Business as usual
Parcours des enjeux écologiques #3/8 : Pour que la Terre reste un monde vivable pour les générations futures.
Le piège du statu quo : les risques du 'Business as usual' face au réchauffement climatique
On désigne par “business as usual” les scénarios futurs qui prolongent les tendances actuelles. Dans le contexte du réchauffement climatique c’est aussi un des pires scénarios.
Au niveau global, les signaux sont nombreux en 2023 : incendies sans précédent au Canada et en Grèce, surchauffe de la Sibérie en juin dernier et température record dans les océans depuis janvier, entre autres. Mais les catastrophes ne semblent toujours pas assez grandes pour que les différents États du monde s'accordent et prennent des décisions majeures. La crise de la biodiversité, le manque d'eau potable, les pandémies engendrées par la fonte des glaces, et probablement plus encore, les migrations climatiques qui mèneront à des conflits, seront peut-être les déclencheurs d'une action commune en faveur de la planète.
Révélation alarmante : des chercheurs estiment que si le réchauffement climatique atteint 2°c d’ici 2100, les industries gazière et pétrolière seront responsables des décès d’environ 1 milliard de personnes issues des communautés les plus vulnérables. Cela équivaudrait à des homicides involontaires par les populations les plus riches, contrôlant ces industries. En effet, malgré les avertissements concernant leur impact sur l’environnement, les émissions de CO2 liées aux combustibles fossiles ne cessent d’augmenter pour des raisons économiques et géopolitiques. In :
Focus :
En 2070, un tiers de l'humanité pourrait être en mouvement si le changement climatique n'est pas freiné, selon des scientifiques
https://www.weforum.org/agenda/2021/11/climate-change-rising-temperatures-may-force-humans-move/
Une étude australienne évoque la fin de la civilisation en 2050 si rien n'est fait pour freiner le réchauffement de la Terre. Mais des climatologues soulignent qu'il s'agit du "scénario du pire" et qu'une autre issue reste possible.
Repenser la croissance : vers un modèle de développement plus durable et inclusif
L'idée d'une croissance illimitée est profondément intégrée à notre économie et à notre culture. Or, nous sommes désormais à un tournant où les effets sur l'environnement deviennent alarmants. Le réchauffement climatique, l'érosion de la biodiversité, la contamination de nos écosystèmes et les répercussions sur la santé des êtres vivants sont des signes indéniables qu'il est temps de repenser notre modèle de développement.
Depuis la révolution industrielle, le progrès économique et la croissance du PIB ont longtemps été considérés comme des indicateurs cruciaux de la réussite économique et du bien-être social. Les gouvernements, les entreprises et les consommateurs ont tous été incités à favoriser la croissance économique et la consommation pour améliorer leur qualité de vie.
Il est donc urgent de repenser notre façon de mesurer le progrès et la réussite économique, en prenant en compte des indicateurs plus larges et plus inclusifs, tels que le bien-être social, la santé environnementale et la soutenabilité à long terme.
Mais la croissance économique ne se traduit pas toujours par une amélioration du bien-être social, car elle peut conduire à des inégalités sociales et à une concentration des richesses entre les mains d'une minorité.
Les inégalités sociales s'aggravent et exacerbent la crise climatique.
Des villes durables pour mettre fin à l’extrême pauvreté et promouvoir une prospérité partagée
L'urbanisation a connu une croissance exponentielle, portant aujourd'hui le nombre total d'habitants dans les zones urbaines à environ 4,5 milliards. Les villes générant plus de 80 % du PIB mondial, l’urbanisation peut, si elle est maîtrisée, favoriser une croissance durable en intensifiant la productivité et l’innovation.
Le marché ne sauvera pas la planète
En 1972, le rapport Meadows a prévenu de l'insoutenabilité environnementale de notre modèle de croissance, alertant sur les coûts en pollution et en épuisement des ressources. En réponse, Johan Rockström et 28 spécialistes ont lancé une recherche sur les limites planétaires, identifiant neuf seuils critiques dont le franchissement pourrait entraîner des dommages irréversibles à la vie humaine.
À ce jour, six de ces limites ont été dépassées, notamment la pollution chimique et plastique. Ces substances, souvent dérivées du pétrole, menacent les écosystèmes, les sols et la biodiversité. Sortir de la dépendance au pétrole est crucial pour lutter contre ces problèmes, ce qui nécessite une intervention économique.
Les économistes doivent être formés à ces enjeux environnementaux et être capables d'intégrer les connaissances scientifiques dans leurs analyses. L'approche traditionnelle du marché ne peut résoudre ces défis, car elle ne tient pas compte des limites planétaires et favorise l'exploitation des ressources. Des mesures publiques fortes et coordonnées sont nécessaires pour contraindre les activités économiques et protéger l'environnement.
Cependant, cette transition vers une économie respectueuse des limites planétaires doit également garantir la justice sociale et faire face aux intérêts économiques puissants. Cela nécessite de repenser les relations entre sphère publique et intérêts privés, ainsi que d'impliquer les populations dans les décisions qui les affectent.
Limites planétaires : on dépasse les bornes !
Le concept des neuf limites planétaires a été développé par un groupe de scientifiques dirigé par Johan Rockström, un chercheur suédois en sciences environnementales. Cette notion a été présentée dans un article publié en 2009 dans la revue "Nature" sous le titre "A Safe Operating Space for Humanity" (Un espace de sécurité pour l'humanité). L'article a établi neuf limites planétaires, qui sont des seuils critiques pour divers processus environnementaux, et a averti que le dépassement de ces limites pourrait mettre en danger la stabilité de la planète et le bien-être de l'humanité.
Ces neuf limites planétaires incluent, entre autres, des éléments tels que le changement climatique, la biodiversité, le cycle de l'azote, le cycle du phosphore, l'acidification des océans, l'utilisation de l'eau douce, l'utilisation de la terre, l'ozone troposphérique et la pollution chimique. L'idée est de maintenir ces processus dans des plages d'opération sûres pour éviter des conséquences graves pour l'environnement et les sociétés humaines.
Même dans les endroits les plus reculés de la planète, l'eau de pluie serait polluée par des produits chimiques jugés nocifs pour notre santé, si bien qu'elle serait dorénavant considérée comme "imbuvable".
"La persistance extrême et le cycle mondial continu de certains PFAS conduiront au dépassement continu des directives [de qualité de l'eau]" conçues pour protéger la santé humaine, explique ainsi le professeur Martin Scheringer, co-auteur de l'étude et professeur au Département des sciences des systèmes environnementaux de l’ETH Zurich. Alors que faire ? "Il faut définir à l'échelle mondiale une limite de concentration des PFAS. Mais, comme nous le concluons dans l'étude, cette limite a déjà été dépassée." *
*In : https://www.geo.fr/environnement/pourquoi-ne-faut-il-plus-boire-leau-de-pluie-211227
« Le réchauffement climatique est une question de vie ou de mort pour un milliard de personnes. La transition énergétique devra donc beaucoup changer, beaucoup plus vite, à partir de maintenant », estime Joshua Pearce, chercheur à l’Université Western Ontario.