Les limites de la croissance

Pour que la Terre reste un monde vivable pour les générations futures. #2/8
Le rapport Meadows
De la croissance sans limites à la croissance zéro.
Les Limites à la croissance (dans un monde fini) (The Limits to Growth) — connu sous le nom de Rapport Meadows, du nom de ses principaux auteurs, les chercheurs Donella Meadows et Dennis Meadows — est un rapport commandé par le club de Rome et publié en 1972. C'est une des références des débats et critiques qui portent sur les liens entre conséquences écologiques de la croissance économique, limitation des ressources et évolution démographique. À sa publication, le livre avait connu un succès retentissant, mais de courte durée, compte tenu du manque d’intérêt de la société de l’époque pour les préoccupations écologiques et environnementales. Ce rapport nous révèle que le système planétaire va s'effondrer sous la pression de la croissance démographique et industrielle. Seule condition pour se sauver : que l'humanité stabilise sa population et son système de production.

Podcast : L'année où le futur a basculé
Réactualisées, les projections des courbes à la fin du millénaire dessinent toujours le scénario d'un effondrement.

Le rapport Meadows a joué un rôle de catalyseur, en ouvrant une brèche dans la pensée productiviste et en posant les bases d’un questionnement radical sur la soutenabilité de nos trajectoires économiques.
La croissance zéro est une perspective selon laquelle l’économie devrait tendre vers un état d’équilibre stable, dans lequel la production, la consommation et la population se maintiendraient à des niveaux soutenables sur le long terme. Cette idée repose sur la reconnaissance des limites physiques de la planète et sur la nécessité d’éviter les déséquilibres qui conduisent à l’épuisement des ressources et à la dégradation des écosystèmes.
Le rapport Meadows peut être considéré comme fondateur de cette réflexion. Sans prôner explicitement la croissance zéro comme objectif politique, il démontre que la poursuite d’une croissance matérielle exponentielle dans un monde fini conduit inéluctablement à un effondrement systémique. L’un des scénarios étudiés par les auteurs – celui d’une stabilisation volontaire de la démographie et de la production – rejoint très clairement l’idée d’une économie stationnaire. Un idéal de croissance zéro a été exprimé en fin des Golden Sixties (ou « Trente Glorieuses américaines ») sur la base de la limite des ressources naturelles. Il est réapparu, vingt ans après, sur la base de la pollution, et notamment du danger d'un changement climatique lié aux gaz à effet de serre.
Points de vue :


Les différentes entre post-croissance et croissance zéro ?

Le rapport Meadows 50 ans plus tard.

Depuis 1972, le rapport Meadows a connu plusieurs mises à jour, avec une nouvelle réédition en français cette année. Il a été critiqué et commenté à de nombreuses reprises, notamment par Jean-Marc Jancovici au début des années 2000. cf. infra

Le texte suivant pose les enjeux d'un débat public - 50 ANS APRÈS LE RAPPORT MEADOWS, PEUT-ON CHANGER DE PARADIGME ? - Chambres d’agriculture France (APCA). - à télécharger -
Le Club de Rome aujourd'hui.
Quelques clés extraites du discours de Sandrine Dixson-Declève, présidente du Club de Rome :
- Pour préserver l'humain, se rappeler que la nature fait partie de nous.
- Changer de logiciel : Bonheur / bien être versus PIB. Des indicateurs quantitatifs de bien être à mettre en avant.
- Changer les rapports au pouvoir / la tyrannie du profit à court terme / l'arrogance masculine - une formule : ECO vs EGO
- Antidote au désespoir et feuille de route pour les temps très incertains, "Earth for all" est dans la continuité du célèbre rapport Meadows, "Les limites de la croissance". Cinquante ans après, toujours sous l'égide du Club de Rome, un groupe de scientifiques et d'économistes de premier plan propose deux scénarios et cinq changements de cap radicaux pour parvenir, en une seule génération, à un état de prospérité partagée sur la Terre. Ce livre est paru le 4 octobre 2023 en français chez Actes Sud.

Cf. ACTUALITÉ ENVIRONNEMENT
Pourquoi n'avons-nous rien fait ?
Aujourd'hui, en plus des préoccupations écologiques et environnementales, s'ajoute la bataille contre le changement climatique. Mais on parle du changement climatique depuis plus de 30 ans.

« Tout dépend peut-être du patrimoine évolutionnaire de l'espèce et de notre capacité à penser et à agir de manière responsable pour s'adapter à une nouvelle réalité : la nôtre. Avons-nous ce qu'il faut, l'avons-nous fait à temps ? Je l'espère, mais je suppose que nous le verrons bientôt. » Adam Frank, astrophysicien à l'Université de Rochester.
L’évolution humaine contre le réchauffement climatique.
Sur la voie qui mène à la résolution de la crise climatique, il pourrait bien se dresser un obstacle inattendu. Des experts suggèrent en effet que des aspects de l’évolution humaine qui nous ont conduits à dominer la Terre pourraient désormais nous empêcher de relever les défis environnementaux mondiaux comme le changement climatique.

Comment sommes-nous entrés dans l'Anthropocène ?
Idée reçue: la crise environnementale actuelle serait le fruit d'une longue inconscience. On ignorait, en gros, le mal que l'on faisait. Idée fausse, selon Jean-Baptiste Fressoz : il s'agit là d'une illusion d'optique ou d'une amnésie. Historien des techniques et de l'environnement, le chercheur français est invité ce jeudi à Genève pour une conférence sur le thème «Une histoire politique du CO2. Comment sommes-nous entrés dans l'Anthropocène?» Formulé par le prix Nobel Paul Crutzen dans les années 2000, ce terme définit une nouvelle époque géologique marquée par l'impact massif des activités humaines sur la planète.
Et si la conscience n’était pas rationnelle ?
Peter Watts, ancien biologiste marin devenu écrivain de science-fiction, auteur de Vision aveugle et de la trilogie Rifteurs, soutient que la conscience n’est pas rationnelle, car elle fait intervenir les centres cérébraux de l’émotion. Sa thèse est qu’elle est devenue, sur le plan évolutif, contre-productive depuis que l’homme a cessé de juste survivre à son environnement pour finir par le dominer.
Extrait de son interview dans Bifrost N°93 :
"Au fond de ma tête, il y avait cet espoir que la trilogie Rifteurs puisse être un élément, si petit soit-il, d’un mouvement pour changer effectivement le monde. [...] Depuis, j’en suis venu à penser que l’ignorance est moins à blâmer que la pure stupidité. Tout comme notre tendance instinctive à ignorer superbement les conséquences futures de nos actions et l’incapacité de notre cerveau à passer outre nos tripes. Vous pouvez montrer aux gens ce que l’avenir nous réserve, ils pourront même vous concéder quelques arguments (après des décennies de mépris et de déni) : ils ne feront rien pour changer les choses. Nous savons mais le fait est que nous n’en avons rien à foutre".
« Reste le pire des scénarios, on ne change rien au modèle actuel. »

Pour une autre Terre #3/8