Le New Space Opera (NSO)

"Pour quelle raison bizarre et irrationnelle des êtres humains adultes, responsables, pourvus pour la plupart de conjoints et de progéniture, de métiers, de positions sociales même, enfin bref, des gens comme vous et moi, lisent-ils des histoires d'empires galactiques, de batailles spatiales, d'aventuriers stellaires et autres fariboles situées dans des futurs aussi lointains qu'improbables ?
Parce que, la plupart du temps, c'est par là qu'ils ont commencé à lire de la S-F et, pour ceux qui ont succombé aux charmes d'Edmond Hamilton, de Leigh Brackett, de Poul Anderson, de Jack Vance et de bien d'autres, la perspective d'un horizon où ne cessent de se lever de nouvelles étoiles est irrésistible". (1)
Pour beaucoup de lecteurs, le space opera demeure « la forme primale de la science-fiction », le style d'œuvres auquel on pense en premier quand on veut définir la SF. Parmi les auteurs qui ont remporté le prix Hugo, on peut citer C.J. Cherryh (Downbelow Station, 1982), David Brin (Startide Rising, 1984), Dan Simmons (Hyperion, 1990), Lois McMaster Bujold (pour sa série des Vorkosigan) et Vernor Vinge (A Fire Upon the Deep, 1993 ; A Deepness in the Sky, 2000 ; Rainbows End, 2007).
Genèse américaine
Né aux États-Unis, le space opera de l'âge d'or incarne le mythe du héros américain et celui de la nouvelle frontière. Il met en scène des pionniers, des hommes d'affaires et des soldats de la Navy qui partent à l'assaut des étoiles lointaines. Le terme « space opera » était à l'origine une expression péjorative. Proposé par Bob Tucker dans son fanzine Le Zombie en 1941, il s'inspirait des « horse operas » (westerns de série B) et des « soap operas » pour désigner de « mauvaises copies des romans d'aventures projetées dans l'espace ». À cette époque, aucun auteur du genre n'aurait apprécié que ses livres soient associés à cette étiquette. Les pulps magazines comme Amazing Stories ou Astounding publiaient souvent des histoires issues d'un même moule narratif : récits d'aventure et d'action se déroulant dans l'espace interstellaire et comportant une inévitable intrigue amoureuse sur fond de conflits avec des races extraterrestres. Dans Space Opera (1965), Jack Vance prend le titre au pied de la lettre et décrit avec ironie les aventures d'une troupe d'opéra itinérante à travers la galaxie.
On a souvent prétendu que le space opera trouvait ses racines dans le western. En réalité, il relève plus fréquemment du roman de cape et d'épée, de la comédie antique (version péplum) et du récit d'aventure maritime. Les grands space operas classiques se caractérisaient par un romantisme échevelé et projetaient souvent le monde des années 1940-1960 dans l'espace, avec ses guerres coloniales, ses héros au machisme assumé et ses extraterrestres exotiques servant de faire-valoir à la supériorité technologique et morale terrienne. Cette dimension mythique et épique, caractéristique de la science-fiction américaine, est particulièrement évidente dans les œuvres fondatrices du genre. Triplanetary d'E.E. « Doc » Smith, d'abord sérialisé en 1934 puis réécrit et publié en livre en 1948, établit les bases du space opera avec ses Lensmen, une force de police galactique dotée de pouvoirs quasi surhumains. Legion of Space (1934) de Jack Williamson s'inspire des Trois Mousquetaires de Dumas et articule son intrigue autour de schémas narratifs anciens : la belle princesse du conte qu'il faut sauver de l'antre du dragon, le récit d'initiation avec le passage symbolique à l'âge adulte qui transforme le héros, l'héritage à s'approprier. En 1949, The Star Kings d'Edmond Hamilton crée un pont entre la littérature populaire du XIXe siècle et la science-fiction moderne, préparant le terrain pour des sagas comme Star Wars.
Aux États-Unis, dans les années 1960, le genre se diversifie avec l'apparition de parodies, comme Bill, the Galactic Hero (1965) de Harry Harrison, et d'œuvres plus innovantes, notamment celles de Samuel R. Delany. Ce phénomène touche également le domaine audiovisuel avec la série télévisée Star Trek (1966-1969), qui suit les aventures du vaisseau spatial USS Enterprise (NCC-1701) et son équipage. La série, menacée d'annulation après ses deux premières saisons, bénéficia néanmoins d'une prolongation d'un an grâce à la mobilisation de ses fans.
