5 scénarios réalistes pour un avenir résilient #5/5 : Ecotopia, de Ernest Callenbach
Le roman du journaliste et écrivain américain Ernest Callenbach, publié en 1975, est un monument de l'utopie moderne, qu'il aurait été dommage de ne pas intégrer dans ce dossier, tant il est structurant dans ce que la fiction spéculative peut proposer de plus visionnaire, de plus complet et cohérent en matière d'invention d'une nouvelle société.
A la différence des autres récits analysés dans ce dossier, où l'innovation sociale et les scénarios d'une vie harmonieuse se trouvent abordés de façon oblique, Ecotopia - comme Eutopia, de Camille Leboulanger, mais en allant beaucoup plus loin sur tous les aspects humains et socio-économiques - est entièrement centré sur la description de ce pays, formé par trois territoires de l'Ouest américain (le Nord de la Californie, de l'Oregon et de Washington), ayant fait sécession avec les Etats-Unis dans les années 80, période de divergence de l'Histoire. Une sorte d'uchronie donc, pour nous lecteurs contemporains, puisque le narrateur est un journaliste officiellement autorisé pour la première fois, en 1999, à visiter l'Ecotopie, toujours en tension contre son puissant voisin américain. Callenbach emprunte le dispositif classique des Lettres persanes, celui du regard de l'étranger décrivant les caractéristiques d'un pays entièrement exotique. Sauf qu'ici le procédé est inversé : A travers le regard d'Uzbek et Rica, Montesquieu livrait une critique acérée sur ses propres contemporains ; dans Ecotopia, c'est nous tous qui sommes les "Persans", comme le narrateur, William Weston, en train de découvrir les us et coutumes d'une nation qui réussit sa rupture avec la civilisation consumériste occidentale.
Et en la matière, les intuitions de Callenbach s'avèrent d'une lucidité éblouissante : 50 ans avant notre prise de conscience de l'urgence à modifier nos modèles de consommation, presque toutes les préconisations actuelles liées à la décroissance sont déjà à l’œuvre en Ecotopie : le recyclage, la protection de la nature, la réduction des déchets plastiques, la fin de l'automobile, remplacée par des minibus électriques ; l'auto-production vivrière ; la valorisation des énergies solaire, géothermique et marémotrice supprimant la dépendance envers le pétrole. C'est pourquoi nous ne reviendrons pas sur ces thématiques, qui relèvent aujourd'hui du bon sens face à l'état de la planète (voir la partie Des concepts menacés).
En 1975, Callenbach baigne dans une Amérique en effervescence après le premier choc pétrolier, parmi une minorité d'intellectuels de la contre-culture qui s'insurgent contre l'aliénation à un mode de vie consumériste, dans une économie capitaliste sans alternative. L'auteur a probablement lu L'homme-dé, de Luke Rhinehart, paru en 1971, qui remet drastiquement en cause les structures sociales conventionnelles et propose une forme de libération de l'individu, en soumettant toutes ses actions et décisions au hasard d'un coup de dés. Callenbach semble également s'être inspiré de l'éducation proposée par Maria Montessori au début du siècle.
Pour autant, Ecotopia n'est pas un patchwork tramé de toutes ces inspirations, d'influences new age, de libération sexuelle et d'idées progressistes des années 70. Il va plus loin et étonne sur un certain nombre de propositions originales, de points de vue et modes de vie atypiques, voire contestables pour certains de nos contemporains ; j'en sélectionne cinq, qui offrent des perspectives réalistes et séduisantes, pour une vie sociale favorisant une belle forme d'épanouissement des individus.
1) Éduquer les jeunes à devenir des Homo faber
Un des aspects les plus intéressants de cette nation est l’orientation de son système éducatif. Le primat de l’écologie est inscrit dans l’éducation avec une priorité donnée à la biologie et aux sciences de la Terre. L’autre grande orientation de l’enseignement supérieur est celle des sciences humaines et de l’ethnologie ; le tout dans cette perspective holistique qui donne sa cohérence au projet de la nation écotopienne : apprendre à faire société dans le respect maximal de la nature.
