La SF est une boite à songes dont les côtés ne sont jamais fermés.
Entretien :

Dépassée, la science-fiction ?
Déplier les possibilités incluses dans le présent et rêver l’avenir qui le travaille obscurément sont des tâches majeures de la science-fiction. Longtemps considérée comme un foyer d’élucubrations juvéniles, elle est aujourd’hui saluée pour sa valeur prospective. Mais que va-t-elle pouvoir anticiper, quand la science et la technologie semblent l’avoir rattrapée ?
"Définir la science-fiction (SF) est une tâche ardue. L’un de ses maîtres, Isaac Asimov, s’y est risqué : « Une branche de la littérature qui se soucie des réponses de l’être humain aux progrès de la science et de la technologie. » Née il y a bien longtemps, puisqu’on aperçoit déjà son ombre dans l’épopée de Gilgamesh (XVIIIe siècle av. J.-C., quand même), elle a connu au début du XIXe siècle une brutale expansion reflétant l’accélération du progrès technique.
Il importe de distinguer deux approches internes au genre : la science-fiction romanesque et la science-fiction de proximité, dont le dernier avatar se nomme « cyberpunk ». La première, du space opera — dont Dune, de Frank Herbert (1965), est un des plus célèbres exemples — au « post-apocalyptique » — comme La Horde du Contrevent, d’Alain Damasio (2004), ou encore La Route, de Cormac McCarthy (2006) —, « peut souvent être décrite par l’expression “ailleurs et demain” (l’exploration spatiale, le futur lointain) ». En revanche, « le cyberpunk voulait parler du monde actuel, de sa violence et des technologies émergentes ». La SF romanesque, qui nous emmène loin de nous-mêmes et du monde que nous habitons, a encore de beaux jours devant elle. Mais qu’en est-il de son alter ego, qui met en scène ce futur proche que nous préparons aujourd’hui ?
Cet autre versant de la SF est une littérature d’« habituation » : elle tente d’apprivoiser le progrès avant qu’il ne survienne, de le précéder en esprit avant qu’il ne s’actualise dans nos vies. L’auteur s’empare d’une découverte scientifique encore en gestation dans les laboratoires et la promène comme une lanterne magique sur le tissu social. L’ombre portée permet au peuple des lecteurs de réfléchir collectivement à l’avenir." Catherine Dufour

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Points de vue :

Point de vue
Bilan d'un genre littéraire voué à l'éclatement, des space operas cybernétiques aux romans sous influence qui ne portent plus le label SF :

Une passionnante rencontre pour en savoir plus sur la science-fiction en rediffusion sur YouTube : Podcast avec Matthieu Lesueur et Thierry Bosch :
Arborescence des genres et des sous-genres (sur 1 niveau) des littératures de l'imaginaire :
IMAGINAIRE
├── Science-fiction
│ ├── Hard SF
│ ├── Space opera
│ ├── Cyberpunk
│ ├── Steampunk (hybride parfois)
│ ├── Anticipation
│ └── Dystopie / Utopie (solarpunk, hopepunk)
│
├── Fantasy
│ ├── High fantasy (épopée, monde secondaire)
│ ├── Low fantasy (éléments surnaturels dans le monde réel)
│ ├── Dark fantasy
│ ├── Urban fantasy
│ └── Fantasy steampunk
│
├── Fantastique
│ ├── Fantastique classique (irruption du surnaturel)
│ ├── Fantastique psychologique
│ ├── Horreur gothique
│ └── Fantastique contemporain
│
├── Merveilleux (contes et tradition populaire)
│
└── Hybrides & frontières
│ ├── Weird classique (Lovecraft, Blackwood…)
│ └── New Weird (Miéville, VanderMeer…)
│ ├── Science-fantasy
│ ├── Réalisme magique
│ ├── Mythpunk
│ ├── Fantaisie historique / uchronique
│ └──Post-apo fantastique / SF horrifique
Arborescence simplifiée des thèmes de la SF :
Le principe de cette arborescence est de tenter illusoirement d’organiser les œuvres proposées le long d’une hypothétique et composite histoire des avenirs de l’Humanité, en présupposant que l’on puisse ordonner temporellement une œuvre par rapport à une autre. Aux risques et périls de l’auteur...

Lien vers le fil des actualités du site (filtré sur "Les Imaginaires")
« Quand je songe à Orwell, Bradbury ou Asimov, je me dis que ces artistes ont voulu nous avertir de quelque chose. Ils n’ont pas prédit l’avenir, mais ils ont eu une compréhension très fine de leur temps et de la nature humaine. Verne avait compris non pas que le sous-marin était possible, mais que l’homme cherchait à investir tous les espaces : sur et sous terre, sur et dans l’eau, dans l’air, voir en dehors de la Terre ». Matthieu Lesueur