En Grande-Bretagne, du milieu des années 1960 au début des années 1970, la New Wave chercha à recentrer la science-fiction sur l'exploration des futurs proches et des espaces intérieurs. "Une nouvelle génération d'écrivains émerge, qui rejette en bloc tout ce qui caractérise (à leurs yeux) le space opera de l'âge d'or : la pauvreté de l'écriture, l'ambition de divertir ou d'émerveiller sans rien faire d'autre, le culte des armes et la glorification de la guerre, les personnages unidimensionnels, l'emphase mise sur les sciences dures". (2)
"Les anthologies Space Opera et Galactic Empires, éditées par Brian Aldiss en 1974 et 1976, marquèrent probablement la fin d'une époque tout en relançant l'intérêt du public britannique pour cette littérature souvent qualifiée de « sans prétention »". (3)
Star Wars ou la croisée des étoiles
En 1977, année de la sortie en salles du premier volet de Star Wars, George Lucas souhaitait répondre au pessimisme inhérent de la spéculative fiction des années 1970 par un discours résolument optimiste. Dans une interview de l'époque, celui-ci explique son approche : « Quand j'étais gamin, je lisais beaucoup de SF, mais pas vraiment les auteurs techniques et scientifiques comme Isaac Asimov. J'étais plus intéressé par Harry Harrison et une approche fantastique et surréelle du genre. C'est avec ça que j'ai grandi ». Il cite également Le Cycle de Mars d'Edgar Rice Burroughs ou le comic strip Flash Gordon d'Alex Raymond, « le genre de choses qu'on lisait avant que le mot science prenne le dessus sur le mot fiction et que tout devienne si sérieux ». Naturellement, son film reflète cette approche : Lucas a toujours insisté sur le fait que Star Wars relevait davantage du conte de fées spatial que de la science-fiction rigoureuse, se déroulant « dans une galaxie lointaine, très lointaine » avec ses propres règles, sans prétention à la vraisemblance scientifique.
L'émergence du NSO
"Au début des années 80, la science-fiction présente plusieurs tendances. D'abord, un space opera essoufflé qui cherche à se renouveler à travers des œuvres comme La Mécanique du Centaure (1975) de M. John Harrison. Ensuite, la hard science, dont Un paysage du temps (1980) de Gregory Benford est emblématique. Enfin, le cyberpunk, fusion du roman noir et des nouvelles technologies émergentes, dont Neuromancien (1984) demeure l'archétype. En à peine dix ans, le New Space Opera (NSO) naîtra de la confluence de ces trois courants. Le space opera fournira le théâtre, la hard science lui imposera sa rigueur et ses contraintes qui sont une exigence nouvelle, née d'une suspension de l'incrédulité restreinte. Il n'est plus question de simplement poser que le progrès, auquel nul ne croit plus, a permis la fabrication d'un moteur PVL, parce que tous les gens qui ont une once de culture scientifique, dont les lecteurs de S-F, savent que d'après la physique actuelle, il est impossible d'aller plus vite que la lumière. Le NSO dépouillera enfin le cyberpunk de ses noirs oripeaux punk pour les recycler sous formes d'intelligences artificielles, de nanotechnologie, de biotechnologie avec clones, immortels et consorts, y compris la fameuse « Singularité » chère à Vernor Vinge, aux neurosciences et autres cogniticiens qui se résument en « Il nous est impossible de prévoir et de décrire quelque chose qui soit plus intelligent que nous ne le sommes » et constitue une sorte d'horizon des événements conceptuel — le grand jeu de la S-F actuelle consistant quant à lui à la circonvenir". (4)
Les héritiers britanniques
Le terme « New Space Opera » a trouvé sa consécration officielle en août 2003 dans le magazine Locus. Des auteurs comme Ken MacLeod, Paul McAuley, Gwyneth Jones, M. John Harrison et Stephen Baxter y contribuent dans un dossier spécial consacré au genre. Ils caractérisent ce mouvement comme une littérature « stimulante, sombre et souvent dérangeante, mais aussi grandiose et romantique, excitante, pleine de suspense et située dans des décors grandioses ». Cette filiation assumée avec les pionniers n'est pas un simple exercice nostalgique, mais témoigne d'une continuité dans la fonction même du space opera : offrir un horizon cosmique à l'humanité.
