IA frugale, gouvernance, impact environnemental et sociétal.
Pour Cédric Villani, une superintelligence serait « un gouffre énergétique phénoménal ! ». Enfin, même en supposant que le problème énergétique soit résolu, resterait la question de la finalité. « Si quelqu'un arrive à faire une hyperintelligence, ce sera un projet pour dominer le monde », redoute celui qui est également président de la Fondation de l'écologie politique.
Non sans humour, il imagine une mission extraterrestre en reconnaissance de ce qui se passe sur la Terre, constatant que face à une situation critique de la planète, avec un climat déréglé et des guerres, les humains construisent... des centres de données. « Il y a quelque chose qui ressemble à une très grande diversion », ironise-t-il. Une manière, aussi, de détourner les regards des problématiques actuelles de l'IA - « son impact environnemental et sociétal, la discrimination technologique, le digital labor, de même que son effet sur la démocratie », renchérit Aurélie Jean, docteure en algorithmique et entrepreneuse.
L’IA frugale existera-t-elle un jour ?
L'intelligence artificielle (IA) repose sur une infrastructure complexe de serveurs et de collecte de données qui engendre des coûts d'exploitation élevés. Actuellement, les besoins en énergie, en refroidissement et en puissance de calcul pour faire fonctionner ces modèles rendent leur déploiement difficilement viable, à la fois commercialement et en termes de durabilité écologique dans le contexte de la crise climatique. Les entreprises sont ainsi encouragées à abandonner les unités de traitement graphique (GPU) classiques pour se tourner vers du matériel spécialisé, conçu pour les applications d'IA. Ces nouvelles puces sont optimisées pour réaliser des opérations matricielles, essentielles aux algorithmes d'apprentissage automatique.
Bien que l'IA puisse, dans certains cas, réduire sa propre consommation d'énergie en optimisant ses processus, l'empreinte carbone de cette technologie reste significative et suscite des préoccupations quant à son impact environnemental.
Imaginons un scénario fictif où un algorithme alimenté par l'IA optimise la collecte des déchets, augmentant ainsi son efficacité. Cette amélioration pourrait alors justifier la création de nouvelles installations de traitement des déchets, qui nécessiteraient elles-mêmes des matériaux pour leur construction, comme du béton écologique, impliquant un certain niveau de consommation énergétique. Cette chaîne d’innovations pourrait paradoxalement entraîner une hausse de la demande en matériaux et en énergie, exerçant une pression supplémentaire sur la biosphère et les ressources naturelles.
En revanche, l'utilisation de l'IA pour détecter les concentrations de gaz à effet de serre tels que le CO2 et le méthane, ainsi que les concentrations de polluants atmosphériques, via des réseaux de satellites, apporte des avantages considérables dans la lutte contre la pollution, ou pour tracer la migration des populations marines, l'élévation du niveau des mers, etc... idem, concernant le développement des villes.
D'autres initiatives, dont certaines très originales, mettent l'intelligence artificielle au service de la transition écologique :
« Aujourd’hui, on considère qu’OpenAI consomme autant que la grille d’un pays comme la Belgique. » Éric Moulines.
"L’IA générative ne pourra se développer sans une remise en question de son empreinte écologique. Ses modèles exigent, en effet, énormément de données et de puissance de calcul. Une nouvelle voie est ainsi déjà explorée, afin d’optimiser les ressources nécessaires : l’IA frugale." Laure Soulier
Gouvernance par l'IA : une solution envisageable pour plus de justice ?
Alors que l'on assiste avec sidération au développement du tourisme spatial pour les très riches, les citoyens lambdas, plus vertueux, devraient faire preuve de sobriété. Iniquités et contradictions, provoquent-ils un raz le bol généralisé ? Quoi qu'il en soit, le paysage politique s'en trouve largement renouvelé pour le meilleur et pour le pire. Mais la frustration continue et certains imaginent déjà voir les hommes et les femmes politiques remplacés par les machines, qui seraient désormais aptes à prendre des décisions justes. Mais est-ce vraiment possible ? Et, surtout, est-ce bien raisonnable ?
IA et services publics
Rapport d'information n° 464 (2016-2017) de M. Claude DE GANAY, député et Mme Dominique GILLOT , sénatrice, fait au nom de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, déposé le 15 mars 2017