Soleil vert

Soleil vert
Affiche : © Metro Goldwyn Mayer

"Make Room! Make Room!" est un roman de science-fiction écrit par l'auteur américain Harry Harrison, publié pour la première fois en 1966. Le roman se déroule dans un futur dystopique de l'année 1999 (à l'époque de sa rédaction, 1999 était dans un futur lointain), où la surpopulation, la pollution et la famine sont devenues des problèmes majeurs pour l'humanité. On y suit une enquête policière qui s’intéresse au meurtre d’un riche homme d’affaires. Toutefois, à la différence du film, celui-ci ne dissimule pas un complot à l’échelle planétaire.

"Soleil vert" (Soylent Green en anglais) est un film de science-fiction américain réalisé par Richard Fleischer, sorti en 1973. Le film est une adaptation cinématographique du roman de Harry Harrison, "Make Room! Make Room!".

L'histoire de "Soleil vert" se déroule également dans un futur dystopique, mais elle se situe en 2022, à New York. La surpopulation et la famine sont devenues encore plus graves, et la société est au bord de l'effondrement. Les ressources naturelles sont épuisées, et la population dépend d'une nourriture synthétique appelé "Soleil vert" pour survivre.

Le personnage principal du film, Thorn, incarné par Charlton Heston, est un détective qui enquête sur le meurtre de Simonson, un dirigeant de la multinationale Soylent. Au fur et à mesure qu'il recueille preuves et témoignages, au péril de sa vie, Thorn découvre un lourd secret derrière la production de "Soleil vert". Sans révéler de spoiler majeur, cette découverte soulève des questions éthiques profondes sur la façon dont les multinationales ont exploité et manipulé la société pour servir leurs intérêts égoïstes, sans se soucier des conséquences pour l'humanité tout entière.

Ce film est devenu emblématique en raison de son traitement puissant de thèmes environnementaux et sociaux, et il a marqué le public par sa vision désespérante d'un avenir surpeuplé. Dans ce cas précis, il est allé jusqu’à faire oublier le titre original du livre. On vous encourage à le voir, ou à le revoir.

L'inégal accès aux ressources

"Soleil vert" présente un futur où la société est plongée dans le chaos d'un quotidien qui ne cesse de se dégrader un peu plus chaque jour : conditions climatiques épouvantables, difficultés de logement et promiscuité omniprésente en raison de la surpopulation, pénuries d’eau et de nourriture à répétition, et les émeutes que ces situations entraînent inévitablement. A l'extérieur de New York, on devine que les campagnes et les océans sont irrémédiablement pollués.

Les multinationales contrôlent de manière monopolistique les ressources restantes et les moyens de subsistance de la population. Elles sont devenues extrêmement puissantes, profitant de la pénurie pour exercer une emprise totale sur les masses. Ces entreprises gèrent notamment la production et la distribution de barres colorées, une des rares sources de nourriture encore disponible pour la majorité des gens. Le gouvernement, étroitement lié aux intérêts des multinationales, collabore étroitement avec elles pour assurer la pérennité de leur système de contrôle.

La séparation entre le peuple et les élites

Ce pouvoir politique est détenu par une élite qui a accès à des informations et des connaissances privilégiées, leur permettant de contrôler le reste de la population. Ces experts imposent leur vision de la réalité au reste de la société, utilisant leur savoir comme moyen de domination. Cette petite poignée de privilégiés s'abrite derrière d’épaisses murailles et continue de ne se priver de rien.

La situation est décrite est comme une fantasmagorie totalitaire, similaire au roman "1984" de George Orwell, qu’on peut considérer aussi comme un garde-fou. Il y a une mise en garde dans ce film sur la question de la valeur du savoir et de l'information. Le film nous montre que la possession d'un savoir particulier peut conférer un pouvoir énorme à ceux qui le détiennent et que la connaissance en soi ne garantit pas nécessairement l'établissement de valeurs justes ou éthiques.

Une histoire très humaine

Mais "Soleil vert" se distingue par son récit profondément humain qui aborde des thèmes universels. Le film met en avant les luttes et les émotions des personnages au sein d'un environnement hostile et déshumanisé. Parmi les éléments marquants qui renforcent la dimension humaine de l'intrigue, on peut citer :

- Les personnages sont habilement dépeints, avec une complexité qui révèle leurs forces et leurs faiblesses. Le protagoniste, Thorn, est un détective « de premier ordre » du New York City Police Department qui fait face à des dilemmes moraux tout au long de l'intrigue. Les personnages secondaires, comme Sol Roth incarné par Edward G. Robinson, apportent également une profondeur émotionnelle à l'histoire.