Dès les années 1990 et au début des années 2000, Alastair Reynolds, avec quelques comparses britanniques - Iain M. Banks, Stephen Baxter, Peter F. Hamilton, Eric Brown ou encore Charles Stross - ont renouvelé la SF mondiale et le space opera en particulier. Cette « école » britannique, qui compte également Ken MacLeod, Liz Williams, Neal Asher et Richard Morgan, privilégie une approche hard science du genre. Reynolds y apporte notamment la rigueur scientifique de l'astrophysicien qu'il fut avant de devenir écrivain à plein temps, créant des univers où la physique relativiste impose ses contraintes aux aventures galactiques.
Un auteur du New Space Opera propose des personnages moins héroïques mais plus ambivalents. L'action se déroule à l'échelle galactique, dans un univers d'une abondance inégalée, où les systèmes politiques, sociaux et technologiques sont soigneusement construits. Entre explorations spatiales et conflits interstellaires, ces soleils lointains abritent une mosaïque de civilisations et d'espèces extraterrestres, chacune avec sa propre culture. Ses intrigues, souvent sombres, mettent en scène des figures éloignées du cliché du protagoniste solitaire traditionnel. Loin de tout manichéisme, ces récits révèlent des dynamiques politiques complexes. On reconnaît dans cette description Consider Phlebas, le premier roman du cycle de la Culture d'Iain M. Banks, publié en 1987, dont le titre s'inspire d'un vers du poème The Waste Land de T.S. Eliot.
Les deux courants du NSO
"Avec Singularité (2002), de Stephen Baxter, la S-F avait rarement offert une perspective aussi étendue tant dans l'espace que dans le temps. Le cycle des Xeelees relève du nouveau space opera dont il existe deux courants principaux. Le NSO postmoderne dont Hyperion de Dan Simmons est un bon exemple et dont les œuvres de Samuel R. Delany sont les précurseurs. Et le NSO classique, représenté, entre autres, par ce cycle des Xeelees dont les précurseurs sont le cycle du Centre Galactique de Gregory Benford et La Paille dans l'œil de Dieu, co-écrit par Larry Niven et Jerry Pournelle en 1974, qui constituait le dernier grand space opera classique". (4)
À la confluence de ces deux courants, l'énorme trilogie The Night's Dawn (1996-1999) de Peter F. Hamilton a constitué un jalon dans la science-fiction de cette fin de siècle, comme l'avait fait Hyperion au début de la décennie. L'auteur britannique, qui revendiquait l'héritage d'Edmond Hamilton et de ses Star Kings, jouait sur tous les registres du space opera en mélangeant fantastique (retour des morts), roman noir (Al Capone comme antagoniste) et science-fiction (habitats et vaisseaux bio-techs, cyborgs, xénos, technologie tau zéro, etc.). Ayant retenu les leçons d'Asimov, de Van Vogt, de Frank Herbert et de Dan Simmons en matière d'histoire future et de civilisation galactique, ce créateur d'univers ne manquait pas d'humour et ne craignait pas de se moquer, non sans quelque perversité, du genre qu'il illustrait.
"En 1989, le cycle d'Hyperion de Dan Simmons représentait sans doute l'un des space operas les plus ambitieux au sens moderne du terme. Non seulement par le grand nombre de thèmes qu'il traite avec virtuosité (parmi lesquels le voyage dans le temps, l'intelligence artificielle, le cyberespace, la quête religieuse, la menace extraterrestre, la guerre interstellaire et bien d'autres), mais aussi par sa qualité littéraire, sa dimension visionnaire et métaphysique, sa mise en abîme des textes poétiques de John Keats, ou encore son travail sur la structure romanesque (le premier tome des Cantos d'Hyperion s'inspire des Contes de Canterbury de Chaucer)". (5)
L'ère post-humaine
Dans son essai intitulé "The Coming Technological Singularity : How to Survive in the Post-Human Era", publié en 1993, Vernor Vinge introduit un concept clé : la « singularité technologique ».
"La Singularité peut être vue comme la fin de la civilisation humaine et le début d'une nouvelle. Dans son essai, Vinge s'interroge sur les raisons de la fin de l'ère humaine, et soutient que les humains se changeraient pendant la Singularité en une forme supérieure d'intelligence. Après la création d'une intelligence surhumaine, les humains tels que nous ne seraient nécessairement, d'après Vinge, que des formes de vie de moindre importance en comparaison.