Dans sa description de l’éducation, on retrouve la pertinence des principes pédagogiques prônés par Montaigne, Freinet et Montessori (dont nous sommes encore très loin lorsqu’on pense à nos enfants plus ou moins attentifs, figés sur leurs sièges, dans un modèle de transmission de savoir unilatéral qui a peu évolué depuis des décennies) : une éducation active expérientielle centrée sur l’enfant et dans le respect de son rythme ; un développement de l’autonomie, de la confiance et de l’esprit critique ; une valorisation de la coopération, du dialogue et du respect mutuel. L'éducation écotopienne met l’accent sur le principe d’apprendre-à-faire : démontage, bricolage, arts appliqués, techniques, expériences au grand air, apprentissage en mini-groupes… Tout est fait pour favoriser l’éveil à la manipulation, le contact avec les matériaux, la réflexion sur le fonctionnement de la nature et des choses, sans genrer a priori les intérêts des enfants :
« La parcelle boisée est un centre d’activités majeur, surtout pour les garçons, qui ont tendance à se rassembler en petites tribus de six à huit membres. Ils construisent des cabanes dans les arbres, aménagent des cachettes sous terre, fabriquent des arcs et des flèches, essaient d’attraper les rongeurs qui pullulent sur la colline et se comportent de manière générale comme de joyeux sauvages – mais je remarque que leurs conversations sont truffées de termes appartenant au lexique de la biologie et qu’ils ont une connaissance étonnante des sciences. (Un marmot de six ans examinant un insecte assez répugnant : « Ah oui, c’est le stade larvaire ! »). Certains projets, par exemple un grand jardin potager ou l’aménagement d’une cabane en atelier de tissage, semblent accaparés par les fillettes, mais certaines d’entre elles font aussi partie de bandes surtout composées de garçons. La plupart des activités liées aux études ou au travail réunissent néanmoins garçons et filles. Quand je parle de « travail », je veux dire que les enfants des écoles écotopiennes passent au moins deux heures par jour à travailler. Ainsi, leurs jardins potagers fournissent la nourriture pour tous les déjeuners. Je crois comprendre que la plupart des écoles incluent aussi de petites usines. Dans l’atelier de travaux manuels de la Crick School, j’ai découvert une vingtaine de garçons et de filles qui s’activaient à fabriquer deux types d’objets en bois : des nichoirs à oiseaux et des bacs à semis. »
Callenbach n’avait pas imaginé en 1975 que notre société formerait aujourd’hui dès l’enfance un Homo numericus menacé par une addiction facile aux images, aux écrans et par une baisse de la capacité d’attention et de concentration. Il opte pour la poiesis aristotélicienne, le faire pratique, la redécouverte des bénéfices personnels et collectifs de l’Homo faber ; et sa description n'a rien d'idéaliste ni de naïf. Car depuis 20 ans, certaines évolutions des choix professionnels lui donnent raison : la revalorisation des métiers manuels et des aptitudes techniques ; la perte de sens de nombreuses activités sans intérêt pour l’individu, abstraites ou dans le «digital» ; un phénomène de société qui génère mal-être et débouche sur les reconversions d’innombrables cadres ou salariés de bullshit jobs vers des métiers agro-alimentaires ou d’artisanat (D. Graeber, 2013, J.L. Cassely, 2017).
2) Renoncer aux modes, à la pléthore de l’offre, opter pour le D.I.Y. et l’artisanat
Cet Homo faber qui constitue l’individu commun en Ecotopia a naturellement moins besoin de s’entourer d’objets, d’équipements, de les exhiber et d’en changer perpétuellement, comme cela se fait dans nos sociétés. Quand on sait faire plutôt qu’acheter, la pénurie n’est pas un drame. C'est ainsi que, à un journaliste du magazine Rolling Stone qui interrogeait la chanteuse Bjork sur les instruments et le matériel musical qu’elle utilisait, l’artiste a répondu : « En Islande on n’a pas accès à tout le matériel dont on a besoin donc on doit souvent improviser et créer nos propres instruments ».
