L'actualité des villes nouvelles

L'actualité des villes nouvelles
Image de synthèse du projet Telosa dans le Nevada estimé à 400 milliards de dollars. (DR)

Si les arcologies représentent une approche futuriste et radicale des développements urbains, celle des villes nouvelles est plus conventionnelle, bien que souvent novatrice. La "Ville Nouvelle" est un concept urbain qui désigne une ville planifiée et construite de toutes pièces dans le but de répondre à des besoins spécifiques de développement urbain et de gestion de la croissance démographique.

Alors qu’elles n’occupent que 2 % de la surface du globe, les villes abritent plus de 50 % de la population et représentent 75 % de la consommation énergétique mondiale. Des cités futuristes, vertes et hyperconnectées, voient ainsi le jour. King Abdullah Economic City (Arabie saoudite), Tianjin Eco-city (Chine), Songdo (Corée du Sud)… : créées de toutes pièces et financées par le biais de partenariats public-privé, ces villes-pilotes, qui privilégient les espaces verts et les équipements écologiques, se dotent des dernières innovations en matière de technologies de l’information et de la communication pour optimiser leurs réseaux (de transports, énergétiques, etc.). À Songdo, première cité ubiquitaire du monde, des capteurs transmettent les données personnelles des citadins à un ordinateur central dans le but de simplifier leur vie (une carte unique permet de payer ses achats, de pénétrer dans son immeuble, d’accéder à sa consommation énergétique et à celle de ses voisins…). Mais si certains souhaitent ériger ces laboratoires du futur en modèle urbain, d’autres, à l’inverse, n’y voient que des vitrines technologiques sans âme, au centre d’un business juteux.

Les villes nouvelles, concept développé au 20e siècle, répondent à des enjeux majeurs tels que la congestion urbaine, la surpopulation et la nécessité d'une planification urbaine plus rationnelle. Ces projets visent principalement à décongestionner les centres urbains existants, offrir de nouveaux emplois, répondre aux besoins croissants en logements, et promouvoir un cadre de vie moderne et durable. Leur planification est réalisée par des experts en urbanisme, des architectes et des ingénieurs, intégrant des zones fonctionnelles comme des espaces résidentiels, commerciaux, industriels et de loisirs, ainsi que des infrastructures de transport modernes. L'accent est mis sur la qualité des espaces publics, des logements et des équipements communautaires.

Les sites des villes nouvelles sont choisis en fonction de critères stratégiques, tels que la disponibilité des terres, la proximité avec les centres urbains, ou les opportunités économiques. Elles sont souvent situées en périphérie des grandes villes pour absorber l'expansion urbaine tout en désengorgeant les zones centrales. Ces villes se développent généralement par étapes, avec une planification s'étalant sur plusieurs décennies. Les infrastructures de base, comme les routes, réseaux d'eau et d'assainissement, sont mises en place en priorité pour soutenir les phases ultérieures de construction.

Parmi les exemples emblématiques figurent Brasília au Brésil, Chandigarh en Inde et Milton Keynes au Royaume-Uni. De nombreux pays, notamment la Chine, ont également développé des villes nouvelles pour répondre à une urbanisation rapide et aux besoins en logements et en emplois. Cependant, ces projets ne sont pas exempts de critiques. L'éloignement des centres existants, la dépendance à l'automobile, et des problèmes de cohésion sociale ou d'identité urbaine figurent parmi les obstacles rencontrés. Certains soulignent également l'impact environnemental de ces projets, notamment la disparition de terres agricoles, la perte de biodiversité, et les difficultés d'accès pour les populations les plus défavorisées.