D'autres arrivent au même résultat via les manipulations génétiques, via la fusion/symbiose avec des extra-terrestres ou via de nouvelles théories mathématiques. Dans tous les cas, nous avons affaire à une métamorphose fondamentale, un changement de paradigme qui englobe toute l'humanité. Et les auteurs de NSO n'hésitent pas à se projeter bien au-delà de la singularité, à une époque où notre espèce, sous sa forme actuelle, a cessé d'exister". (3)
Les individus existent désormais en diverses variétés post-humaines, souvent aussi étrangères les unes aux autres que les anciens « monstres aux yeux pédonculés » l'étaient aux humains ! Ils possèdent des pouvoirs quasi-divins, une apparence et un sexe variables, une durée de vie quasi-immortelle grâce à la sauvegarde numérique.
Dans Accelerando (2005) de Charles Stross, l'espèce humaine évolue si radicalement que les générations successives deviennent mutuellement incompréhensibles. La notion même d'humanité devient problématique dans un univers où la conscience peut être dupliquée, modifiée, fusionnée. Dans Glasshouse (2006), les protagonistes changent de corps comme de vêtements, revêtent différentes identités sexuelles et vivent des milliers d'années. L'identité devient fluide et modulable, remettant en question nos conceptions les plus intimes de l'individualité. Le corps se transforme en simple interface : enveloppe jetable, matériau malléable que greffes et modules complémentaires peuvent modifier à volonté. Il n'a plus rien de sacré. On le sacrifie, on l'use comme un outil, on le régénère ou le duplique. Le post-humain s'est affranchi de la tyrannie de la chair.
House of Suns (2008) d'Alastair Reynolds illustre cette fragmentation de l'individu. Dans ce lointain futur, Abigail Gentian s'est fractionnée en un millier de clones masculins et féminins, formant la Lignée Gentiane. Campion et Purslane, deux de ces clones, naviguent dans la Voie Lactée pendant des millénaires, témoins de civilisations qui émergent et s'effondrent comme des saisons. Cette multiplication radicalise la logique de l'incompréhension mutuelle : les différentes branches de l'espèce deviennent littéralement étrangères les unes aux autres.
L'humanité face à l'incompréhensible
Cette idée était déjà au cœur de la SF post-1960, mais le NSO pousse le concept jusqu'au vertige : l'humanité y découvre des artefacts extraterrestres si avancés qu'ils défient toute compréhension. Les « Big Dumb Objects » — ces structures colossales, muettes, inintelligibles — ne se contentent plus d'être énigmatiques : ils remettent en question la capacité même de l'intelligence humaine à appréhender l'univers. Dans Hypérion, les mystérieux Tombeaux du Temps, « d'immenses structures menaçantes » qui remontent le temps, constituent l'objectif du pèlerinage des personnages.
Ce mystère change d'échelle avec des technologies extraterrestres qui opèrent au niveau moléculaire. The Expanse, commencé en 2011 avec Leviathan Wakes, introduit la protomolécule, une technologie extraterrestre qui transforme selon des logiques impénétrables. Cette nanomachine, décrite comme « un ensemble d'instructions flottantes conçues pour s'adapter et guider d'autres systèmes de réplication », ni vraiment vivante ni purement mécanique, utilise les rayonnements ionisants comme source d'énergie et fonctionne comme un « nanofluide » capable de reprogrammer la matière organique. La série, créée par Daniel Abraham et Ty Franck sous le pseudonyme de James S.A. Corey, présente une humanité technologiquement avancée mais fondamentalement démunie face à un tel pouvoir. La protomolécule ne « fait » pas quelque chose à l'humanité : elle la redéfinit selon des paramètres qui nous échappent totalement.
Repenser l'Empire
Dès les années 1950, des œuvres classiques posent les jalons d'une réflexion sur l'évolution des empires galactiques. Cordwainer Smith propose dans son Instrumentality of Mankind une civilisation galactique à un moment charnière, où l'Instrumentalité décide de démanteler la société stable qu'elle avait créée pour reconstruire les anciennes cultures. Isaac Asimov, avec Fondation (1951), transpose la chute de l'Empire romain à travers sa psychohistoire prédictive, tandis que Jack Vance imagine dans Gaean Reach (à partir de 1963) des systèmes politiques variés, souvent instables ou décadents. La saga Flandry (1965), de Poul Anderson, se déroule dans un Empire terrien galactique trop vaste pour être contrôlé efficacement.
Dans le cycle de la Culture (1987-2012), Iain M. Banks imagine une civilisation où la notion même d'empire devient obsolète. Par sa conception des habitats spatiaux quasi autonomes, il efface de ses récits le pouvoir centralisé lui-même. Sa civilisation pan-galactique fonctionne sans gouvernement hiérarchique, et ses citoyens post-humains évoluent dans une abondance gérée par des IA bienveillantes. Chez Reynolds, dans l'univers de Revelation Space (2000), on trouve des factions autonomes dispersées, des entités politiques post-humaines temporaires, des organisations fluides qui se forment et se dissolvent selon les besoins.
