Le robot domestique qui prépare la conquête spatiale.

Il fut un temps où les robots humanoïdes, les colonies spatiales et l’automatisation des tâches domestiques n’étaient que des éléments de fiction. Dans les années 1960-1970, la science-fiction dessinait les contours d’un futur encore lointain, mais étrangement familier. Aujourd’hui, ces visions deviennent réalité. Et face à des signaux toujours plus nets, il devient difficile de s’en tenir au seul cadre fictionnel : nous glissons vers une lecture prospective du réel.
Parmi ces catalyseurs de transformation, le robot Optimus, développé par Tesla, incarne une mutation à la fois industrielle, sociale et géopolitique. Présenté comme un produit grand public, Elon Musk le décrit déjà comme le futur compagnon de millions de foyers. (1)
Un automate pour les familles
Elon Musk n’avance pas masqué : il prévoit de produire des milliers d’unités du robot Optimus dès cette année. Son objectif est d'en faire un produit du quotidien, comme la voiture électrique. Il a été rapporté que Musk envisage de produire le robot Optimus à un coût unitaire de 10 000 dollars, avec l'intention de le vendre entre 20 000 et 30 000 dollars, voire beaucoup moins à mesure que les quantités produites augmenteront. Cette stratégie repose sur une baisse rapide des coûts grâce à la production de masse, rendant l'automate accessible à une large clientèle, bien au-delà des laboratoires ou des entreprises. Ce robot est conçu pour les familles, pas seulement pour les chercheurs.
Une nouvelle forme de relation humain-machine
Optimus est bien plus qu’un outil : il est le symptôme d’un glissement culturel et social. Il répond directement aux besoins des sociétés modernes, marquées par l’individualisme, la fatigue, la paresse et le désir de simplification. Ce robot s’adresse à nos besoins quotidiens : surveiller un enfant, aider une personne âgée, préparer un repas, plier du linge... autant de tâches que nous serions tentés de déléguer à une machine disponible et infatigable, et en qui nous aurions toute confiance. Musk ne vend pas seulement un outil, il propose un soulagement : celui de pouvoir dire « ce n’est plus à moi de le faire ».
Derrière cette logique, c’est une nouvelle forme de relation aux machines qui s’installe : la délégation du soin, de la présence et de l’attention humaine. L’automatisation ne touche plus seulement les processus industriels, elle s’immisce dans l’intimité même de nos existences. À terme, ce robot pourrait occuper une place à la fois fonctionnelle et affective, modifiant radicalement nos manières d’habiter et de prendre soin des autres. Une véritable "robotisation des relations", où l’enfant grandit sous le regard d’une IA et la personne âgée finit sa vie assistée par un automate sans passé, sans émotion, sans chaleur.
Des minerais extraterrestres qui attirent
Optimus n’est pas qu’un produit domestique : il fait partie d’une stratégie industrielle et géopolitique plus large. En janvier 2025, Donald Trump a lancé le programme Stargate (2) pour renforcer l’avance technologique américaine dans l’IA appliquée aux environnements extrêmes, notamment l’espace et les astéroïdes métalliques riches en platine, osmium ou iridium (3). Ces métaux, d’une valeur colossale, sont un enjeu économique majeur pour les décennies à venir (4).
Pour intervenir dans ces environnements hostiles, il faut des robots capables d’autonomie, de réactivité et d’adaptation. Musk choisit d’entraîner ses IA à partir du chaos de la vie quotidienne : les salons encombrés, les jouets au sol, les animaux domestiques, les déplacements imprévus, deviennent des données utiles à l’apprentissage d’un robot généraliste capable d'agir de manière autonome. Optimus apprend chez nous pour agir ailleurs, peut-être demain, au-delà de la Terre.
Optimus sur le sol martien
Elon Musk a annoncé son intention d'inclure, pour la première fois, le robot Optimus dans un vol de sa fusée géante Starship vers Mars en 2026, écrivant sur les réseaux sociaux : « Starship partira, espérons-le, pour Mars à la fin de l'année prochaine avec des robots explorateurs Optimus ! »
Le principal allié de Trump a déclaré qu'un vol sans pilote serait suivi par des astronautes quelques années plus tard. « Le rythme des vols augmentera alors de manière exponentielle, avec l'objectif de construire une ville autonome d'ici une vingtaine d'années », a écrit Musk sur X, anciennement Twitter. « Être multiplanétaire augmentera considérablement l’espérance de vie probable de la conscience, car nous n’aurons plus tous nos œufs, littéralement et métaboliquement, sur une seule planète. »
Et si aller sur Mars n’était qu’un prétexte ? Une manière habile de masquer un autre objectif : l’implantation de data centers en orbite martienne (5), à l’abri des tensions géopolitiques, pour faire fonctionner des IA autonomes comme Optimus. Le but serait d’accélérer la conquête de nouveaux gisements miniers dans l’espace, loin des lois terrestres. Le robot domestique que nous installerons un jour dans nos maisons pourrait bien être la clé d’une stratégie d’expansion industrielle planétaire, voire interplanétaire. Le futur n’est plus à imaginer. Il reproduit déjà la marche humaine.
Sources :
(1) In :

Cyrille Dalmont est le directeur de recherche du laboratoire d'idées au sein de l'Institut Thomas More.
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Point de vue :

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