Le développement des villes nouvelles répond à des besoins variés liés à l'urbanisation rapide, à la croissance démographique et aux exigences modernes en matière de logements et d'infrastructures. Ces initiatives traduisent une diversité de motivations adaptées aux priorités régionales et nationales. On peut en distinguer sept principales :

  1. Développement technologique : L'essor rapide de la technologie et de l'industrie numérique a entraîné la création de villes nouvelles axées sur l'innovation technologique. Ces villes sont conçues pour attirer des entreprises de haute technologie, des startups et des talents dans des secteurs tels que la technologie de l'information, l'intelligence artificielle et les sciences de la vie. Un exemple : Sophia Antipolis est un technopôle situé dans le sud de la France, près de Nice. Il est conçu pour encourager l'innovation technologique et abrite de nombreuses entreprises de haute technologie, des laboratoires de recherche et des centres de formation..
  2. Réponse aux changements climatiques : Certaines villes nouvelles sont conçues avec une attention particulière à la résilience climatique. Elles intègrent des mesures d'adaptation aux changements climatiques, telles que des infrastructures de gestion de l'eau, des bâtiments durables et des plans d'urgence pour faire face aux catastrophes naturelles. Un exemple : Masdar City est une ville durable conçue pour être neutre en carbone. Elle intègre des technologies d'énergie renouvelable, de gestion de l'eau et de construction écologique pour faire face aux défis climatiques.
  3. Promotion du tourisme : Dans certaines régions, la création de villes nouvelles est liée à la promotion du tourisme. Ces villes sont conçues pour offrir des attractions touristiques, des hôtels, des centres de divertissement et des infrastructures de transport pour attirer les visiteurs. Un exemple : La ville de Suncheon en Corée du Sud a organisé une exposition horticole internationale pour promouvoir le tourisme et l'écotourisme. Cette initiative a conduit au développement de jardins, de parcs et d'attractions touristiques.
  4. Diversification économique : Les gouvernements créent parfois de nouvelles villes pour diversifier l'économie de leur pays ou de leur région. Cela peut impliquer la création de zones économiques spéciales, de parcs industriels ou de zones franches pour stimuler différents secteurs économiques. Un exemple : King Abdullah Economic City (KAEC) est une ville économique créée pour diversifier l'économie saoudienne. Elle abrite des zones franches, des entreprises, des ports et des infrastructures pour encourager l'investissement et le commerce.
  5. Réhabilitation de zones urbaines dégradées : Certaines villes nouvelles sont créées en réhabilitant des zones urbaines dégradées ou en reconstruisant d'anciennes installations industrielles. Cela peut revitaliser des régions en déclin et créer de nouvelles opportunités de développement. Un exemple : Les Docklands de Londres étaient autrefois une zone portuaire en déclin. Elles ont été réhabilitées au 20e siècle pour devenir un quartier moderne avec des bureaux, des appartements et des espaces culturels.
  6. Promotion de la culture et des arts : Des villes nouvelles sont conçues pour servir de centres culturels et artistiques, avec des musées, des galeries, des centres de spectacles et des espaces pour les artistes. Elles visent à favoriser la créativité et à devenir des destinations culturelles. Un exemple : Songdo, située à proximité de Séoul, a été planifiée pour devenir une ville internationale du futur. Elle comprend des espaces culturels tels que le Songdo Convensia, un centre de congrès et d'expositions de pointe, ainsi que des espaces verts, des galeries d'art et des installations artistiques publiques.
  7. Planification durable : La durabilité environnementale est devenue une préoccupation majeure dans la création de villes nouvelles. Elles sont planifiées avec des objectifs de réduction de l'empreinte carbone, d'utilisation efficace des ressources et d'adoption de modes de vie plus respectueux de l'environnement. Un exemple : Hammarby Sjöstad, située à Stockholm, est un exemple de développement urbain durable. La ville a été conçue pour minimiser l'empreinte carbone, avec des bâtiments économes en énergie, des systèmes de transport écologiques et une gestion efficace des déchets.

En résumé, les villes nouvelles reflètent une diversité de priorités allant de l'innovation technologique à la durabilité environnementale. Ces projets, ambitieux par nature, requièrent toutefois une attention particulière pour assurer leur réussite et leur viabilité sur les plans social, économique et environnemental.