Les communautés habituées à l’absence de biens et de produits développent des trésors d’intelligence pour improviser et se débrouiller. Il suffit pour s’en convaincre d’admirer les bricolages et recyclages photographiés par Vladimir Arkhipov dans « Artefacts » : des pépites d’art brut appliqué !
Nous savons que l'avènement de la post-scarcité, soit l'abondance de biens et de services fournie par des énergies, nano-technologies et machines capables de tout faire à la place des hommes (concept illustré dans le roman de SF L'âge de diamant de Neal Stephenson, 1995), n'est pas pour demain. Mieux vaut donc assumer un mode de vie décroissant et nous orienter vers toutes ces compétences techniques et pratiques, dans un monde prochain où le confort, les équipements sophistiqués à portée de main et d’écran seront réduits. Il s’agit d’apprendre à recycler, bricoler et créer soi-même ce que l’on veut consommer : Un défi pour l’intelligence et un remède à notre paresse dans une société du renouvellement facile et incessant de tous les équipements. Vivre avec moins ne fait pas plus de mal.
3) Retrouver le sens du contact physique
Dans le monde de Callenbach, les dérives de l'individualisme, du repli sur soi, de la peur du contact avec les autres n'existent pas ; alors qu'elles constituent un des fléaux de notre civilisation, générant incertitude, solitude, instabilité, rupture des liens de solidarité qui constituaient le ciment des sociétés traditionnelles : ce que le philosophe Zygmunt Bauman appelait "la modernité liquide" (1998). La pandémie du Covid 19 n'a fait qu'accentuer et globaliser les postures de méfiance et de distanciation, chacun se demandant désormais s'il peut tenter la bise, la poignée de main ou l'accolade. On est ainsi frappé dans le roman par la qualité de cette proximité physique, chaleureuse, qui se déploie dans les relations écotopiennes, sous les yeux du narrateur (lui-même épris d'une écotopienne à la sensualité et au désir très directs) :
« Le goût du contact physique est ici une caractéristique frappante de la sociabilité. Pour beaucoup d’Américains, ce genre de contact est très mal vu de la part d’un inconnu, sauf circonstances spéciales ; et même entre amis on l’évite en général, car on pense que cette proximité est réservée aux amoureux et aux enfants. À l’inverse, les Écotopiens paraissent avoir renoncé à ces conventions sociales pour privilégier en toute occasion ce type de communication non verbale. Les adultes tapotent d’un air approbateur la tête ou l’épaule des enfants qu’ils croisent dans la rue. Les gens se serrent machinalement la main dès qu’ils se rencontrent, même s’ils se sont déjà vus quelques heures plus tôt, puis ils se tiennent volontiers par le bras. Quand ils s’assoient pour parler, ils se pelotonnent l’un contre l’autre ou bien enlacent leurs bras et leurs jambes avec une intimité déconcertante. Dans la rue, j’ai même vu un homme marcher vers une femme séduisante, lui dire quelques mots en souriant, la serrer contre lui ou caresser son épaule avant de repartir ; quant à la femme, elle aussi a poursuivi son chemin, non sans se retourner afin de lancer un regard affectueux à l’inconnu.»
Rien d'impossible à retrouver cette proximité physique et ces signes qui manifestent notre affectivité, font du bien et contribuent à créer un bon lieu pour vivre ensemble.
