’est aujourd’hui notre « nouvelle frontière », la seule planète accessible disposant d’eau, d’une atmosphère, d’une journée de près de 24 heures, d’une gravité acceptable et de ressources minérales proches des nôtres ». Pierre Brisson, président de la Mars Society Switzerland.
De la Lune aux colonies de la Ceinture d'astéroïdes :
Plus de 50 ans après les premiers pas de l'homme sur la Lune, les conditions sont à nouveau réunies pour nous ramener autour et sur notre satellite.
Face à l'optimisme d'Elon Musk, l'astronaute Jean-François Clervoy, fondateur d'Air Zéro G, interrogé sur franceinfo, imagine plutôt une mission habitée sans se poser sur Mars dans les années 2030.
Entre 2040 et 2060 (rêvons un peu). Pour la première fois, des humains posent le pied sur Mars.
Au 21ème siècle. Un avant-poste est implanté, et des missions humaines se succèdent.
2120. Alors que le rêve de rendre Mars habitable est révolu, Ayo, une astronaute nigériane entame sa dernière mission sur la planète rouge accompagnée d’Adèle, une intelligence artificielle greffée sur un rover datant de 2020… Et si cette ultime odyssée consistait à échapper à l’humain ?
Au 24ème siècle, dans un système solaire entièrement colonisé, la Terre, Mars, et les colonies de la Ceinture d'astéroïdes s'empêtrent dans un jeu d'intrigues politiques, se dirige-t-on vers un scénario à la The Expanse ?
« Grandir, quitter le berceau, ou en attendant au moins d’en rêver, de montrer la direction. En foulant de sa botte le sol de Mars ou de Ganymède, l’homme pourra enfin tutoyer les dieux ». Alex Nikolavitch - Cosmonautes ! Les conquérants de l'espace