Une sélection d'articles pour en savoir plus sur l'actualité des villes nouvelles :

France :

L’Île-de-France est née dans les années 60 : comment sont nées les « villes nouvelles »
« Delouvrier, mettez-moi de l’ordre dans ce bazar ! ». Cette phrase n’a jamais été prononcée par De Gaulle, mais la légende veut que les deux hommes aient
De Disney à Cergy : la magie des villes nouvelles a-t-elle opéré ?
Au milieu des années 1960, les pouvoirs publics font face à deux problèmes majeurs : celui du manque de logements sociaux et celui de l’aménagement des zones urbaines en expansion. Pour répondre à cela, plusieurs projets de villes nouvelles voient le jour. Quels résultats ?

Au milieu des années 1960, en France, les pouvoirs publics font face à deux problèmes majeurs : celui du manque de logements sociaux et celui de l'aménagement des zones urbaines en expansion. Pour répondre à cela, plusieurs projets de villes nouvelles voient le jour. Quels résultats ?

Les villes nouvelles créées il y a 50 ans luttent pour rester attractives
L’incroyable utopie urbaine des années 1960, incarnation de la puissance bâtisseuse de l’Etat, a produit 9 cités aux destinées très différentes. Cinq sont en Ile-de-France. Pour les élus locaux, devenir une « vraie ville » et sortir de la spirale de l’endettement est désormais un défi à part entière…
Et si la ville du futur était en train de sortir de terre à Nice ?
Dans la plaine du Var à Nice, le chantier du quartier d’habitation de la technopole Méridia est lancé. Un “morceau de ville” imaginé afin de concilier les enjeux écologiques, économiques et sociétaux de demain.

Allemagne :

Les ports du monde - Allemagne: la Hafencity d’Hambourg, le quartier rénové du port qui séduit
Le port de Hambourg est le plus important d’Allemagne et le troisième par sa taille en Europe après Rotterdam et Anvers. Installé le long du fleuve Elbe, il a dû évoluer avec le temps et la taille des…

Un nouveau quartier, Hafencity, a été lancé il y a vingt ans. Il est toujours en travaux, mais désormais, il a été adopté par les habitants et les touristes. Sa qualité de vie est appréciée.

Chine :

VIDEO - Pourquoi la Chine construit une gigantesque mégalopole à 150 km de Pékin
Voulue par le président Xi Jinping, Xiongan devra accueillir plusieurs institutions publiques. Mais cette « ville nouvelle » sème le doute chez de nombreux investisseurs.
Tianjin, éco-cité de Chine
Tianjin, à quelque 150 kilomètres à l’est de Pékin, est un modèle de ville du futur. Les travaux de construction de l’éco-cité ont débuté en 2008 et bien que l’ensemble ne sera achevé qu’en 2020, une soixantaine de familles a déjà emménagé cette année dans l’une des résidence «vertes» de ce complexe de 30 kilomètres carrés.

Corée du sud :

Songdo, la « ville du futur » face à ses contradictions
La « smart city » de Songdo, en Corée du Sud, alimente fantasmes et caricatures. Elle est aujourd’hui en pleine phase de finalisation. Reportage.

Japon :

Toyota Sustainable Smart City
Pattaya City and Toyota join forces to construct a cutting-edge sustainable Smart City, paving the way for a brighter, greener future. Click here to learn more!

Woven city, la ville du futur imaginée par Toyota

Indonésie :

À l’été 2024, le président indonésien inaugurait Nusantara, la nouvelle capitale du pays. L’État devient ainsi le premier à déménager sa capitale pour, entre autres, des raisons climatiques : l’ancienne capitale, Jakarta, s’enfonce en raison de l’urbanisation et du pompage des eaux souterraines, et les impacts – notamment les inondations – s’aggravent avec la montée du niveau des mers.

L’Indonésie transfère sa capitale de Jakarta vers la ville nouvelle de Nusantara
Le parlement indonésien a validé mardi 18 janvier le changement de sa capitale. Jakarta va céder sa place à Nusantara, une ville qui reste à construire.

Ville nouvelle impulsée par le changement climatique. Déjà retardés par la pandémie, les travaux dans la cité pourraient se poursuivre jusqu'en 2045.

Malaisie :

«Ville fantôme» : ce projet raté à 100 milliards du promoteur chinois en difficulté Country Garden
En 2016, le géant de l’immobilier chinois a lancé un méga-projet de ville futuriste. Sept ans plus tard, seules quelques milliers de personnes y habitent, sur les 700.000 qu’elle devait accueillir initialement.

