L'actualité de la SF porteuse d'espoir
Il n'y a jamais eu autant besoin d'utopie, d'ouvrir les champs du possible.
En France, la mayonnaise utopiste prend lentement. La maison d'édition La Volte a créé une collection, Eutopia, pour porter ces nouveaux récits. Cependant, l'éditeur, Mathias Echenay, regrette que la maison ne publie qu'un livre par an, car ils reçoivent encore très peu de propositions abouties.
Préparez-vous à voir le futur en rose
On s’intéresse au genre méconnu de la science-fiction positive ou utopique, qui nous permet d’imaginer un monde meilleur. Et on en a besoin.
Entre reconceptualisation de l’utopie politique, sous-genres de la SF, et notions permettant de dépasser le clivage utopie/dystopie, on vous propose une sélection d'articles pour en savoir plus sur un monde qui s'ouvre aux champs du possible.
En bref, la SF positive, c'est :
- utopie / eutopie
- prototopie
- protototopie
- hopepunk
- solarpunk
Face à la catastrophe, oserons-nous rêver d’autres mondes ?
Utopiste des grands chemins, diplômée de lettres modernes et docteure en philosophie politique, Alice Carabédian travaille à une reconceptualisation de l’utopie politique au sein de la science-fiction contemporaine.
Pour l’autrice de Utopie radicale Par-delà l'imaginaire des cabanes et des ruines, les images de SF permettent une repolitisation de la culture populaire, et il est urgent de «forger des images positives», d’édifier des mondes et non plus seulement espérer «réparer les débris qu’Ils nous laissent».
La protopie, c'est quoi ?
Certains préfèrent le terme de "protopie" comme alternative à la décourageante dystopie et à l'impossible utopie.
« Le protopiste croit que demain peut être meilleur. Pas parfait, juste meilleur. Et il vise, et cherche, de petits changements. Le protopiste croit qu'on peut essayer, se tromper, recommencer parce qu'on a fait fausse route. »
Kevin Kelly parle de cécité devant l'avenir, "mais espère que notre aveuglement actuel n’est qu’une phase passagère et que nous recommencerons à générer des visions plausibles d’un avenir souhaitable, légèrement meilleures qu’aujourd’hui. Ces visions protopiques ne seront pas aussi passionnantes que les dystopies ou les utopies, mais elles pourraient être suffisamment passionnantes pour être visées. "
Pouvez-vous nommer un seul futur de science-fiction à la fois plausible et souhaitable ?
Ouvrir un espace de possibles avec la prototopie
Le terme de prototopie est un néologisme employé par Yannick Rumpala, enseignant-chercheur à l'Université de Nice et auteur de l'ouvrage "Hors des décombres du monde : écologie, science-fiction et éthique du futur". Il le définit, selon un compte-rendu d'Irène Langlet publié dans la Revue d'études sur la science-fiction et lisible sur OpenEdition, comme "une réflexion qui ne s’inscrit ni dans l’utopie ni dans la dystopie mais veut « ouvrir un espace de possibles », notamment via des « lignes de fuite »."
"D’aucuns séparent l’utopie de la dystopie, là où je les tiens comme inséparables dans ces prototypes fictionnels expérimentaux que le chercheur Yannick Rumpala appelle des prototopies." Ariel Kyrou
"La notion de prototopie permet de dépasser le clivage utopie/dystopie pour se concentrer sur l’idée d’un « espace cognitif anticipateur » qui montre des sociétés possibles, et interroge alors la volonté d’expérimentation sociale de l’auteur et l’interprétation de celle-ci par le lecteur." Ariel Kyrou
Ariel Kyrou utilise la science-fiction, la contre-culture et les arts contemporains autant que la philosophie pour penser et panser le monde d’aujourd’hui.
Le hopepunk et le solarpunk : des sous-genres de la SF
Le hopepunk et le solarpunk prennent le contre-pied de la dystopie, largement majoritaire en SF d'anticipation :
Le hopepunk est une branche de la science-fiction qui a été créée en 2017 par l’autrice américaine Alexandra Rowland. « Il désigne un sous-genre littéraire et culturel qui met en avant un espoir contestataire et l’idée que nous pouvons refuser l’avenir sombre, angoissant et cynique auquel nous semblons condamnés ». Le hopepunk prend le parti d’essayer d’améliorer la société malgré l’état actuel de notre monde. Ainsi, les récits s’inscrivant dans ce genre ne sont pas nécessairement utopiques. Ils peuvent au contraire proposer des univers dystopiques, mais l’espoir demeure. L’esprit de communauté est également important au genre, puisque cette volonté d’améliorer les choses passerait par la collaboration et l’entraide. Le hopepunk se distingue du solarpunk, qui se concentre sur les énergies renouvelables ainsi que sur la technologie en général afin de « remplacer les énergies fossiles », ce qui n’est pas nécessairement le cas du hopepunk.
Une sélection de podcasts pour en savoir plus sur la SF positive :
Ouvrons le champ du possible
Un mouvement artistique qui va puiser son énergie dans le soleil
Le Solarpunk s'intéresse à la culture des jeunes créateurs, aux solutions locales, aux réseaux d'énergie locaux, aux moyens de créer des systèmes autonomes.
Solarpunk - Vers des futurs radieux. Dirigé par André-François Ruaud : https://www.moutons-electriques.fr/solarpunk
Où sont passées les utopies ?
Écoutons Bernard Werber sur l’importance d'imaginer un futur harmonieux pour qu'un jour, il puisse avoir une chance d'exister :
La Science, CQFD
La dystopie règne en maître, dans l'univers de la science-fiction. Même si certains auteurs tentent de dépeindre un futur désirable, comme Fabien Cerutti, dans son ouvrage "Terra Humanis" paru aux éditions Mnémos.
Comment parvenir à réaliser ces espaces hopepunk sans repartir de zéro ?
Entre utopie et dystopie : des idées de lectures pour penser un monde idéal (ou pas)
L'utopie peut-elle encore renouveler le registre de l'action publique et de la vie civique ? Où sont les ambitions ? Comme reconstruire un projet politique autour de l'intérêt général ?
« La SF du XXIe siècle tourne désespérément autour des “trois piliers” du transhumanisme ; immortalité, biotechnologies et intelligence artificielle », analysait ainsi Catherine Dufour dans un article du Monde diplomatique.