4) Intensifier la vie et les sens
Le "héros" de Callenbach, William Weston, est un pur produit de la civilisation occidentale moderne, cynique, sûr de la suprématie du modèle américain, mais aussi traversé par toutes sortes de névroses, complexes et complications intérieures. Le voici au contact d'une communauté d'individus, pour ainsi dire en termes freudiens, "sans surmoi", directs et spontanés dans leurs affects, instinctifs, sans filtre, à la fois proches les uns des autres, empathiques, et en même temps capables de le choquer dans leurs comportements et coutumes, qui rappellent par moments les pratiques de sociétés primitives. Le traducteur du roman, Brice Matthieussent, l'indique ainsi dans sa préface : « Au début du roman, Weston se moque, ironise : « Ils sont peut-être retournés pour de bon à l’âge de pierre ? » écrit-il en voyant à San Francisco des chasseurs équipés d’arcs et de flèches descendre d’un minibus en portant le cerf mort qu’ils viennent de tuer. Quand l’un des chasseurs lui passe un doigt sanglant sur la joue, il bondit en arrière, dégoûté : l’espace d’un instant, on l’a forcé à entrer dans la danse, à participer malgré lui à un mode de vie qu’il réprouve. »
Le fait est qu'ils apparaissent, aux yeux de notre protagoniste, dotés d'une vitalité plus intense... et pourquoi pas ? Leur société ne rejette pas du tout la combativité ni l'esprit de compétition, dans le travail comme dans l'affrontement physique. Rivalité, dépassement de soi, créativité et initiative individuelle... L'auteur articule intelligemment ces valeurs libérales avec les formes de solidarité et de coopération en vigueur à Ecotopia, ce qui lui permet aussi, probablement, de ne pas se voir suspecté de diffuser un brûlot communiste aux États-Unis. Mais un des aspects les plus saisissants, et les plus contestables à nos yeux contemporains opposés aux effusions de sang et de testostérone, est le principe de la chasse, cité plus haut, et des jeux de guerre. L'auteur explique assez bien les vertus de ces affrontements sans haine - mais non dénués de risques, entre exercices de défense armés et combats tribaux : « Ils espéraient que les Écotopiens n’auraient jamais à participer à une vraie guerre, car ils savaient que le pays serait alors entièrement détruit. Par ailleurs, il semblait indéniable que l’homme n’était pas fait pour une vie paisible et routinière. Les jeunes en particulier avaient besoin d’affronter « l’autre », de se lancer à l’assaut et de fuir, de tester leur esprit de camaraderie, d’utiliser leur force et leur vitesse, de sentir l’adrénaline se ruer dans leurs veines, d’être courageux et de connaître la peur.
" En Amérique, ajouta mon compagnon avec un sourire entendu, vous laissez libre cours à ces mêmes pulsions avec vos guerres et vos automobiles. Elles vous permettent d’être agressifs et de manifester votre goût de la compétition en risquant légalement un accident mortel." (...)