Baptisé Forest City et lancé en 2016, ce méga-projet à 100 milliards de dollars de «ville du futur intelligente et verte» implantée dans le sud de la Malaisie, près de Singapour, s’avère être un échec cuisant. Il est même qualifié de «Ville fantôme».

Afrique :

Les « villes nouvelles » d’Afrique. Tendance politique ou solution urbaine ?
Les villes nouvelles sont en vogue. En Afrique subsaharienne, comme dans d’autres régions du monde, les gouvernements encouragent la construction de méga-infrastructures qui sont promues comme une solution prometteuse aux défis de la croissance urbaine rapide.

Les « villes nouvelles » d'Afrique. Tendance politique ou solution urbaine ?

De l'Arabie Saoudite à l’Égypte :

De Sissi-City à Neom, la fièvre des villes nouvelles : épisode • 3/3 du podcast Les métamorphoses des villes
AUDIO • 3/3 : De Sissi-City à Neom, la fièvre des villes nouvelles. Les métamorphoses des villes est une série inédite proposée par France Culture. Écoutez gratuitement en ligne ce podcast et parcourez tout notre catalogue.

Aujourd'hui, panorama des villes nouvelles en Chine, en Égypte et en Arabie Saoudite

Saudi Arabia: Emaar The Economic City unveils SAR8.7bn COP
The plan, approved by Emaar The Economic City’s board, is designed to stabilise EEC’s financial platform, positioning it for long-term growth

Égypte :

Egypte : Le Caire bis, la folie à 58 milliards de Sissi
Sur une surface équivalente à Singapour, l’Egypte bâtit sa nouvelle capitale. Construite sous l’étroit contrôle des militaires et du chef de l’Etat, cette ville incarne les ambitions pharaoniques d’un président toujours plus autocrate.

Sorte de Léviathan exposant ses entrailles et ses artères, la cité inachevée, à 65 km à l'est du Caire, doit devenir le nouveau centre géographique et symbolique du pouvoir.

Résumé [ChatGPT] de l'article réservé aux abonnés du quotidien LES ÉCHOS - décrivant la construction de la nouvelle capitale Égyptienne :

Le texte décrit la construction de la nouvelle capitale de l'Égypte, située à l'est du Caire. Cette capitale, encore sans nom sur Google Maps, est un projet ambitieux comprenant une tour emblématique de 385 mètres de haut, des institutions gouvernementales, des universités, des centres d'affaires, et plus de 25 000 logements. Le projet est immense, coûteux (estimé à 58 milliards de dollars) et dirigé par l'entreprise publique Administrative Capital for Urban Development (Acud), qui est contrôlée par l'armée égyptienne.

La nouvelle capitale est conçue comme une ville intelligente, utilisant la technologie pour améliorer l'efficacité, la durabilité et la qualité de vie. Elle vise à résoudre les problèmes de surpopulation, de pollution et de développement anarchique du Caire actuel. Cependant, le texte souligne que les prix de l'immobilier dans cette nouvelle capitale sont élevés par rapport au pouvoir d'achat moyen des Égyptiens, ce qui pourrait entraîner des défis économiques.

L'armée égyptienne joue un rôle clé dans ce projet, ce qui soulève des inquiétudes concernant la transparence et la concurrence dans le secteur immobilier. Malgré cela, le projet semble bénéficier du soutien de la population en raison de ses promesses de développement économique et de résolution de problèmes urbains.

En fin de compte, la construction de cette nouvelle capitale représente un enjeu politique majeur pour l'Égypte, avec des implications économiques et géopolitiques significatives, notamment la participation de la Chine en tant que partenaire financier important.