- Le film explore les liens émotionnels tissés entre les personnages qui les poussent à se soutenir dans un monde implacable. Sol Roth se présente comme le mentor et ami de Thorn. Ancien policier devenu archiviste, véritable mémoire du temps passé, il conserve une connaissance précieuse du monde antérieur à la dystopie. Il joue un rôle essentiel dans l'intrigue, car il fournit à Thorn des informations cruciales concernant l'enquête sur l'assassinat et l'aide dans sa quête de vérité. Malgré sa maladie due à l'âge et la désillusion face à la société en déclin, il reste un guide et un soutien moral pour Thorn tout au long du film. Comment pourrait-on oublier Edward G. Robinson, bouleversant dans ce rôle, un vieil homme épuisé réclamant l'euthanasie ?

- La lutte pour la survie demeure un thème central, omniprésent dans le film. Les personnages sont plongés dans un quotidien fait de famine, de pauvreté et de misère, les poussant à faire tout leur possible pour subsister. Dans les habitats de luxe réservé à une élite, les jeunes femmes sont assimilées à du mobilier à disposition des locataires. Omniprésente et terriblement répressive, la police assure l'ordre. D'énormes camions équipés de lames soulèvent des humains afin de désobstruer les rues saturées par la foule en émeute. Cette bataille pour la survie suscite des questions profondes sur la dignité humaine, la dégradation morale de la société, et la capacité de résilience face à l'adversité.

- L'intrigue se concentre également sur la quête de vérité et de justice. Cette quête émerge comme un moteur central de l'histoire, soulignant l'importance de la transparence et de la responsabilité. Pour trouver cette vérité, Thorn est confronté à des choix difficiles, refusant de classer l'affaire malgré les pressions de sa hiérarchie. Lorsqu'il apprend la véritable nature de la nourriture synthétique "Soleil vert" et comment elle est produite, il est confronté à un dilemme moral extrême. Révéler ce secret pourrait détruire définitivement l'équilibre fragile de la société et provoquer des bouleversements encore plus importants. D'un autre côté, garder le secret signifierait laisser les multinationales continuer à exploiter et à tromper la population.

Dans l'ensemble, "Soleil vert" est bien plus qu'un simple film de science-fiction. Il transcende son cadre futuriste pour explorer les aspects les plus profonds de l'expérience humaine, notamment la survie, la vérité, la justice et la lutte pour conserver notre humanité dans un monde déshumanisé. Ces thèmes font du film une histoire poignante et émotionnelle qui résonne avec le public bien au-delà de son contexte fictif.


Photo : © Metro Goldwyn Mayer

Est-ce que la science-fiction peut prédire notre avenir ?

On est en droit de se poser la question pour ce qui est de Soleil Vert. Même si à l’époque, beaucoup de critiques ont dit : "Ce film est complètement improbable", d'après l'écologue Frédéric Ducarme, chercheur en philosophie de l'écologie.

“Soleil Vert”, il y a 50 ans la science-fiction avait prédit 2022
Il y a 50 ans, le film de science-fiction “Soleil Vert” décrivait une année 2022 caniculaire, sur fond de crise des ressources et avec comme figurants des personnages portant des masques. Comment ce film a-t-il pu à ce point tomber juste ?

Podcast : De la surpopulation au changement climatique

Dans ce New York fictif de 2022, au 44 millions d’habitants, rares sont ceux qui se souviennent du monde d’avant. La population, nourrie avec des barres colorées, ne se rappelle presque plus de la vraie nourriture. Et le film aborde de façon émouvante et poétique un problème souvent ignoré de la crise écologique : l'amnésie environnementale.

Chaque génération naît dans un monde qui est déjà appauvri et ne se rend pas forcément compte de ce à quoi ça ressemblait avant. Des exemples d’amnésies environnementales vous pouvez en trouver très simplement si vous allez sur la Côte d’Azur. Quand on regarde les textes un peu plus anciens, au XVIe siècle, le port de Marseille était tellement saturé de dauphins que c’était une problématique pour les bateaux. Et sous l’Empire romain toutes les plages de la Méditerranée française étaient envahies de phoques." Frédéric Ducarme

Ce film reste malheureusement une exception. La déliquescence de la nature provoquée par la crise écologique ne sait pas être traduite au cinéma.


Photo : © Metro Goldwyn Mayer

La science-fiction permettrait-elle une prise de conscience publique ?

Ce film soulève la question de l’anticipation d’un monde détruit par l’homme ou réchauffement climatique et surpopulation en sont les causes. Une réalité peut-être pas si loin de la nôtre ?

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“Soleil vert”, film sorti en 1973, se déroule en 2022. Il soulève la question de l’anticipation d’un monde détruit par l’homme ou réchauffement climatique et surpopulation en sont les causes. Une réalité peut-être pas si loin de la nôtre ? La SF permettrait-elle une prise de conscience publique ?

Podcast : Une passionnante émission pour en savoir plus sur "Soleil vert" 


Une prise de conscience récente entendue par le public.

« Polluants éternels » : Dark Waters (film, 2019), le film qui alertait déjà sur les dangers des PFOA.

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