Il m’a ensuite expliqué que les jeux de guerre rituels faisaient très peu de victimes – une cinquantaine de jeunes hommes meurent chaque année dans ces affrontements, un chiffre qu’il a tenu à comparer au nombre annuel des décès sur nos routes, environ soixante-quinze mille morts, et aux Américains tués à la guerre, plus de cinq mille par an. Les femmes, semble-t-il, ne participent jamais aux jeux de guerre ; mais avant que nos militantes féministes ne s’en indignent, elles doivent savoir que ces jeux furent conçus comme un élément du programme général de coopération établi par le Parti de la survie, et que les Écotopiens préfèrent que la compétitivité des femmes s’affirme dans d’autres domaines : la lutte pour le pouvoir politique, l’organisation du travail – une tâche à laquelle les femmes excellent, paraît-il –, la rivalité avec les hommes pour l’éducation des enfants. »
5) La réduction du temps de travail et le revenu universel
L'auteur a-t-il eu connaissance des propositions du philosophe français André Gorz, dans les années 70-80, entre écologie et sociologie du travail ? Car tous deux se retrouvent sur les thèmes de la nécessité d'une transition écologique, de la réduction du temps de travail (20 heures hebdomadaires en Écotopie) et du revenu minimum garanti. Gorz confirmera cette approche en citant des propositions syndicales un peu plus tard, en 1991, dans Capitalisme, socialisme et écologie : « Le syndicat des métallurgistes italiens Fiom-CGIL conclut, dans un rapport tout récent, que « nous sommes engagés dans un processus de changement social par suite duquel le travail n’occupe plus qu’une place modeste dans la vie des personnes. Mieux : le travail perd sa centralité, pour autant qu’il s’agisse de travail rémunéré. Il n’est valorisé que dans la mesure où il présente le caractère d’une activité autonome créative. Sinon il est considéré comme un simple moyen de gagner sa vie. (...) La politique syndicale doit consister à créer les conditions sociales qui permettent à chaque individu de se réaliser et de s’épanouir dans des activités de son choix, rémunérées ou non, de choisir son mode de vie et ses horaires de travail, dans le cadre, bien sûr, d’une concertation et d’accords négociés. »
C'est 8 ans après ces propos de Gorz que la loi Aubry a instauré la semaine de 35h en France. Nous sommes encore aujourd'hui très loin d'une véritable réduction du temps de travail, permettant aux individus de s'adonner à diverses activités pour leur plaisir personnel ou pour la communauté ; et le nouveau concept en vogue, "équilibre vie privée/vie professionnelle" laisse croire trompeusement à une forme d'égalité entre ces deux temps de la vie quotidienne. Et pourtant, dans trois des cinq romans de science-fiction que nous avons retenus (Eutopia, Lisière du Pacifique et Ecotopia - dans l'extrait ci-dessous), la décélération, le travail limité, sans la pression séculaire du "travailler pour vivre", la priorité donnée à l'épanouissement personnel et aux activités ressourçantes sont au coeur du bien-être collectif : ce que l'économie commence seulement à intégrer aujourd'hui sous le nom de Bonheur National Brut.
« Grâce aux magasins d’État et au système du revenu minimum garanti, les citoyens de ce pays ne considèrent pas les périodes de chômage comme des catastrophes ou des menaces à long terme ; bien au contraire, ils les mettent à profit et vont parfois jusqu’à les rallonger volontairement pour se livrer à quelque activité créatrice, pédagogique ou récréative. Ainsi, en Écotopia, des amis qui se retrouvent au chômage, le plus souvent à cause d’une faillite, s’associent volontiers pour reprendre des études qui les mèneront à créer ensemble leur propre entreprise. »
Timothée Parrique, dans son essai Ralentir ou périr, L'économie de la décroissance (2022), montre que ce projet d'un revenu universel garanti serait tout à fait possible, à condition de modifier profondément le code de notre "logiciel" économique : « Ne vaudrait-il pas mieux s’assurer que toute activité soit rémunérée décemment, et que ceux qui sont inactifs perçoivent un revenu minimum garanti pour que personne ne tombe dans la pauvreté ?
Répétons-le : la pauvreté en France n’est pas une question de production (la richesse est déjà là et surabondante), mais simplement d’allocation, c’est-à-dire de partage. Tenter d’éradiquer la pauvreté en stimulant la croissance du PIB revient à espérer changer la direction d’une voiture en rajoutant de l’essence dans un réservoir déjà plein. »
En conclusion, nous ne chercherons pas à encenser les intuitions narratives de ces récits de science-fiction positive ni à revendiquer une quelconque influence de la fiction sur l'essai scientifique. Force est de constater que, pour la plupart, les idées de ces écrivains et essayistes se rejoignent, sans qu'ils aient eu connaissance les uns des autres. C'est donc qu'il y a une très forte proportion de bon sens dans ces préconisations partagées : s'il est possible de créer demain un bon lieu pour vivre en société, ces romans nous indiquent avec lucidité comment il pourrait prendre forme.