Amérique du Nord :

Des expériences de projets urbains imaginés par des milliardaires américains sont en devenir :

De Bill Gates à Elon Musk, 5 villes imaginées par des milliardaires américains
Inventer une solution pour rendre la vie éternelle, coloniser Mars, modifier le climat : les milliardaires américains de la tech ne sont jamais à court d’idées pour dépenser leur colossale fortune. A l’image d’Elon Musk, certains se contentent de vouloir bâtir une ville qui leur ressemble. Avec des…

Sortir de terre des cités d'un nouveau genre, telle est l'ambition de certains milliardaires. Loin d'être de simples lubies pour ces fortunes à l'égo démesuré, ces projets portent les valeurs du monde de demain, entre écologie et réduction des inégalités. Mais la réussite n'est pas toujours une garantie pour ces utopies d'urbanisation. En voici cinq.

Résumé [ChatGPT] de l'article réservé aux abonnés du quotidien LES ÉCHOS - décrivant plusieurs projets urbains :

-Snailbrook par Elon Musk : Elon Musk, l'un des hommes les plus riches du monde, construit une ville-dortoir appelée Snailbrook dans le comté de Bastrop, près d'Austin, la capitale de l'état du Texas. La ville abritera les entrepôts et les sites de fabrication de ses entreprises, The Boring Co et Space X, ainsi que des résidences à loyer modéré pour les employés.

-Le Downtown Project de Tony Hsieh : Tony Hsieh, fondateur de Zappos, a transformé le centre historique de Las Vegas en une nouvelle Silicon Valley en acquérant de nombreuses propriétés et en créant des espaces modernes, des parcs, et en lançant des projets culturels et artistiques. Malheureusement, son décès a ralenti le développement ultérieur.

-Belmont de Bill Gates : Bill Gates a investi 80 millions de dollars dans le projet de Belmont, une ville futuriste et ultraconnectée dans le désert de l'Arizona, conçue pour être une « ville intelligente » équipée en 5G, avec des véhicules autonomes et des data centers.

-Telosa de Marc Lore : Marc Lore souhaite construire une « cité parfaite » appelée Telosa pour 5 millions d'habitants dans l'Ouest américain. La ville serait gérée par une fondation à but non lucratif, et la valeur générée serait redistribuée sous forme de services sociaux. Si la vision de Marc Lore paraît irréaliste, oscillant entre un capitalisme communiste antithétique, elle montre bien la manière dont ces villes privées sont pensées par leurs créateurs, c'est-à-dire comme des start-up. L'ancien fondateur de deux e-commerces florissants espère ainsi une population de 5 millions d'habitants d'ici 2030. Un goût du risque toujours au cœur des projets de l'homme d'affaires.

Ces projets, bien qu'ambitieux et portant des valeurs d'écologie et de réduction des inégalités, ne sont pas toujours couronnés de succès, certains étant confrontés à des obstacles politiques ou logistiques.

-Depuis cinq ans, une mystérieuse société appelée Flannery Associates a acquis plus de 222 km2 de terres, soit plus de deux fois la superficie de Paris, dans le nord de la Californie. Récemment, il a été révélé que cette société a été créée par des milliardaires de la technologie, dont Jan Sramek, Reid Hoffman (cofondateur de LinkedIn), Marc Andreessen (investisseur célèbre) et Laurene Powell Jobs (veuve de Steve Jobs). Leur objectif est de construire une ville utopique avec des habitations, une ferme de panneaux solaires, des vergers et des espaces verts, située entre Fairfield et Rio Vista, à environ 75 km de San Francisco.

Google, Facebook, Y combinator sont passés par là.

Ce n’est pas la première fois que des milliardaires de la Silicon Valley se rêvent en pionniers des villes du futur. Larry Page, le cofondateur de Google, voulait déjà en 2016 améliorer les villes américaines avec des agglomérations dopées aux nouvelles technologies. Peter Thiel, le controversé et très pro-Trump cofondateur de PayPal, avait proposé en 2018 d’établir des villes flottantes paradisiaque au milieu du Pacifique, libérée de la bureaucratie et des taxes, pour échapper à la menace de la montée des eaux dues au réchauffement climatique, mais le projet a échoué en raison de dissensions politiques. La célèbre pépinière californienne à start-up Y combinator a également mis en place un projet pour échafauder les villes du futur, tandis que Facebook négocie avec San Francisco le droit de construire ce que le New York Times a appelé “Zucktown” (en référence à Mark Zuckerberg, le fondateur du réseau social) en périphérie de la mégapole californienne.