La science-fiction française a développé ses propres space opéras remarquables. Parmi eux, Latium de Romain Lucazeau, publié en 2016, est un space opera uchronique, intellectualisé et nourri de culture classique, ancré dans la philosophie d'Aristote et de Leibniz. Cette œuvre présente un futur post-apocalyptique peuplé exclusivement d'immenses nefs stellaires intelligentes. L'espèce humaine a succombé à l'Hécatombe. Orphelines de leurs créateurs et dieux, esseulées et névrosées, ces princes et princesses de l'espace attendent, repliées dans l'Urbs, une inéluctable invasion extraterrestre, à laquelle leur programmation les empêche de s'opposer. Lucazeau développe une vision réenchantée du genre, contrastant avec les exoplanètes glacées et l'esthétique parfois austère du New Space Opera anglo-saxon. Cette approche propose une autre voie pour le space opera, où le théâtre de Corneille dialogue avec les codes de la science-fiction contemporaine.
Plutôt que d'imaginer des alternatives à l'empire, John Scalzi en analyse la chute inéluctable. The Collapsing Empire (2017) se déroule dans un empire galactique de quarante-huit systèmes stellaires, unis par le Flux, une technologie de voyage spatial. Lorsque ce réseau vital se désintègre, l'empire de la famille Wu se trouve menacé d'effondrement. Scalzi combine intrigues politiques, action spectaculaire et réflexion sur la fragilité des civilisations. Ce livre marque le début de la série L'Interdépendance, une trilogie qui unit space opera classique, thriller politique et réflexion sur des enjeux contemporains, intégrant humour et base scientifique crédible.
Conclusion
Né dans le monde anglo-saxon, le « New Space Opera » connaît un succès qui dépasse largement les frontières littéraires, comme l'illustre le jeu vidéo Mass Effect. Ce genre assume pleinement sa fonction d'évasion et cultive l'émerveillement à une échelle cosmique inédite. Ses auteurs rivalisent d'inventivité pour captiver le lecteur avec des concepts vertigineux : sphères de Dyson, trous noirs transformés en superordinateurs, civilisations capables de reconfigurer des galaxies entières.
Pourtant, derrière cette accumulation de décors spectaculaires et d'effets pyrotechniques se dessine une ambition plus profonde. À la différence des space operas des années 1940 et des sagas grand public qui puisaient dans des structures narratives millénaires — la chute et la rédemption, le héros face au monstre, le mentor sage guidant l'élu, la quête initiatique contre la destinée, la mort et la renaissance —, le New Space Opera forge de nouveaux archétypes contemporains. L'immortalité se conjugue avec la post-humanité, l'intelligence artificielle devient un symbole universel de puissance autant qu'une menace potentielle, les biotechnologies et nanotechnologies cristallisent nos fantasmes collectifs de transformation radicale du corps humain. Ces grandes aventures spatio-temporelles ne cherchent pas tant à réveiller l'universel qu'à créer de nouveaux mythes fondateurs, à inventer les récits qui façonneront nos mythologies de l'avenir.
Sources :
(1) In : Sylvie DENIS - Première parution : 1/7/2009 dans Bifrost 55 - Mise en ligne le : 31/10/2010. https://www.noosfere.org/livres/niourf.asp?numlivre=2146572378
(2) In : APOPHIS. Comprendre les genres et sous-genres des littératures de l’imaginaire : partie 7 – Sous-genres majeurs de la SF. https://lecultedapophis.com/2017/06/19/comprendre-les-genres-et-sous-genres-des-litteratures-de-limaginaire-partie-7-sous-genres-majeurs-de-la-sf/
(3) In : Jean-Claude DUNYACH - Du Space Opera au Nouveau Space Opera : la métamorphose d’un genre. https://www.noosfere.org/articles/article.asp?numarticle=584
(4) In : Jean-Pierre LION - Première parution : 1/4/2010 dans Bifrost 58 - Mise en ligne le : 16/7/2011. https://www.noosfere.org/livres/niourf.asp?numlivre=2146575685
(5) In : Jacques Baudou - La Science-fiction, PUF, " Que sais-je ? ” no 1426, 2003
Nos chaleureux remerciements aux chroniqueurs, aux revues Bifrost et Galaxies ainsi qu'à nooSFere pour sa promotion de la science-fiction parue en langue française.