À ce jour, aucune de ces idées n’a abouti. "Le fait de parler de ces projets semblent être plus important pour ces entrepreneurs que de réaliser concrètement ces villes”, estime Elisabetta Ferrari, sociologue qui étudie les impacts sociaux et politiques des nouvelles technologies à l’université de Glasgow. Faire miroiter des villes idéales permet à ces milliardaires “de démontrer qu’ils ont une vision pour que leur fortune bénéficie à la communauté”, ajoute cette spécialiste.

Ce passif permet de mieux comprendre les réticences des autorités du comté de Solano. Mais il ne s’agit pas seulement de scepticisme quant à la réalisation de ce énième projet de ville financé par des magnats de la tech. La crainte porte aussi sur la construction d'"une mégacité futuriste sans égard pour les besoins réels des communautés”, souligne John Garamendi, un élu démocrate de Californie interrogé par le quotidien San Francisco Chronicle.
Autrement dit, “ces riches entrepreneurs évoquent des ‘utopies’ urbaines, mais pour qui ?”, s’interroge la sociologue Elisabetta Ferrari. Le projet de Peter Thiel promettait, par exemple, une vie meilleure et plus soucieuse de l’environnement… pour ceux qui pouvaient se permettre de payer un logement sur des barges de luxe en pleine mer.

Les cités ouvrières de demain ?

Des milliardaires de la Tech se rêvent en bâtisseurs des cités ouvrières de demain
De riches géants de la Silicon Valley ont investi plus de 800 millions de dollars pour acheter des terres en Californie afin d’y bâtir une nouvelle ville, révèle le New York Times. L’élite du monde tech…

Flannery Associates s’est montré très discret sur les contours de sa future ville, jusqu'à ces dernières semaines...

"Ces villes 2.0 dopées aux nouvelles technologies ne seraient rien d’autres que la version moderne des cités ouvrières fondées par les magnats de l’industrie durant la révolution industrielle, assure le quotidien britannique The Guardian.
Ce serait, par exemple, le cas de Snailbrook, la cité qu’Elon Musk est en train de construire non loin de son usine Tesla, au Texas. “Ce sont des utopies d’entrepreneurs qui veulent avoir leurs salariés toujours sous la main”, explique le Guardian.
La ville rêvée de Flannery Associates n’est pas aussi ouvertement utilitariste que Snailbrook ou les cités ouvrières d’antan. Les logements sont censés être accessibles à tous et destinés en priorité aux classes moyennes, souligne le San Francisco Chronicle. Mais là encore c’est un objectif qui vise, en priorité, à faciliter la vie des grands groupes de la Silicon Valley. En effet, cette nouvelle ville doit permettre de freiner l’envolée des loyers dans la région de San Francisco qui, à ce jour, contraint les employeurs à augmenter les salaires afin de permettre à leurs salariés de se loger convenablement.
Tous ces milliardaires illustrent aussi les excès de ce qu’Elisabetta Ferrari appelle le “technosolutionisme” : “C’est l’idée qu’il y a une appli pour tout et que les solutions fondées sur la technologie sont forcément les meilleures”, résume-t-elle. Et comme ces entrepreneurs et investisseurs représentent la crème de la crème dans leur domaine, “ils s’imaginent forcément être mieux placés que la puissance publique pour résoudre des problèmes comme l’urbanisme de demain”, assure-t-elle.
Mais il ne faut pas s’y tromper car selon la sociologue, c’est “une approche très néolibérale de la situation. C’est-à-dire que ces milliardaires défendent l’idée que le secteur privé et le marché apportent forcément de meilleures solutions aux défis posés [par l'avenir] que l’État”."

Des millionnaires veulent construire la ville du futur en Californie
Serait-ce le nouveau rêve américain ? Pour ces multi-millionnaires américains, tous issus de la Silicon Valley, ça pourrait y ressembler. Tenu secret jusqu’à présent, le projet California for ever…

Un nouveau rêve américain ?